Dynamisme 231 - Union Wallonne des Entreprises

SPÉCIAL SOCIAL
(3) Avec un profil acheteur ou
ingénieur en milieu industriel,
celui-ci intervient de manière
matricielle dans l’entreprise en
tant que garant de la réalisation
de la politique de développement
durable (coût global achats,
sourcing responsable, audits, …).
(4) Pour plus d’informations,
consultez le Guide «Utilisateur
de la démarche» sur le site
www.abilitic.eu
Conclusion : l’Europe doit entreprendre une action
immédiate pour combler ses déficits de compétences
et offrir à ses citoyens de meilleures chances
de réussite sur le marché du travail de demain !
Cette action immédiate s’est traduite par 4
recommandations concrètes en vue de combler
les déficits de compétences en Europe :
1. Mieux inciter les employeurs et les citoyens à
relever les niveaux de compétences ;
2. Renforcer les liens entre les milieux de l’éducation
et de la formation avec celui du travail ;
3. Proposer un meilleur éventail de compétences
mieux adapté aux besoins du marché du travail ;
4. Mieux anticiper les besoins futurs et créer
un monitoring du marché du travail à chaque
niveau (européen, national et local) !
Le groupe d’experts attend de l’ensemble des
partenaires (Etats-membres, partenaires sociaux
et milieux éducatifs) un accueil favorable à ces
recommandations et une mise en œuvre concrète !
Pourquoi les métiers changent-ils
Deux situations peuvent se présenter : d’une part
l’émergence de fonctions entièrement nouvelles
(par exemple : le responsable des achats en
développement durable (3) ) et d’autre part, une
évolution dans des fonctions plus traditionnelles
(par exemple : le technicien en usinage).
Ces deux situations se produisent par l’arrivée
d’une série de facteurs. Citons par exemple :
• les changements technologiques,
• les modifications légales ou réglementaires,
• les changements organisationnels des
entreprises,
• la multiplication des échanges internationaux,
• les changements climatiques et des défis
environnementaux,
• la responsabilité sociale accrue,
• …
Prenons un exemple emblématique pour illustrer
nos propos: le technicien en usinage. En terme
de définition, usiner c’est travailler le métal par
enlèvement de matière.
Par ses missions de conception, de fabrication
et de transformation des pièces, le technicien en
usinage a sa place dans de nombreux secteurs
d’activités : l’automobile (moteur), l’aéronautique
(train d’atterrissage), le médical (broche pour
relier les os), l’agricole (cabine de tracteur), ….
L’ensemble de ces secteurs portent le même
message : ce métier a connu en quelques
années d’énormes évolutions ! Ainsi, même si
ce métier garde ses principes fondamentaux,
l’outil informatisé, appelé commande numérique,
remplace de plus en plus l’équipement manuel.
De plus, l’électro-technique, l’automatisation,
l’informatique et TIC, la miniaturisation… ont pris
place dans la fonction.
Enfin, les problématiques environnementales
deviennent accrues notamment dans l’usage des
matières premières et dans le recyclage.
Les outils régionaux
et communautaires
Certains pays ont développés une méthode et des
instruments afin d’anticiper les nouveaux besoins
sur le marché du travail. Ces études prospectives
sont d’une importance cruciale pour adapter ou
élaborer de nouveaux programmes de formation
initiale et continue. Ces résultats permettent
aussi aux secteurs et aux entreprises de poser
des choix stratégiques pour leur avenir !
Qu’en est-il pour la Région wallonne et la
Communauté française
Plusieurs projets peuvent être mentionnés :
Abilitic, les actions du Plan Marshall et du Plan
Marshall 2.vert.
Projet Abilitic : une démarche
d’anticipation des compétences !
La Wallonie (via des partenaires, à savoir le FOREM,
l’IFAPME, l’IWEPS, et la MIRELUX) a d’abord pris
part au projet Abilitic avec le Luxembourg et la
Lorraine. Le projet s’est terminé en 2007.
