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Magali PARIS
et Territoires, chercheuse au laboratoire CRESSON et paysagiste spécialisée
dans les interactions homme-nature.
Revenons maintenant sur les raisons qui m’ont poussée vers l’architecture
et la recherche, sur les différentes étapes de problématisation de la proxémie
végétale et des ambiances, avant de tirer les enseignements de cette formation
pluridisciplinaire portant attention aux contextes situés et dont la dimension
heuristique est centrale.
Dès la première année d’école d’ingénieurs à l’INH, j’ai eu la chance de suivre
les enseignements d’Hervé Potin et Duncan Lewis alors associés dans l’agence
d’architecture Potin+Lewis localisée à Angers 4 et développant une approche du
végétal comme « matière sensible » pour l’architecture (Guinée et Potin, 1999).
C’est en la positionnant à proximité de la façade de l’édifice et parfois en la
considérant comme un derme architectural que les deux architectes composent
leur projet avec la matière végétale. Cette matière végétale leur permet de
coupler une démarche plastique à une démarche contextuelle qui s’inspire du
site autant qu’elle se joue de lui. L’enjeu est de produire une architecture d’une
part faite de relations non mimétiques, non aimables, une architecture jouant
avec le vrai et le faux afin de perturber les sens, de troubler la perception et
d’autre part potentiellement « bricolable » par ses occupants et qui engloutie sous
les plantes peut retourner à un état paradoxal d’architecture sans architecte 5 . A
travers cette première approche d’une association possible entre architecture
et végétal, ma curiosité s’ouvrait ainsi aux dimensions sensorielles et usagères
des compositions végétales à l’échelle de l’édifice. Souhaitant poursuivre
l’articulation entre végétal et architecture tout en la déplaçant vers l’échelle du
grand territoire à laquelle ma formation initiale portait également attention, je
rejoins en 2003 l’agence Architecture Studio afin de travailler sur des concours
d’aménagement urbain en Chine et en Albanie. Déçue par la démarche de
l’agence assez éloignée d’une conception à partir des « matières » du site (sol et
eau, déclivité, anfractuosités, traces, formes végétales, flux, paysages sonore et
lumineux, mises en vue 6 …) et de leur capacité à faire percevoir et ressentir 7 , je
décide alors de mettre provisoirement de côté mon intérêt pour les croisements
d’échelle, de quitter un temps la conception et de suivre la formation recherche
du DEA Ambiances Architecturales et Urbaines afin de renouer avec l’approche
de l’in situ et d’apprendre de nouvelles manières de l’aborder.
Cette année de DEA sera celle de l’initiation aux sciences humaines et sociales,
à travers la théorie des ambiances et les méthodes d’enquête in situ développées
par le laboratoire CRESSON auquel s’adosse la formation. Sciences humaines
et sociales qui me permettront de problématiser plus précisément mon intérêt
pour la matière végétale aux abords de l’édifice à travers la manière dont elle
est mise en forme par les jardiniers ordinaires. Intéressée par les recherches
conduites sur l’habitat par Olivier Balaÿ et d’autres membres du laboratoire,
je décide alors d’explorer cette mise en forme de la matière par les jardiniers
ordinaires aux abords de l’habitat collectif sous sa direction à l’occasion de mon
mémoire de DEA. L’inscription en doctorat viendra naturellement comme une
poursuite de l’investigation amorcée. Les premiers résultats du DEA ainsi que
la collaboration avec d’autres chercheurs du laboratoire sur des programmes
de recherche publics, en particulier Sandra Fiori 8 qui deviendra ma co-directrice
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