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Laetitia FONTAINE et Romain ANGER<br />
La pente du tas de sable [ill. 3]<br />
Remplir les vides pour obtenir un matériau plus solide revient à augmenter le<br />
nombre de points de contact entre tous ces grains. Mais lorsque deux grains<br />
se touchent, quelles sont les forces qui les lient au niveau de chacun de ces<br />
contacts Avant de s’intéresser à un matériau aussi complexe que la terre,<br />
il faut commencer par observer un tas de sable sec. Son organisation révèle<br />
l’existence des forces de frottement, responsables de la pente naturelle du tas,<br />
et permet d’introduire les notions d’angle de repos et d’angle d’avalanche.<br />
Ségrégation granulaire [ill. 4]<br />
Des grains de différentes tailles ont des angles d’avalanche différents. Lorsqu’ils<br />
sont mis en mouvement, ces grains se séparent spontanément par catégories<br />
de tailles : c’est le phénomène de ségrégation granulaire, qui posent beaucoup<br />
de problèmes dans l’industrie et sur le chantier.<br />
Chaînes de forces<br />
Les interactions de contact et de frottement dans un ensemble de grains<br />
distribuent les forces de manière très particulière. Dans certains cas, plusieurs<br />
grains en contact forment une voûte et abritent de petits espaces vides qui<br />
empêchent les empilements de se placer dans une configuration plus compacte.<br />
Par contact et frottement, les contraintes sont transmises grâce à un réseau de<br />
chaînes de forces qui dévient les forces verticales sur les côtés [ill.5].<br />
Les coffrages à béton doivent être suffisamment résistants pour vaincre cette<br />
poussée horizontale des grains. De la même façon, lors de la mise en œuvre du<br />
pisé, les coups verticaux du pisoir qui compactent la terre sont partiellement<br />
dirigés dans les coffrages. Ceux-ci doivent être suffisamment résistants pour<br />
vaincre ces poussées horizontales. L’effort de compaction vertical disparaît ainsi<br />
partiellement sur les côtés : les chaînes de forces ne parviennent pas jusqu’en<br />
bas car elles se dissipent sur les bords. C’est pourquoi le pisé se met en œuvre en<br />
compactant de fines couches de terre. Si l’épaisseur de terre est trop importante,<br />
au moment de l’impact aucune force de compression n’est transmise jusqu’au<br />
bas de la couche, qui n’est alors pas compactée [ill. 6].<br />
Forces capillaires [ill. 7]<br />
Après ce tour d’horizon de la physique des milieux granulaires secs, de l’eau est<br />
ajoutée pour découvrir la physique des milieux granulaires humides. Une série<br />
d’expériences sur les liquides réintroduit les notions de tension superficielle (ou<br />
de force capillaire), de surfaces hydrophiles et surfaces hydrophobes, auxquelles<br />
sont liées les phénomènes de remontée capillaire et de cohésion capillaire.<br />
Cohésion capillaire dans un château de sable [ill. 8]<br />
Une goutte d’eau entre deux billes de verre prend la forme d’un pont capillaire,<br />
qui exerce une pression attractive entre les surfaces qu’elle mouille. Ainsi la<br />
cohésion du château de sable est due aux ponts capillaires qui relient les grains<br />
entre eux : l’eau est une véritable colle. C’est la présence simultanée d’eau et<br />
d’air entre les grains qui assure la cohésion. Un pont capillaire n’a de sens qu’à<br />
travers l’interface eau-air : sans air, la tension superficielle disparaît. Lorsque la<br />
teneur en eau augmente, les ponts capillaires fusionnent jusqu’à la disparition de<br />
la phase gazeuse : le château de sable perd alors sa cohésion.<br />
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