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Cuisine et Politique: le plat national existe-t-il? - Revue des sciences ...

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Virginie Waechter<br />

La relation usager / service public : d’un modè<strong>le</strong> à l’autre<br />

ou vers la confusion <strong>des</strong> sphères d’action privée <strong>et</strong> publique<br />

58<br />

mise en œuvre d’un savoir formel spécialisé.<br />

Autrement dit, <strong>le</strong> principe de<br />

rationalisation <strong>des</strong> bureaucraties<br />

publiques conjugue l’intérêt général<br />

comme horizon de sens, <strong>et</strong> la prévisib<strong>il</strong>ité<br />

comme critère d’efficacité. En<br />

introduisant un nouveau principe de<br />

rationalisation, la « modernisation par<br />

l’usager » subvertit c<strong>et</strong> équ<strong>il</strong>ibre traditionnel.<br />

L’horizon de sens de l’action<br />

publique devient en eff<strong>et</strong> la satisfaction<br />

de l’usager, tandis que la f<strong>le</strong>xib<strong>il</strong>ité<br />

<strong>et</strong> la réactivité constituent <strong>le</strong>s nouveaux<br />

critères d’efficacité, en lieu <strong>et</strong><br />

place de la prévisib<strong>il</strong>ité.<br />

On note en deuxième lieu, que <strong>le</strong> nouveau<br />

principe de rationalisation suscite<br />

de nouvel<strong>le</strong>s formes de coordination, bou<strong>le</strong>versant<br />

la rigidité bureaucratique. Un<br />

cadre soup<strong>le</strong> de coordination, ajusté au<br />

traitement <strong>des</strong> problèmes au cas par cas,<br />

se superpose en eff<strong>et</strong> progressivement à<br />

la centralisation <strong>et</strong> au formalisme organisationnels.<br />

A la standardisation <strong>des</strong><br />

solutions <strong>et</strong> à la centralisation on substitue<br />

la transversalité <strong>et</strong> l’innovation,<br />

cadrées par <strong>des</strong> procédures de choix <strong>et</strong> de<br />

coopération. Comme l’affirment Patrice<br />

Duran <strong>et</strong> Jean-Claude Thoenig, « la rationalité<br />

acceptab<strong>le</strong> n’est pas [plus] cel<strong>le</strong> <strong>des</strong><br />

objectifs mais cel<strong>le</strong> <strong>des</strong> procédures de<br />

choix ». 12 A l’intérieur d’un cadre politique<br />

(la stratégie de l’organisation) <strong>et</strong><br />

procédurier, l’action peu routinisée autorise<br />

désormais un trava<strong>il</strong> permanent de<br />

négociation, dont <strong>le</strong> principe de régulation<br />

est en dernière instance la satisfaction<br />

de l’usager. La « politisation » <strong>des</strong><br />

organisations s’accompagne de l’émergence<br />

de la figure du manager, jouant un<br />

rô<strong>le</strong> de médiateur <strong>et</strong> de coach. 13<br />

On observe en troisième lieu, la redéfinition<br />

de la forme de l’expertise légitime.<br />

L’expertise n’est plus fondée,<br />

comme dans <strong>le</strong> cas de l’idéal-type<br />

bureaucratique, sur <strong>des</strong> connaissances<br />

spécialisées, validées par un diplôme.<br />

Devant l’apologie du changement perpétuel,<br />

<strong>le</strong>s connaissances doivent être<br />

évolutives. El<strong>le</strong>s sont davantage conceptuel<strong>le</strong>s<br />

que techniques. Leur capitalisation<br />

s’appuie moins sur la formation<br />

académique, que sur <strong>le</strong> partage d’expériences<br />

concrètes <strong>et</strong> sur la réf<strong>le</strong>xivité.<br />

3.2. Recomposition<br />

de la relation à l’usager<br />

À en croire la profusion <strong>des</strong> discours<br />

sur <strong>le</strong> suj<strong>et</strong>, la « modernisation par l’usager<br />

