ouvrage_EMS_HD
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la complexité – et par là d’une certaine forme d’imprévisibilité – des multiples<br />
mécanismes du projet architectural et urbain. En effet, il est aisément démontrable<br />
que, dans le contexte d’un projet particulier, observé à un moment spécifique de<br />
son développement, des éléments « indéterminés », « ouverts », « aléatoires »<br />
sont introduits pour permettre par exemple des processus de participation ou de<br />
consultation, ou, à un niveau supérieur, pour laisser le temps faire son œuvre.<br />
L’émergence de certaines formes de hasard contrôlé peut ainsi toujours être<br />
mise en relation directe avec la multiplication des acteurs impliqués, avec la<br />
complexification des montages opérationnels, avec l’instabilité relative des<br />
programmes sous-tendant la réalisation d’un projet pouvant prendre plusieurs<br />
années voire plusieurs décennies. Et de constituer autant de cas d’étude<br />
possibles pour approfondir ma réflexion sur la place des formes et processus<br />
aléatoires dans les processus de création.<br />
Par ailleurs, si les activités de l’agence alimentent la démarche de recherche qui<br />
est la mienne, il me fut également donné de constater un mouvement contraire,<br />
ou plutôt complémentaire, la réflexion engagée dans le cadre de mon doctorat<br />
constituant un panorama de processus de conception représentant autant de<br />
réponses opérationnelles potentielles en fonction d’un projet particulier.<br />
Il en fut ainsi notamment d’une série de projets de renouvellement ou de<br />
développement urbain dont la conception, dans le prolongement du travail<br />
réalisé par notre agence dans le cadre de la consultation sur le Grand Paris,<br />
impliquait la mise en place d’une matrice multicritères, à la fois analytique et de<br />
projet, structurant une approche générique des problématiques en présence.<br />
Ou, autre exemple, d’une étude pour un pôle intermodal en première<br />
couronne parisienne, dans la perspective de l’implantation d’une gare du réseau<br />
Grand Paris Express, où très vite, un système combinatoire en arborescence,<br />
puis en treillis (pour reprendre la terminologie de Christopher Alexander), fut<br />
développée afin de structurer un cheminement dans la conception le plus simple<br />
et ouvert possible.<br />
En ceci, nous nous inscrivions dans une certaine continuité avec les<br />
avant-gardes architecturales et urbanistiques qui, quasiment tout au long de<br />
la seconde moitié du XXe siècle, se sont employées à poser les termes d’une<br />
approche générique du projet permettant à la fois de rationaliser, mutualiser et<br />
individualiser la fabrication de la ville. Et, de nous retrouver face aux mêmes<br />
questions, récurrentes dans les travaux des architectes ayant constitué le corpus<br />
premier de ma thèse : comment définir des entrées pertinentes et des mesures<br />
efficientes au regard de la complexité des objets étudiés comment définir et<br />
articuler les données fixes et les variables en fonction des contingences qui font<br />
de chaque projet une situation unique <br />
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Face à ces questions, les apports des écrits de Yona Friedman ou Christopher<br />
Alexander, largement cités dans ma thèse, nous sont d’un secours certain,<br />
notamment parce que l’un et l’autre se sont efforcés de construire des modèles<br />
dont les composantes et les mesures pouvaient être aisément manipulées<br />
par les architectes : utilisation des items traditionnels de la ville moderne<br />
(travail, loisir, logement, circulation), des outils statistiques simples (moyennes,<br />
variances, coefficients de corrélation), etc. Egalement parce que tous deux nous<br />
proposent des structurations du processus de conception qui se veulent toujours