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eux-mêmes pour cadrer leur action, tantôt à un niveau analytique, par les<br />
commentateurs et penseurs de l’architecture et de la ville, pour décrire et rendre<br />
explicite des processus de conception. Ma thèse m’a ainsi amené à proposer<br />
un cadre de pensée de l’architecture où la production des formes construites<br />
doit pouvoir être mise en parallèle avec la création de formes musicales, ce<br />
qui implique d’une part, une séquencialisation spécifique du processus de<br />
conception – notamment au plan de ses processus d’abstraction - et d’autre<br />
part, une extension du champ de la pensée architecturale, considérant non plus<br />
uniquement ses objets mais aussi les conditions de sa conduite par l’architecte<br />
au travail.<br />
Ce travail fut notamment l’occasion de me plonger dans des modes de<br />
formalisation, de conceptualisation, et de représentation partagés de la musique<br />
et de l’architecture. Ce qui fut au départ une difficulté alors que je m’engageais<br />
dans une recherche dans plusieurs fonds d’archives des architectes dont je<br />
souhaitais étudier l’oeuvre, m’apparaissait progressivement constituer une<br />
ressource importante pour prolonger ma recherche sur une certaine forme de<br />
pensée architecturale. En cherchant à rendre commensurables des formalisations<br />
très spécifiques de l’espace musical d’un côté, architectural et urbain de l’autre,<br />
en interrogeant le plus précisément possible les modes de représentation, j’en<br />
venais à questionner à un niveau extrêmement général les processus de projet<br />
architectural et urbain, avec la possibilité de mettre en avant l’étroite articulation<br />
entre modes de représentation, jeux d’acteurs et conduite stratégique de projet,<br />
autant de dimensions qui me semblaient dans le même temps apporter un point<br />
de vue véritablement opérationnel.<br />
La recherche en archives m’a ainsi permis d’affiner la définition des niveaux<br />
d’analyse du projet architectural où la musique et la musicologie apparaissent<br />
être des prismes d’observation pertinents, et de situer en particulier les contextes,<br />
les enjeux, les contraintes qui conditionnaient l’apparition de ces passerelles,<br />
tantôt dans le discours des architectes convoqués, tantôt dans leurs graphies. Et<br />
toujours en lien avec les objectifs, les finalités qu’ils s’étaient fixés eux-mêmes,<br />
ou qu’ils leur étaient dictés par un cahier des charges particuliers.<br />
Le prolongement de ma recherche doctorale, aujourd’hui en parallèle<br />
d’une activité professionnelle en agence d’architecture et d’urbanisme, est ainsi<br />
marquée par cette inflexion plus strictement représentationnelle de l’analyse<br />
des processus de conception architecturale. Et si la musicologie demeure une<br />
focale d’analyse étrangère à la pratique de l’architecture et de l’urbanisme, les<br />
questions qu’elle pose aux pratiques créatives à travers l’étude des modes de<br />
représentation, peuvent s’avérer tout à fait pertinentes au regard des enjeux<br />
contemporains de la production de l’architecture et de l’environnement urbain.<br />
Les territoires de l’articulation pratique / recherche<br />
66<br />
Ce qui nous renvoie à notre second axe de questionnement de l’articulation<br />
entre, d’un côté, les enjeux de la recherche en architecture et de ses ouvertures<br />
disciplinaires, et de l’autre, ceux de la production de notre environnement<br />
construit. Ou, pour ce qui me concerne, de l’articulation d’une connaissance<br />
poussée de certains processus créatifs – musicaux comme architecturaux – et<br />
d’une observation « engagée » de ces mêmes processus dans les territoires