Règles d'Engagement - Geneva Academy of International ...
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<strong>Règles</strong> d’Engagement 43<br />
Encadré 18 La R2P et le dialogue avec les acteurs armés non étatiques<br />
Le concept de « Responsabilité de protéger » 57 , connu généralement sous l’acronyme R2P, affirme que l’État<br />
a la responsabilité première de protéger les populations civiles relevant de sa compétence contre le génocide,<br />
les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, et le « nettoyage ethnique ». Cette responsabilité inclut<br />
les situations dans lesquelles ces crimes sont commis par des AANE. Cependant, lorsqu’un État n’a pas<br />
la volonté ou la capacité d’exercer cette responsabilité, la communauté internationale dans son ensemble<br />
a le devoir de l’aider – d’abord et avant tout en recourant à des moyens pacifiques (tels que la pression<br />
diplomatique, le dialogue, ou des sanctions) et, si ces moyens échouent, par le biais d’une intervention<br />
militaire sur la base du Chapitre VII de la Charte de l’ONU.<br />
Le concept de R2P s’appuie sur le travail de Francis Deng qui a redéfini la souveraineté en tant que<br />
responsabilité, à la suite des crises humanitaires des années 1990 en Afrique, en particulier eu égard au<br />
problème des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Deng a remis en cause le fondement<br />
juridique et moral de la souveraineté en arguant que celle-ci doit être déterminée par la population plutôt<br />
que par les gouvernements car, selon lui, un « gouvernement qui laisse ses citoyens souffrir d’un vide de<br />
responsabilité provoqué par l’absence d’autorité morale ne peut pas revendiquer la souveraineté dans le<br />
but d’empêcher le monde extérieur d’intervenir pour <strong>of</strong>frir protection et assistance » 58 .<br />
Que signifie, cependant, cette responsabilité en pratique lorsqu’un AANE opère d’une manière transnationale,<br />
c’est-à-dire que ce groupe est basé à l’extérieur des frontières de l’État à l’encontre duquel il mène une lutte<br />
armée ? Si l’État sur le territoire duquel l’AANE est basé ne prend aucune action alors qu’il a la capacité<br />
d’intervenir pour mettre un terme à ces activités illégales, il risque d’être tenu responsable d’avoir facilité un<br />
génocide, des crimes de guerre et/ou des crimes contre l’humanité, lorsque l’AANE commet de tels crimes.<br />
Si, cependant, cet État n’a pas la capacité militaire d’intervenir efficacement dans son propre pays, il peut<br />
être argué que le concept de R2P, et au-delà, le droit international applicable, requièrent qu’il demande<br />
l’assistance de la communauté internationale pour faire face à ce problème ou qu’au minimum il ne pose<br />
pas d’obstacles déraisonnables empêchant d’autres acteurs d’établir un dialogue avec l’AANE concerné<br />
dans l’objectif de mettre un terme aux violations du droit pénal international. Il est urgent d’élaborer un<br />
cadre politique et pratique en la matière.<br />
57 Voir <strong>International</strong> Commission on Intervention and State Sovereignty (2001), tel que repris dans le Document<br />
final du Sommet mondial de 2005 (Doc. ONU A/RES/60/1, New York, 24 octobre 2005, paragraphes 138-139) et<br />
le rapport de 2009 du Secrétaire général de l’ONU : « La mise en œuvre de la responsabilité de protéger » (Doc.<br />
ONU A/63/677 du 12 janvier 2009).<br />
58 F. Deng et al. Sovereignty as Responsibility : Conflict Management in Africa, Brookings Institution, Washington,<br />
DC, 1996, p. 33.