» se veut d’abord une « modernisation<br />

pour l’usager ». On évoque abondamment<br />

<strong>le</strong>s « attentes de l’usager »,<br />

« l’amélioration de la relation à l’usager<br />

», 14 ou encore la « satisfaction de<br />

l’usager ». De véritab<strong>le</strong>s jeux de langage<br />

apparaissent pour suggérer qu’une<br />

logique de service s’est désormais emparée<br />

<strong>des</strong> organisations publiques,<br />

balayant la relation d’évitement bureaucratique.<br />

On a pu observer en ce sens <strong>le</strong><br />

glissement de la notion de « service<br />

public » vers <strong>le</strong> syntagme « au service du<br />

public ». 15 Plus globa<strong>le</strong>ment, on évoque<br />

la réhab<strong>il</strong>itation de la figure de l’usager,<br />

accédant de façon assez paradoxa<strong>le</strong> au<br />

doub<strong>le</strong> statut de consommateur-client<br />

<strong>et</strong> de citoyen (la « modernisation par<br />

l’usager » serait aussi une démocratisation<br />

de la relation à l’usager). L’analyse<br />

<strong>des</strong> discours <strong>et</strong> <strong>des</strong> pratiques perm<strong>et</strong> de<br />

distinguer quatre types de modifications<br />

apportées à la relation à l’usager, suggérant<br />

une progression dans <strong>le</strong> temps <strong>et</strong><br />

dans l’intensité du changement.<br />

Renforcer <strong>le</strong>s droits<br />

<strong>des</strong> usagers<br />

Les modifications de la relation à<br />

l’usager consistent d’abord, à partir de<br />

la fin <strong>des</strong> années 1970 à renforcer <strong>et</strong> à<br />

élargir <strong>le</strong>s droits <strong>des</strong> usagers On a pu<br />

par<strong>le</strong>r en ce sens de l’émergence de<br />

nouveaux droits, tels <strong>le</strong> « droit à l’information<br />

» ou <strong>le</strong> « droit à la transparence<br />

». Plus récemment, <strong>il</strong> semb<strong>le</strong>rait<br />

que l’on assiste à la constitution d’un<br />

droit à la proximité, avec entre autre<br />

l’institutionnalisation <strong>des</strong> « maisons<br />

<strong>des</strong> services publics ». 16 Ces maisons<br />

ont pour vocation d’établir une coopération<br />

entre différents services publics,<br />

afin de <strong>le</strong>s rassemb<strong>le</strong>r en un même<br />

lieu <strong>et</strong> de <strong>le</strong>s rapprocher physiquement<br />

de l’usager. Notons avec Jean-Marc Wel<strong>le</strong>r,<br />

que considérées indépendamment<br />

<strong>des</strong> autres mesures <strong>et</strong> niveaux de<br />

modernisation, <strong>le</strong>s modifications politico-juridiques<br />

de la relation à l’usager<br />

améliorent <strong>le</strong>s entrées <strong>et</strong> <strong>le</strong>s sorties <strong>des</strong><br />

organisations publiques, sans m<strong>et</strong>tre en<br />

cause la boîte noire bureaucratique. 17<br />

Horizontaliser la relation<br />

usager / service public<br />

Les modifications apportées à la relation<br />

à l’usager se traduisent en deuxième<br />

lieu par la volonté d’horizontaliser la<br />

relation usager/service public, d’une<br />

part en améliorant l’accessib<strong>il</strong>ité <strong>des</strong><br />

services publics, <strong>et</strong> d’autre part en faisant<br />

de l’usager un partenaire.<br />

L’amélioration de l’accessib<strong>il</strong>ité <strong>des</strong><br />

services passe par <strong>le</strong> réagencement <strong>et</strong> la<br />

recomposition <strong>le</strong>s points de contact avec<br />

<strong>le</strong>s usagers, <strong>et</strong> par la simplification <strong>des</strong><br />

voies d’accès au service public. Comme<br />

témoin de la volonté de simplification<br />

<strong>des</strong> voies d’accès, on peut citer l’institutionnalisation<br />

en 1998 de la Commission<br />

pour <strong>le</strong>s Simplifications Administratives,<br />

venant se substituer à<br />

l’ex-commission pour la simplification<br />

<strong>des</strong> formalités. Quant à la recomposition<br />

<strong>des</strong> points de contacts, el<strong>le</strong> passe par<br />

exemp<strong>le</strong> par la mise en place <strong>des</strong> « maisons<br />