L’objectif était de mettre en place un dispositif
interrégional d’anticipation des compétences liées
à l’innovation et aux Technologies de l’Information
et de la Communication (TIC) dans les métiers.
Ce projet a développé un cadre méthodologique
permettant d’étudier 8 métiers sélectionnés et
d’obtenir des résultats concrets en matière de
compétences d’ici 3 à 5 ans. Pour ce faire, il a été
nécessaire d’anticiper :
• les facteurs clés de l’évolution du métier à
moyen terme. Trois actions ont été mises en
œuvre : l’identification des facteurs d’influence,
l’anticipation de leurs évolutions possibles et
la définition des actions permettant d’atteindre
et de se préparer aux évolutions identifiées.
Les experts ont ensuite développé des scenarii
d’évolution et des plans d’actions.
• les compétences clés pour l’exercice du métier
à moyen terme et les modules de formation
associés.
Le travail a porté concrètement sur les métiers
suivants : auditeur en sécurité de l’information,
constructeur d’immeubles en bois, consultant en
sécurité de l’information, ingénieur chargé des
incidents IT, juriste en sécurité de l’information,
mécanicien poids lourds, manager logistique,
ouvrier-installateur en chauffage central.
Le bilan du projet : la méthodologie d’anticipation
des compétences a été transposée au sein de
chaque partenaire et a été expérimentée via
l’étude sur divers métiers dans des domaines
tels que les TIC, la sécurité informatique, la
construction et des métiers comme juriste en
sécurité de l’information, auditeur en sécurité de
l’information, … (4)
Une suite à Abilitic
Dans le prolongement du projet Abilitic, le projet
Abilitic2-Perform est lancé depuis le 1 er novembre
2008 pour une durée de 36 mois.
Globalement, ce projet vise à doter les structures
de formation bénéficiaires d’un service intégré de
prospective compétences mettant l’anticipation
des compétences au service de la formation et
donc de l’employabilité des salariés de la Grande
Région (Wallonie, Communauté française et
germanophone, Luxembourg, Lorraine, Sarre,
Rhénanine Palatinat).
Plan Marshall et Plan Marshall 2.Vert
Le Plan Marshall a prévu «Job Focus». Il s’agit
d’un dispositif de lutte contre les pénuries de
main-d’œuvre en Région wallonne.
Ce dispositif est vu comme un outil
d’identification et d’analyse pointue des métiers
en pénurie afin de comprendre les causes et
mettre en place des plans d’actions spécifiques
dans le but de les réduire (5) .
Job Focus mesure d’une part les pénuries, tente
de comprendre la cause et d’autre part aide à
l’adéquation entre l’offre et la demande. Via ces
analyses, il est clair qu’on ne peut passer à côté
d’une veille des métiers et d’une anticipation de
leurs compétences.
Ce dispositif a été prolongé par le Plan Marshall
2.Vert avec une innovation : une analyse annuelle
de 10 métiers en lien avec les politiques de
développement durable. Par ailleurs, la nouvelle
méthodologie prévoit une veille systématique
sur les potentialités d’évolutions liées aux
composantes environnementales dans tous les
métiers analysés par Job Focus !
Le Plan Marshall 2.vert, dans son axe 6, a prévu
une «alliance emploi environnement».
Via ce plan, la Wallonie souhaite un modèle
de développement économique durable et
solidaire. L’objectif est de créer des emplois
et du développement économique, tout en
apportant des réponses concrètes aux défis
environnementaux.
Projet ambitieux qui va de pair avec le budget :
sur la période 2010-2014, 280 millions y sont
directement consacrés. 600 autres millions
proviennent du financement alternatif.
