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Guide pratique du Statut Unique

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2) Le licenciement en raison d’une absence prolongée pour maladie<br />

Des absences pour raison de maladie doivent en principe être acceptées par l’employeur à titre de «risque normal d’entreprise»;<br />

cependant, en cas d’absence très longue ou chronique, un licenciement peut être envisagé.<br />

1) Le motif <strong>du</strong> licenciement est la perturbation de l’entreprise. Des absences pour cause de maladie peuvent dès lors constituer<br />

un motif de licenciement. Le point de départ à ne pas perdre de vue est cependant que la maladie justifie en principe l’absence;<br />

de la sorte le véritable motif <strong>du</strong> licenciement n’est pas la maladie en elle-même, mais la perturbation de l’organisation <strong>du</strong> travail<br />

qui en résulte ( 159 ).<br />

Selon une certaine jurisprudence, la perturbation qui résulte d’une absence prolongée est présumée et l’employeur n’est pas<br />

tenu de la détailler dans sa lettre de motivation ( 160 ); nous conseillons néanmoins à l’employeur de décrire de manière très précise<br />

dans la lettre de motivation quels problèmes organisationnels ont été causés.<br />

De manière très schématique on peut affirmer qu’un licenciement est justifié lorsque l’absence <strong>du</strong> salarié sur une période de 6 à<br />

12 mois dépasse la moitié <strong>du</strong> temps de travail, c’est-à-dire lorsque la salarié est davantage absent que présent ( 161 ).<br />

Rappelons encore que la protection contre le licenciement cesse au bout de 26 semaines de maladie mais que cette absence de<br />

26 semaines ne justifie pas automatiquement le licenciement (voir page 44) ( 162 ).<br />

On ne saurait cependant se baser sur le seul taux d’absence. Le critère décisif reste toujours la perturbation <strong>du</strong> déroulement<br />

<strong>du</strong> travail dans l’entreprise. Il incombe en principe à l’employeur de prouver qu’il y a eu une telle perturbation en prouvant par<br />

exemple que des problèmes lui ont été causés suite à l’absence ou quels frais (par exemple pour des remplaçants intérimaires) il<br />

a dû débourser ( 163 ); en cas d’absences très fréquentes une telle perturbation peut, selon certaines jurisprudences, être présumée<br />

par le Tribunal ( 164 ). Une perturbation est à présumer lorsque l’absence est tellement grande que l’employeur ne pouvait plus<br />

compter sur une collaboration <strong>du</strong>rable et effective avec son salarié.<br />

Par exemple, il a été considéré que pour une absence de cinq mois <strong>du</strong>rant les derniers huit mois une perturbation est à<br />

présumer sans que l’employeur ne doive le prouver spécialement; cette décision de justice se fonde en particulier sur le<br />

droit de l’employeur d’évaluer l’efficacité et la rentabilité de ses salariés et d’en dé<strong>du</strong>ire les mesures organisationnelles<br />

qui s’imposent ( 166 ). De même il a été considéré qu’une absence de 736 heures sur un total de 865 heures de travail fait<br />

présumer une perturbation.<br />

La conséquence d’une telle présomption est que l’employeur n’a pas à prouver la perturbation ( 168 ).<br />

2) Critères de la jurisprudence. Par la suite seront énumérés les critères auxquels la jurisprudence recourt fréquemment.<br />

a) Evaluation de l’avenir. Les juges tiennent compte de l’évolution future de la maladie à laquelle l’employeur devait s’attendre:<br />

si l’employeur savait que le salarié était guéri et allait sous peu reprendre son travail, un licenciement peut être considéré<br />

comme étant abusif. D’un autre côté le fait qu’un salarié n’ait jamais informé son employeur sur l’évolution de sa maladie ou<br />

que malgré un long traitement aucun diagnostic n’a pu être établi ou que les chances d’une guérison sont minimes, joue en<br />

faveur de l’employeur.<br />

b) La taille de l’entreprise. Pour des entreprises avec un petit nombre de salariés, la jurisprudence part <strong>du</strong> principe qu’une<br />

absence est plus difficile à supporter. Pour de grandes entreprises, les juges peuvent par contre estimer qu’il y avait des salariés<br />

de remplacement à disposition ou que les autres salariés pouvaient sans problème prendre en charge le travail <strong>du</strong> salarié<br />

absent. Mais même dans de grandes entreprises, le Tribunal peut considérer que de longues absences peuvent justifier un<br />

licenciement.<br />

c) La nature <strong>du</strong> poste occupé. Pour des travaux nécessitant peu de qualifications, une perturbation de l’entreprise est moins<br />

probable, surtout si l’entreprise occupe un nombre important de salariés ayant la même qualification. L’absence d’un cadre<br />

sur un poste clé a naturellement une influence plus importante sur l’activité de l’entreprise que l’absence d’un salarié sans<br />

qualification particulière ( 173 ).<br />

Les critères de la taille de l’entreprise et de la nature <strong>du</strong> poste occupé sont toujours à analyser ensemble. Dans une entreprise<br />

avec trois salariés l’absence d’un salarié aura certainement beaucoup d’incidence même si ce dernier n’a pas de qualification<br />

particulière. Dans une entreprise de construction qui occupe cent ouvriers, l’absence d’un ouvrier n’aura probablement que très<br />

peu d’impact sur le déroulement des travaux; il en serait cependant différemment si l’un des deux architectes de cette entreprise<br />

était absent.<br />

d) L’influence sur les autres salariés. Le Tribunal peut également tenir compte <strong>du</strong> fait que les autres salariés aient <strong>du</strong> fournir<br />

un travail supplémentaire ou prester des heures supplémentaires pour couvrir l’absence de sorte que l’atmosphère de travail<br />

s’est dégradée ( 174 ).<br />

Le <strong>Statut</strong> unique

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