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sensibiliser et transmettre. Chaque nouveau thème abordé supposait une « mise
à niveau » personnelle autorisant l’échange avec le spécialiste, le plus souvent
universitaire de haut rang, et le regard critique sur les manuscrits compte tenu de
l’inversion des hiérarchies. « Fabriquer » des livres, c’est d’abord les concevoir,
puis conduire leur réalisation en dirigeant une équipe de collaborateurs, ce
qui ne nous éloigne pas fondamentalement du projet architectural. Il s’agissait
bien alors de recherche appliquée, avec l’enthousiasme de la découverte et
l’enivrement de la variété, il suffit de regarder le catalogue de la collection. Mais
cet enivrement, cette implication totale dans le travail le plus passionnant qui
soit, étaient incompatibles avec un travail de recherche de thèse en histoire.
Ma première inscription en thèse, en 1992, était vouée à l’échec. Ce n’est pas
qu’une question d’emploi du temps, mais de l’impossibilité de mener de front les
deux activités, de la difficulté à se concentrer sur un sujet précis quand on est
amené à papillonner onze mois sur douze d’un sujet à l’autre. Il n’en reste pas
moins que j’ai eu l’occasion de publier de nombreux petits « manuels » d’histoire
de l’architecture qui ont contribué heureusement à l’élaboration de mes cours
d’histoire de l’architecture 6 . Sans compter que je n’ai pas rompu avec l’exercice
pédagogique déjà présent à la CNMHS puisque je me suis vu confier par Jean
Galard, alors directeur du service culturel du musée du Louvre, la responsabilité
d’un séminaire à l’école nationale du Patrimoine, occasion d’un travail commun
avec de jeunes conservateurs. La mission consistait à encadrer un travail de
recherche sur un monument et à produire collectivement un petit volume de
synthèse au format d’un Découvertes Gallimard, utile sensibilisation de futurs
responsables de musées, monuments ou bibliothèques. J’ai abordé un dernier
sursaut dans le monde de l’édition, en 1996-1997, en qualité de directeur
artistique et responsable éditorial des Editions Odile Jacob, à la fois « sommet »
d’une brève carrière et décision de l’interrompre pour pouvoir me consacrer à
nouveau à ma thèse de doctorat.
J’ai eu la chance de rencontrer une responsable d’agence ANPE assez
disponible pour entendre ce désir de me consacrer de nouveau à la recherche
et assez avertie pour me conseiller de le faire dans le cadre d’une « formation »
encadrée par le service de la formation continue de l’université de Paris I
dans laquelle je persistais à m’inscrire en doctorat. L’objectif officiel et réel de
cette formation était de pouvoir rejoindre une école d’architecture en qualité
d’enseignant en histoire. M’ont donc été offertes deux années rémunérées pour
me consacrer pleinement aux investigations nécessaires à un travail de fond,
ambitieux et novateur. Deux années passées avec la plus grande délectation et
le plus grand enthousiasme dans les archives, aussi bien au CARAN (Archives
nationales) qu’à la Bibliothèque nationale, sans compter les nombreux fonds
plus spécialisés de l’ENSBA, de l’INRP, de l’Institut de France, etc. Le temps de
la collecte de données est difficilement réductible, et la rédaction proprement
dite ne peut débuter que quand il a été pleinement mis à profit. Je me suis
donc trouvé, à l’issue de ces deux années, riche de mes découvertes, mais loin
d’avoir pu achever de rédiger. Cette dimension temporelle de la recherche doit
absolument être prise en compte dans un cursus, mais les conditions actuelles,
l’obligation de tenir des délais de plus en plus courts, ne le permettent guère.
L’enseignement de l’histoire et de l’architecture s’était imposé de lui-même, la
« maturité » venue. Une bonne expérience professionnelle en dehors du monde
scolaire de l’architecture, principalement dans l’édition, fondée sur la vulgarisation