Une première Alliance Emploi-Environnement est
mise en place intitulée «économies d’énergie et
construction durable». Ce thème a pour objectif
l’amélioration énergétique et environnementale
des bâtiments. Pour répondre à cet objectif, il a fallu
mettre en œuvre des actions de formations aux
métiers relatifs aux économies d’énergie et aux
constructions durables. Ceci permettra d’adapter
l’offre de formation. Ces actions s’inscrivent dans
le plan global relatif à la formation et au capital
humain (premier axe du Plan Marshall 2.vert). On
peut citer les actions suivantes :
• Promotion des métiers verts. Ainsi, 2.541 bénéficiaires
ont été sensibilisés en 2010 sur ces métiers.
• Orientation vers les métiers verts par l’intermédiaire
des essais-métiers. Ainsi, 342 bénéficiaires
en 2010 ont essayé les métiers verts.
• Formation spécifique pour les élèves,
professeurs et demandeurs d’emplois avec
une attention particulière aux nouvelles
compétences et aux nouveaux métiers. Ainsi,
plus de 280.000 heures de formation en 2010
dans des métiers verts ont été dispensées.
• Analyse permanente des besoins via
«JobFocus».
• Octroi des chèques-formation «éco-climat»
aux PME.
En ce qui concerne cette dernière mesure : elle
a vu le jour grâce au plan wallon «Air-climat» en
2007. Il s’agit d’une aide financière à la formation
continue des travailleurs dans le domaine
environnemental. Des formations en pose de
panneaux photovoltaïques, en audit énergétique,
en isolation écologique sont éligibles (6) .
Le Gouvernement wallon a décidé d’octroyer 25.000
chèques supplémentaires par an pendant 2 ans afin
de promouvoir les formations menant à des métiers
émergents en lien avec l’efficience énergétique.
L’application de ces chèques a été suspendue en
2010 pour des raisons budgétaires. Pour faire face à
des nouveaux besoins, les entreprises n’ont pas eu
d’autre choix que d’utiliser les chèques-formations
classiques, comme le montre le tableau ci-dessous,
pour inscrire leurs travailleurs dans des modules
liés à l’efficience énergétique.
Nombre de chèques remboursés
pour les formations éco-climat
Chèques
éco-climat
Chèques
classiques
Total
2009 7.867 18.350 26.217
2010 1.853 25.877 27.730
Le Plan Marshall 2.vert relance le dispositif en prévoyant
170.000 chèques pour les années 2011 à 2014.
Qu’en pense l’UWE
Ces projets évoqués (JobFocus, Alliance Emploienvironnement,
…) sont une nécessité pour
le développement de la Wallonie mais il est
indispensable d’aller plus loin dans la réflexion
sur les métiers verts.
Ainsi, on se doit de chiffrer les résultats de ces
actions ! Par exemple : combien de demandeurs
d’emplois s’orientent professionnellement dans
ces filières suite à un essai-métier ou à une
action de sensibilisation Quelle implantation
d’une même et vraie méthodologie d’anticipation
des compétences pour l’ensemble des opérateurs
de formations et d’enseignement
C’est pourquoi l’UWE recommande d’analyser de
plus près ces actions afin d’en retirer les résultats et
de les corriger si nécessaire. Un baromètre objectif et
transparent des tensions sur les métiers et l’impact
des politiques ciblées est une piste. Il visera à objectiver
les postes disponibles, renforcer leur attractivité
et mesurer l’impact des politiques publiques sur la
satisfaction des emplois concernés !
De plus, l’UWE s’interroge sur l’adaptation
de l’offre d’enseignement en
Communauté française au regard
de ces constants et de la demande
de compétences.
(5) Pour plus d’informations sur ce
dispositif, nous vous conseillons de
lire notre article «Lutte contre les
pénuries- Le point avant la fin du
Plan Marshall» du Dynamisme de
juin-juillet 2009.
(6) Pour plus d’informations sur
le chèque-formation éco-climat,
contactez le service Chèques-
Formation au sein de
FOREM Conseil.
22. Dynamisme Juin-Juillet 2011
Dynamisme Juin-Juillet 2011 .23