<strong>des</strong> services publics », évoqués<br />

plus haut.<br />

Deuxième mode d’horizontalisation<br />

de la relation avec <strong>le</strong> public : la volonté<br />

de faire de l’usager un partenaire. C<strong>et</strong>te<br />

volonté se traduit par <strong>le</strong> développement<br />

de la contractualisation de la relation à<br />

l’usager, <strong>et</strong> par la multiplication <strong>des</strong><br />

opérations visant à associer l’usager à la<br />

gestion du service. Du point de vue juridique,<br />

la contractualisation de la relation<br />

à l’usager s’exprime par la multiplication<br />

<strong>des</strong> cas d’extension du droit de<br />

la consommation aux services publics,<br />

notamment à travers l’application <strong>des</strong><br />

clauses abusives. 18 A la relation régie<br />

par <strong>des</strong> règ<strong>le</strong>s substantiel<strong>le</strong>s, on substitue<br />

ainsi une relation contractuel<strong>le</strong><br />

ayant vocation à être négociée. D’un<br />

point de vue symbolique, la contractualisation<br />

se manifeste par la multiplication<br />

<strong>des</strong> démarches d’engagement<br />

(chartes de service, engagement qualité…),<br />

laissant entendre que la relation<br />

usager / service public, loin d’être imposée,<br />

résulte de la rencontre entre deux<br />

volontés. 19<br />

Comme nous l’annoncions en début<br />

de paragraphe, <strong>le</strong> partenariat « par<br />

contractualisation » se doub<strong>le</strong> d’un partenariat<br />

« par association ». Sous son<br />

aspect <strong>le</strong> plus valorisé, l’association du<br />

public à la gestion <strong>des</strong> services publics se<br />

traduit par la mise en place de dispositifs<br />

d’enregistrement <strong>des</strong> attentes <strong>des</strong> usagers.<br />

