Règles d'Engagement - Geneva Academy of International ...
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<strong>Règles</strong> d’Engagement 15<br />
2. Il faut chercher à engager un dialogue avec le plus<br />
grand nombre possible d’AANE, mais les effets d’un tel<br />
dialogue sur les populations civiles doivent constituer la<br />
préoccupation principale.<br />
En principe, les actions de promotion du respect des normes humanitaires<br />
doivent cibler tous les AANE. Cependant, lorsqu’on cherche à engager un<br />
dialogue avec un AANE, les effets d’un tel dialogue sur les populations civiles<br />
doivent constituer la préoccupation principale. Cela signifie qu’en pratique,<br />
l’opportunité de soulever des préoccupations sur la protection des populations<br />
civiles peut être – et est souvent – subordonnée à la volonté d’assurer un<br />
accès aux populations exposées.<br />
Certains donateurs ou gouvernements auront tendance à s’opposer à toute<br />
forme de dialogue y compris à des fins purement humanitaires, avec les<br />
AANE qu’ils qualifient de « terroristes 23 ». Le Secrétaire général des Nations<br />
unies a ainsi précisé :<br />
Je suis encouragé de constater qu’il ressort des délibérations qui se<br />
poursuivent sur cette question, lors des débats publics semestriels du<br />
Conseil de sécurité sur la protection des civils, que les États Membres<br />
se rendent de mieux en mieux compte de l’importance du dialogue à<br />
des fins humanitaires. Cela ne se traduit cependant pas encore par une<br />
large acceptation de ce dialogue, ni de l’idée de renoncer à prendre<br />
des mesures qui font obstacle au dialogue avec les groupes armés<br />
non étatiques ou même l’érigent en délit. En Somalie, par exemple,<br />
on s’inquiète de voir que certains États donateurs, particulièrement<br />
ceux qui ont déclaré qu’Al Chaabab était une organisation terroriste,<br />
ont ajouté dans leurs accords de financement avec les organisations<br />
humanitaires des conditions limitant les activités menées dans les<br />
zones contrôlées par cette organisation. À Gaza, certains États<br />
donateurs ont des politiques de financement de l’action humanitaire<br />
qui tendent à limiter les contacts entre les organisations humanitaires<br />
qu’ils financent et le Hamas, bien que celui-ci, contrôlant effectivement<br />
la bande de Gaza, soit un interlocuteur indispensable si l’on veut être<br />
sûr que l’aide parvienne à ceux qui en ont besoin. Les organismes<br />
humanitaires se sont aussi inquiétés de l’effet que peut avoir sur la<br />
situation humanitaire la législation de certains pays, par exemple les<br />
États-Unis, qui considèrent comme des délits diverses formes d’aide<br />
matérielle apportée à des groupes interdits 24 .<br />
L’attribution du qualificatif « terroriste » à des AANE – sans tenir compte de leur<br />
comportement effectif – n’incite pas au respect de ces normes (voir Encadré<br />
23 Comme cela a été noté plus haut, il existe un très grand nombre de définitions très différentes de ce terme<br />
en vertu des législations nationales pertinentes (et il n’existe aucune définition internationalement reconnue du<br />
terrorisme ou d’un groupe terroriste). Par exemple, une étude menée en 2003 à la demande de l’armée américaine<br />
citait une source qui répertoriait 109 définitions du terrorisme couvrant un total de 22 différents éléments de<br />
définition. Voir Record, J., Bounding the Global War on Terrorism, 1 décembre 2003, p. 6, citant Alex P. Schmid,<br />
Albert J. Jongman, et al., Political Terrorism: A New Guide to Actors, Authors, Concepts, Data Bases, Theories,<br />
and Literature, Transaction Books, New Brunswick, NJ, 1988, pp. 5–6.<br />
24 Rapport du Secrétaire général sur la protection des civils en période de conflit armé, Conseil de Sécurité de<br />
l’ONU, Doc ONU, S/2010/579, 11 novembre 2010, §55.