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A Istanbul, à la fin des années 1990, les <strong>ouvrage</strong>s exaltant le mythe ou la<br />
réalité du bon vivre ensemble des différentes communautés confessionnelles 1<br />
dans l’Empire ottoman se multiplient. Ils racontent des histoires de lieux et/ou<br />
d’hommes en rattachant la fiction ou la réalité à la spécificité confessionnelle<br />
dans la nostalgie d’un temps idéal révolu où la tolérance serait loi. Fener,<br />
quartier grec ; Balat, quartier juif… Maison arménienne, maison turque… Ces<br />
qualifications distinctives annoncées, et relayées par les différents acteurs,<br />
dont les politiques et les universitaires, nous ont interpellés. Cet intérêt a croisé<br />
l’expérience vécue dans un quartier pluriconfessionnel, Yesilköy, sans jamais<br />
avoir la conscience de cette distinction dans la vie de tous les jours, mis à part<br />
les noms, les prénoms des personnes et les fêtes religieuses.<br />
Devenue architecte, c’est l’espace physique que nous avons voulu interroger<br />
pour identifier ces qualifications communautaires, nous intéressant à la forme<br />
physique de la ville et de l’habitat, et aux multiples usages. Existait-il une<br />
spécificité spatiale qui serait le produit de l’appartenance confessionnelle, au<br />
XIXe et au début du XXe siècle à Istanbul Quelles étaient alors les formes et<br />
les lieux de cette spécificité différenciatrice En quoi un quartier serait arménien,<br />
une maison grecque (en dehors de l’appartenance ethnique ou confessionnelle<br />
de ses habitants, pour une période donnée) <br />
1. La thèse comme producteur de connaissance<br />
Assez rapidement, la recherche a permis de découvrir et de démontrer la<br />
diversité spatiale mais n’a pas confirmé l’hypothèse d’une spécificité spatiale<br />
qui serait la conséquence d’une appartenance confessionnelle : une manière<br />
partagée d’habiter, dépassant la volonté idéologique et politique de créer et<br />
de voir la différence, semble s’être constituée sur le territoire stambouliote,<br />
comme d’ailleurs sur d’autres territoires conquis et régis par l’Empire ottoman,<br />
notamment l’Anatolie et les Balkans. L’infirmation de l’hypothèse de la spécificité<br />
identifiable par communauté 2 a nécessité la reformulation de la problématique.<br />
Le travail a exploré alors les formes et les lieux de la diversité spatiale, par le<br />
biais des relations édifice-ville, s’intéressant principalement à la réalité physique<br />
des systèmes et des dispositifs de relations. Un échantillonnage urbain défini<br />
au départ, en fonction de la question de la spécificité communautaire a été<br />
conservé par la suite pour témoigner de la diversité spatiale. Cet infléchissement<br />
est devenu enrichissement puisqu’il a permis le renouvellement de la pensée et<br />
de l’appréhension de l’habitat et de la ville d’Istanbul, inscrivant le travail dans<br />
une perspective d’opérativité pédagogique et de pratique de projet.<br />
La première partie de la thèse argumente et démontre la constitution d’une<br />
culture partagée d’habiter sur le territoire qui nous intéresse malgré la diversité