De façon plus pragmatique, associer<br />

l’usager, c’est aussi en faire une « ressource<br />

externe » de l’organisation, c’està-dire<br />

aménager <strong>des</strong> espaces de production<br />

réservés à l’usager. Grâce aux<br />

techniques d’évaluation de la satisfaction<br />

de l’usager, on assiste par exemp<strong>le</strong> à un<br />

mouvement d’externalisation du contrô<strong>le</strong><br />

de l’activité. 20<br />

La personnalisation<br />

de la relation à l’usager<br />

La « modernisation pour l’usager »<br />

consiste en troisième lieu à personnaliser<br />

la relation à l’usager. Les objectifs<br />

affichés sont <strong>le</strong>s suivants :<br />

- Ajuster <strong>le</strong> traitement de la demande<br />

en fonction de la situation particulière<br />

de chaque usager. Il s’agirait ici<br />

de rompre avec la relation d’évitement<br />

qui caractérise l’organisation<br />

bureaucratique, en m<strong>et</strong>tant notamment<br />

fin à l’anonymat du guich<strong>et</strong>. 21<br />

La relation usager / agent de contact<br />

semb<strong>le</strong> désormais devoir engager <strong>le</strong>s<br />

personnes dans ce qu’el<strong>le</strong>s ont de<br />

plus humain <strong>et</strong> de plus intime, <strong>le</strong>ur<br />

mora<strong>le</strong>, <strong>le</strong>urs affects…<br />

- Dans son vol<strong>et</strong> consumériste, la personnalisation<br />

du service consisterait<br />

ensuite à diversifier l’offre de service.<br />

On personnaliserait <strong>le</strong> service, en<br />

donnant la possib<strong>il</strong>ité à l’usager pour<br />

certains éléments de service de faire<br />

un choix, la combinaison entre <strong>le</strong>s<br />

différents choix aboutissant à une<br />

configuration personnalisée de service.<br />

On voit ainsi la Poste multiplier<br />

ses produits, en diversifiant notamment<br />

<strong>le</strong>s formu<strong>le</strong>s d’acheminement<br />

du courrier.<br />

La personnalisation de la relation à<br />

l’usager s’accompagne du glissement du<br />

principe d’égalité qui sous-tend l’organisation<br />

bureaucratique, vers celui d’équité,<br />

entendu comme égalité d’accès à un<br />

service personnalisé. Ajoutons que <strong>le</strong>s<br />

premières évaluations de la modernisation,<br />

qui montrent que la performance de<br />

réalisation l’emporte largement sur la<br />

performance de justice, 22 tendent à signifier<br />

que <strong>le</strong> souci d’équité est vidé de sa<br />

traditionnel<strong>le</strong> dimension politique <strong>et</strong><br />

mora<strong>le</strong>, au risque de n’être plus qu’un<br />

principe managérial.<br />

Prolongements organisationnels<br />

Si au début de la modernisation institutionnel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s bureaucraties publiques<br />

sont restées <strong>des</strong> boîtes noires, <strong>le</strong>s modifications<br />

apportées à la relation à l’usager<br />

ont toutefois progressivement été<br />

traduites à l’intérieur <strong>des</strong> organisations.<br />

L’approfondissement de la personnalisation<br />

<strong>et</strong> de l’horizontalisation de la relation<br />

avec l’usager nécessite en eff<strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

aménagements organisationnels. On se<br />

contentera d’évoquer ici la suppression<br />

de la séparation entre <strong>le</strong> front <strong>et</strong> <strong>le</strong> back<br />

office, c’est-à-dire entre l’espace de réception<br />

<strong>et</strong> de traitement de la demande de<br />

l’usager. 23 C<strong>et</strong>te frontière perm<strong>et</strong>tait<br />

dans l’organisation bureaucratique de<br />

« refroidir » la demande de l’usager, en<br />

la dé<strong>le</strong>stant de son contexte d’inscription.<br />

Au front office de cadrer la demande,<br />

c’est-à-dire de la classer dans une<br />

catégorie administrative. Au back office<br />

d’appliquer <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s prévues pour <strong>le</strong> cas<br />

identifié. La fusion entre front <strong>et</strong> back<br />

office a sans doute permis de libérer <strong>le</strong><br />

sens de la justice <strong>des</strong> agents de contact,<br />

inhibé dans l’organisation bureaucratique<br />

par la sectorisation de l’accue<strong>il</strong>.<br />

Rappelons néanmoins ici, que la relation<br />

de service n’a jamais cessé d’être coproduite,<br />

24 comme l’ont montré <strong>le</strong>s travaux<br />

d’inspiration interactionniste. Le changement<br />

réside sans doute davantage dans<br />

la reconnaissance de la qualité de coproducteur<br />

<strong>des</strong> agents de contacts, que dans<br />

son <strong>existe</strong>nce. On peut néanmoins se<br />

demander si plutôt que de consécration,<br />

<strong>il</strong> ne vaudrait pas mieux par<strong>le</strong>r de recomposition<br />

de l’exercice de coproduction.<br />

En eff<strong>et</strong>, la coproduction semb<strong>le</strong> désormais<br />

devoir prendre appui sur une<br />

compétence commercia<strong>le</strong>, m<strong>et</strong>tant sous<br />

tension la compétence civique traditionnel<strong>le</strong>ment<br />

attachée au service public. 25<br />

C<strong>et</strong> aperçu de l’évolution de la relation<br />

à l’usager dans <strong>le</strong>s services publics<br />

saisis par la modernisation, quoique<br />

synthétique, suffit à m<strong>et</strong>tre en lumière<br />

la confusion grandissante entre la sphère<br />

d’action publique <strong>et</strong> la sphère d’action<br />

privée, c’est-à-dire entre l’espac<strong>et</strong>emps<br />

réservé aux affaires publiques <strong>et</strong><br />

professionnel<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> celui dévolu à l’intimité<br />

subjective <strong>et</strong> domestique. C’est<br />

sur ce point que nous souhaitons<br />

conclure.<br />

4. Confusion entre<br />

sphères d’action privée<br />

<strong>et</strong> publique ?<br />

■<br />

Il est apparu en première approche,<br />

que la « modernisation par l’usager »<br />

proj<strong>et</strong>te l’usager dans <strong>le</strong> champ de l’action<br />

