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NOTRE-DAME, DE LOURDES - World eBook Library

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<strong>NOTRE</strong>-<strong>DAME</strong> <strong>DE</strong> LOUR<strong>DE</strong>S. 77<br />

craignait les envahissements du surnaturel. Il (itait très-religieux ; mais,<br />

dans le domaine pratique, il redoutait les empiétements du Clergé. " Rien<br />

de trop" était sa devise. C'était fort bien, mais ceux qui répètent toujours<br />

" rien de trop" finissent généralement par faire la mesure trop étroite et<br />

par ne pas accorder assez.<br />

L'intelligence de M. Massy était d ailleurs remarquable. Il administrait<br />

avec talent le département qui lui était confié. Il avait une grande rapidité<br />

de coup d'œil eu jugeait promptement une situation. Malheureusement on a<br />

souvent en ce monde les défauts de ses qualités, et cette précieuse faculté<br />

d'intuition spontanée et de décision l'induisait parfois en erreur. Se confiant<br />

peut-être un peu trop à la justesse de son premier aperçu, il lui advenait<br />

d'agir pvématurémert. Il avait alors le grave défaut de ne pas savoir recon-<br />

naître qu'il s'était trompé, et, malgré la précipitation de quelques-unes de<br />

ces décisions, on ne le vit jamais revenir de son parti pris, soit sur un<br />

homme, soit sur une idée, soit sur un fait.<br />

Jusqu'à cette épo(i[ue le Préfet et l'Evoque avaient vécu en parfaite<br />

entente. M. Massy était catholique non-seulement dans ses croyances,<br />

mais encore dans ses pratiques. Tout le monde rendait justice à la régu-<br />

larité de ses moeurs, à ses vertus domestiques, et l'Eveque l'appréciait.<br />

Le Préfet de son côté ne pouvait s'empêcher d'admirer et d'aimer les<br />

émincntes qualités de Mgr Laurence. La prudence de ce dernier, unie<br />

à sa connaissance des hommes, avait toujours évité les occasions de conflit<br />

entre l'autorité spirituelle et l'autorité temporelle, de sorte que non-seule-<br />

ment la paix mais la plus cordiale harmonie régnaient entre le chef du<br />

Diocèse et le chef du Département.<br />

M. Massy, tenu au courant des événements de Lourdes par les raports<br />

de M. Jacomet, en qui il avait une foi véritablement aveugle, n'imita pas la<br />

sage réserve de l'Evêiiue. Il se laissa aller à la première impression ; et, rie<br />

croyant on rien à la possibilité de telles Apparitions et de tels Miracles,<br />

s'imaginant en lui-même qu'il pourrait arrêter dès qu'il lui plairait ce débor-<br />

dement populaire, il se prononça nettement, et résolut d'étouffer dans son<br />

berceau cette superstition nouvelle qui, à peine née, semblait menacer de<br />

grandir si rapidement. ,<br />

—Si j'avais été préfet de l'Isère, lors des prétendues Apparitions de la<br />

Salette, disait-il souvent, jen aurais bien vite eu raison, et il en eiit été de<br />

cette légende, comme il en sera bientôt do celle de Lourdes. Toute cette<br />

fantasmagorie va rentrer dans le néant.<br />

Au lieu d'attendre que l'autorité religieuse, qui seule était compétente,<br />

jugeât opportun de pendre en main l'examen de cette affaire extraordi-<br />

naire, M. le Préfet décida donc par avance la question dans le sens de ses<br />

préventions anti-surnaturelles. L'Evêque en sa patience, prenait du temps<br />

pour dénouer le nœud gordien. M. Massy, dans son impétuosité, trouvait<br />

préférable de le trancher brusquement.

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