Dynamisme 231 - Union Wallonne des Entreprises

Actions / International
EXPORTATIONS WALLONNES
2010, ou la croissance retrouvée…
par Yves-Etienne MASSART
Comme l’ont annoncé récemment Jean-Claude Marcourt, ministre de l’Economie et du Commerce
extérieur wallons, et Philippe Suinen, CEO de l’Awex, l’Agence wallonne à l'Exportation et aux
Investissements étrangers, les exportations wallonnes se portent bien, merci pour elles… Vérité
vérifiable ou méthode Coué
Pour trancher ce dilemme, il suffit de se
pencher sur les chiffres. L’Awex utilise
pour ses études les données émises par
la Banque nationale de Belgique, la BNB, peu
soupçonnable de parti-pris wallon… Et d’après
ces chiffres, les exportations wallonnes ont
affiché une solide progression de 14,8% en 2010
(en excluant le transit de gaz naturel).
Une très belle progression à relativiser avec les
statistiques de l’année précédente… En effet,
en 2009, les exportations avaient plongé d’une
quinzaine de pourcents. Après ce «creux», les
ventes wallonnes ont vivement redémarré l’année
dernière sur la grande majorité des marchés
mondiaux et dans la presque totalité des secteurs
d’exportation. L’augmentation de 14,8% du
commerce extérieur wallon en 2010 est ainsi la
plus forte depuis le millésime exceptionnel de
2000 qui avait vu les exportations croître de 21,7%.
La Wallonie suit le monde
Bien sûr, la Wallonie reste dépendante de la situation
économique mondiale. Le redressement de ses
exportations l’année dernière s’est inscrit pleinement
en phase avec la reprise de la production mondiale
et du commerce international. Selon le FMI, l’économie
mondiale a enregistré en 2010 une croissance
de 5,0%, après avoir connu une contraction de 0,5%
en 2009, ce qui représentait la première récession
globale depuis la seconde guerre mondiale.
En 2010, la conjoncture internationale n’a cessé
de s’améliorer, tirée par le dynamisme des
économies émergentes et en développement d’Asie
et d’Amérique latine (notamment la Chine et le
Brésil) qui se sont montrées remarquablement
résistantes et ont insufflé un nouveau souffle
aux échanges mondiaux. Ces pays ont offert
une source d’opportunités commerciales à
l’économie internationale, ce qui a servi de
catalyseur au retour de la croissance dans
les pays avancés (Amérique du Nord, Europe,
Japon et Australie) dont l’activité fut également
stimulée par des politiques budgétaires et
monétaires très accommodantes. Selon l’OMC,
les exportations mondiales ont bondi de 21,7% en
2010, une performance diamétralement opposée
à l’effondrement de 22,5% connu par les échanges
internationaux en 2009.
Et les voisins
Pour avoir une bonne idée des performances de
la Wallonie, rien de tel que de jeter un œil sur
celles de ses voisins, à la situation historicogéographique
comparable. Sur ce plan, le
mouvement de relance du commerce extérieur
wallon se situe tout à fait dans la tendance
générale affichée en 2010 par les exportations
des régions voisines qui servent de base de
comparaison, mais à un rythme moindre.
En effet, la croissance de nos ventes à l’étranger
(+14,8%) a été plus rapide que celle de la France
(+13,7%), mais se positionne sous les résultats
des Pays-Bas (+20,4%), de la Flandre (+20,3%),
de l’Allemagne (+19,4%) et de l’UE15 (+17,3%).
Par contre, force est de constater qu’en termes
de montants exportés, la Wallonie était beaucoup
plus près de retrouver l’année dernière son niveau
d’exportations d’avant crise (97,5% du total 2008)
que la Flandre (95,0% du total 2008).
De plus, sur une plus longue période (1996 à
2010) – ce qui permet de dégager des tendances
fondamentales –, la Wallonie, avec une croissance
annuelle moyenne de 7,1% de ses exportations,
est un coureur de fond gagnant, qui devance
l’augmentation moyenne des échanges extérieurs
des Pays-Bas (+6,9%), de l'Allemagne (+6,9%),
de la Flandre (+6,0%), de l’UE15 (+5,6%) et de la
France (+4,4%).