publique. On voit en eff<strong>et</strong> que l’usager<br />

devient une « ressource humaine<br />

externe » <strong>des</strong> organisations publiques :<br />

évaluateur <strong>et</strong> contrô<strong>le</strong>ur (enquêtes de<br />

satisfaction), <strong>il</strong> en est aussi coproducteur,<br />

dans <strong>le</strong> sens où <strong>il</strong> devient un élément<br />

de la chaîne de production du service<br />

(<strong>il</strong> suffit de penser ici au<br />

producteur-trieur dans un système de<br />

gestion sé<strong>le</strong>ctive <strong>des</strong> déch<strong>et</strong>s). On<br />

s’aperçoit néanmoins que <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de<br />

coproduction s’accompagne d’une<br />

logique de responsab<strong>il</strong>isation, par<br />

laquel<strong>le</strong> c’est l’action publique qui<br />

semb<strong>le</strong> c<strong>et</strong>te fois perturber l’intimité de<br />

l’usager. Deux exemp<strong>le</strong>s perm<strong>et</strong>tront de<br />

comprendre en quoi consiste c<strong>et</strong>te<br />

logique.<br />

Reprenons d’abord l’exemp<strong>le</strong> de la<br />

col<strong>le</strong>cte sé<strong>le</strong>ctive déch<strong>et</strong>s. Lorsqu’un<br />

tel système de gestion <strong>des</strong> déch<strong>et</strong>s est<br />

mis en place, <strong>le</strong>s usagers restent quasi<br />

systématiquement libres d’y participer.<br />

Toutefois, l’opérationnalisation du système<br />

s’accompagne généra<strong>le</strong>ment d’une<br />

vaste stratégie d’incitation à la participation,<br />

allant de la mise en place de<br />

médiateurs (ambassadeurs de tri, gardiens<br />

d’immeub<strong>le</strong>s…) à la construction<br />

de logements avec bacs de tri incorporés<br />

sous l’évier. A un autre niveau,<br />

citons l’exemp<strong>le</strong> de l’introduction<br />

depuis quelques années <strong>des</strong> « compteurs<br />

à carte » dans <strong>le</strong>s services de distribution<br />

d’eau <strong>et</strong> d’é<strong>le</strong>ctricité. Ces<br />

compteurs sont proposés aux usagers<br />

éprouvant régulièrement <strong>des</strong> difficultés<br />

de paiement, afin de <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong>tre<br />

d’auto-régu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>ur consommation. Pour<br />

que ces usagers puissent contrô<strong>le</strong>r en<br />

permanence l’état de <strong>le</strong>urs dépenses, la<br />

consommation y est affichée en francs.<br />

Les compteurs fonctionnent par a<strong>il</strong><strong>le</strong>urs<br />

grâce à une carte à puce, rechargeab<strong>le</strong><br />

selon <strong>le</strong>s besoins <strong>et</strong> la capacité financière<br />

<strong>des</strong> usagers. Lorsque <strong>le</strong>s usagers<br />

se trouvent dans l’impossib<strong>il</strong>ité de<br />

recharger la carte faute d’argent,<br />

quelques jours d’autonomie <strong>le</strong>urs sont<br />

accordés. Une fois c<strong>et</strong>te autonomie<br />

épuisée, <strong>le</strong> service est coupé.<br />

Ces deux exemp<strong>le</strong>s montrent que la<br />

responsab<strong>il</strong>ité du mieux-être individuel<br />

<strong>et</strong> du progrès social est désormais à la<br />

charge de l’individu <strong>et</strong> non plus de l’État,<br />

comme à l’époque de l’État-Providence.<br />

Avec l’avènement de l’État Providence,<br />

la responsab<strong>il</strong>ité sort en eff<strong>et</strong><br />

du champ <strong>des</strong> relations socia<strong>le</strong>s. Qu’entend-t-on<br />

par là ? Exclure la responsab<strong>il</strong>ité<br />

de la sphère <strong>des</strong> relations socia<strong>le</strong>s<br />

signifie que lorsqu’une personne subit<br />

un dommage, celui-ci n’est imputab<strong>le</strong> à<br />

aucun individu en particulier, mais doit<br />

59<br />

<strong>Revue</strong> <strong>des</strong> Sciences Socia<strong>le</strong>s, 2001, n° 28, nouve@ux mon<strong>des</strong> ?

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