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Philippe MARIN<br />
Thématiques<br />
Le moment de la thèse a permis d’éprouver les outils et méthodes tout en<br />
adossant ces instrumentations sur un socle théorique solide. Ainsi la posture de<br />
conception de l’architecte a été qualifiée dans le contexte d’une instrumentation<br />
numérique de « méta-conception ».<br />
Le travail de thèse a porté sur l’exploration des mécanismes évolutionnaires<br />
appliqués à la conception architecturale. Nous avons cherché à qualifier<br />
l’instrumentation du processus de conception architecturale à travers des<br />
modalités logicielles qui convoquent des algorithmes génétiques. Nous nous<br />
sommes intéressés aux phases initiales de la conception, moments privilégiant<br />
les représentations conceptuelles de l’objet en étude.<br />
Dans un premier temps, notre analyse a porté sur la définition de<br />
l’instrumentation numérique en tant que mécanisme de virtualisation de l’action.<br />
En concevant un outil, plutôt que de se concentrer sur telle action en cours, on se<br />
hisse à l’échelle beaucoup plus élevée d’un ensemble indéterminé de situations.<br />
Une contrainte est transformée en variable, l’outil crée un point d’appui pour<br />
la résolution d’une classe de problèmes. Ce faisant il réorganise l’écologie<br />
intellectuelle dans son ensemble et modifie en retour la fonction cognitive qu’il<br />
était censée seulement assister ou renforcer.<br />
Les modalités d’instrumentation du processus de conception doivent in fine<br />
favoriser l’émergence de « points critiques de changement ». Ces derniers sont<br />
des instants particuliers du processus de conception qui révèlent une composante<br />
jusqu’alors invisible de l’objet en étude, cette manifestation permettant une prise<br />
de décision.<br />
Les pratiques habituelles en matière d’instrumentation numérique montrent<br />
les limites de l’outil comme dispositif efficient à supporter une activité créative.<br />
Nous avons identifié les freins et les limites de ces modes d’utilisation dans<br />
un processus de conception créative associé aux phases initiales du travail<br />
de conception. Le modèle transformationnel proposé par Darse (Darses<br />
1994) 2 révèle que les outils de conception classique altèrent la part créative<br />
du travail de conception : la prise d’information des utilisateurs est canalisée<br />
vers des contenus précis et l’exécution du dessin prend le pas sur l’analyse<br />
du problème et rendent impossibles l’application de stratégies incertaines et<br />
la manipulation d’objets flous. De plus des limites contextuelles et cognitives<br />
rendent ces mêmes outils inopérants à supporter une exploration créative. Cette<br />
inadéquation s’explique par la mise en œuvre d’encodages longs et rébarbatifs,<br />
imposant l’explicitation intégrale du modèle à tester, ils révèlent des points de<br />
vue sectoriels et experts et sont généralement mis en œuvre à l’issu des phases<br />
de recherche conceptuelles.<br />
Les pratiques avancées en matière de conception architecturale numérique<br />
permettent cependant de mettre en exergue des postures nouvelles. Les<br />
logiques non-compositionnelles (Lucan 2003) 3 , les méthodes de morphogénèse<br />
numérique incluant des approches topologiques, métamorphiques, des méthodes<br />
d’optimisation de la performance, l’utilisation de données dynamiques ou la mise<br />
en œuvre de processus algorithmiques ouvrent des perspectives de dépassement<br />
des modes d’instrumentation habituels. Ainsi l’utilisation d’outils paramétriques<br />
ou génératifs transforment la posture du concepteur. Le développement des<br />
pratiques du « scripting » et l’avènement des développements « open-source »<br />
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