Cette avalanche de chiffres prouve finalement que
la Wallonie est depuis plus d’une décennie sur
le bon chemin. Mais qu’elle n’a pas intérêt à se
reposer sur l’accotement…
Quoi et où
Bonne nouvelle : la part des exportations
wallonnes hors Europe continue de croître
significativement. En effet, si ces exportations ont
enregistré en 2010 une poussée notable au sein de
l’UE27 (+14,1%), la part à l’extra-européen atteint
les 17,6%. Pour ces destinations, ces excellents
résultats représentent les taux de progression les
plus rapides réalisés par le commerce extérieur
wallon depuis 2000, qui avait vu croître nos ventes
intracommunautaires et extracommunautaires
respectivement de +20,2% et +30,3%.
Nos exportations sont en expansion dans la
presque totalité des régions hors zone UE27, ce
qui indique que nos entreprises étaient de retour
en force l’année dernière, après un passage à vide
en 2009 (-10,2%), sur les marchés dits à la grande
exportation. Cela traduit, d’une part, la nette
amélioration de l’environnement économique
mondial porté par le dynamisme des économies
émergentes, et, d’autre part, l’effet bénéfique de
la dépréciation de l’euro sur la compétitivité-prix
des produits wallons.
Les dix premiers secteurs d’exportation wallons
comptent pour environ 90% du total de notre
commerce extérieur. Et ces secteurs sont tous en
hausse pour l’année 2010 ! Un bilan aussi positif sur
le plan sectoriel ne s’était pas produit depuis 2004.
Plus précisément, ce sont les produits minéraux
(+28,0%), les matières plastiques et caoutchouc
(+29,7%) et les métaux communs et ouvrages
en ces métaux (+22,4%) qui ont connu les
croissances les plus rapides. En dépit d’une
progression plus modérée, les produits chimiques
(+11,0%) préservent l’année dernière leur place
de premier secteur d’exportation en Wallonie
avec 29,0% du total de notre commerce extérieur.
Quant à la bonne tenue des métaux communs
et ouvrages en ces métaux, qui constituent
notre deuxième poste à l’exportation (17,0%
du total), elle reflète une nette amélioration de
l’environnement du secteur sidérurgique depuis
début 2010, caractérisée par la reprise de la
consommation mondiale d’acier après un creux
conjoncturel considérable qui a perduré toute
l’année 2009.
LES EXPORTATIONS
WALLONNES
ONT AFFICHÉ
UNE SOLIDE
PROGRESSION DE
14,8% EN 2010,
LA PLUS FORTE
AUGMENTATION
DEPUIS 2000.
Cap sur l’Allemagne !
La France est assez naturellement le premier client de la Wallonie, absorbant une trentaine de pourcents
de ses exportations. Le partage de la langue et la proximité culturelle expliquent cet état de fait. Sur la
seconde marche du podium, on trouve un autre voisin, l’Allemagne, avec une quinzaine de pourcents, soit
la moitié de la performance hexagonale.
Or l’Allemagne est la troisième économie mondiale (la première européenne) et le plus gros marché
européen (83 millions d’habitants avec un pouvoir d’achat non négligeable). Si ce n’est la barrière de la
langue, il n’y a pas de raisons que la Wallonie n’exporte pas plus chez ses voisins germaniques.
Partant de ce constat, l’Awex a pris une série de mesures.
Tout d’abord, cette année, c’est le nord de l’Allemagne (dont Brême et Hambourg) qui revêt le
statut de «Région-cible» de l’Awex. Des actions spéciales sont ainsi organisées autour de cette zone
particulièrement intéressante (voir www.awex.be).
Mais surtout, le bureau de Aix-la-Chapelle (Aachen) est devenu une véritable porte d’entrée vers l’Allemagne. Sous la houlette
de Jacques Meesen, attaché économique et commercial (AEC) de l’Awex, de nombreux projets ont vu le jour dans la cité de Charlemagne.
Ainsi, les entreprises désireuses de se lancer disposent dans les locaux «awexiens» d’un bureau, un Welcome Office, mis entièrement à leur
disposition avec les outils de communications adéquats. Mais c’est surtout la formation qui semble la plus intéressante pour nos entreprises. Elle
se décline sous deux angles. Le premier concerne la langue en elle-même. Jacques Meesen et son équipe organisent ainsi des cours adaptés aux
relations commerciales avec des Allemands. Ces cours, animés par des professeurs spécialisés, se donnent à Namur et à Aachen. Le second axe,
corollaire du premier, concerne plus les us et coutumes des entreprises allemandes. Un cours de culture, en quelque sorte, pour apprendre à se
comporter face à un acheteur potentiel sans commettre d’erreur fatale. Il est vrai qu’entre notre culture latine et la rigueur germanique…
50. Dynamisme Juin-Juillet 2011
Dynamisme Juin-Juillet 2011 .51