Les Cahiers deRhizomeSommaire> Dossier4 Accélération et dépression. Réflexions sur le rapport au temps de notre époqueHartmut Rosa14 Mégalopoles, Identités, Citoyenneté - Benedetto Saraceno19 Les migrations internationales, un enjeu mondial - Catherine Wihtol de Wenden28 La prise en compte par l’OCDE de la souffrance au travail et du rôlede la hiérarchie - Veerle Miranda34 La maternité adolescente : au carrefour de la subjectivité et du socialEma Ponce de Léon41 Attachement et mondialisation : l’infanticide, signe d’un malaisedans la parentalité - Jacques Dayan51 Les contradictions de la lutte contre le travail des enfants - Aurélie Leroy56 Expériences humanitaires dans un contexte post-génocide au RwandaAmélie Schafer60 Robustesse et fragilités des synapses sociales - Jean-Pierre Bourgeois65 De la paillasse au divan - Commentaires à partir du texte de Jean-Pierre BourgeoisJoëlle Rochette-Guglielmi69 Clinique de la Mondialité : vers une géohistoire de la rencontre cliniqueDaniel Derivois74 > Bibliographie79 > Actualités
Les Cahiers deRhizomeEdito| Effets psycho-sociaux de la mondialisation sur la santé mentale> Edito Edito Edito Edito Edito• Jean Furtos1. Boucher,M-H. (2005). Laglobalisation.Introduction àl’économie dunouveau monde.Pearsonhaque époque est soumise à de puissants processus qui influencent laC manière dont les gens vivent en société. Notre époque est marquée parles effets psychosociaux de la mondialisation néolibérale, et ce dans les cinqcontinents. Elle produit une précarité qui se caractérise par une incertitudesur le lien social, d’abord constatée sur les plus pauvres et les plus malades,mais non moins présente au cœur de nos sociétés.La langue française nous donne l’opportunité de distinguer deux phénomènestrès différents, bien qu’intriqués 1 : la mondialisation et la globalisation.La mondialisation est un processus de très longue période qui résulte dela croissance des flux migratoires et d’informations à travers les frontièresphysiques et politiques. Ce phénomène prend la dimension d’un « Villageplanétaire » où l’autre est mon voisin. C’est une véritable conscience mondialequi émerge et qui revendique une meilleure gouvernance et une nouvellecitoyenneté. Ce défi est certes périlleux mais vital à relever.La globalisation, elle, représente la prédominance absolue de l’économie demarché, fondée seulement sur la compétitivité et le profit dans tous les pays etsur toutes les activités de production et d’échange de biens et de services.Depuis une trentaine d’années, la dérégulation a consacré le triomphe dumarché sur l’Etat, avec une double émancipation, celle du financier par rapportà l’économique et celle de l’économique par rapport au politique, l’ensembleétant déconnecté du temps social et humain. Les interactions entre l’individuet le collectif deviennent de plus en plus modifiées par la marchandisation,avec des effets psychosociaux de plus en plus évidents.A ce titre, la mondialisation doit être considérée comme un déterminant majeurde santé mentale, au-delà des pathologies psychiatriques, dont il convientd’étudier la compatibilité problématique avec le lien social. C’est pourquoi unrécent congrès de santé mentale s’est tenu à Lyon en octobre 2011 (ONSMP,Centre Hospitalier le Vinatier, Université Lyon1), avec des représentants de45 pays, afin de partager les observations et les pratiques dans ce contexte ;le but est d’envisager des recherches communes et une action convergenteau plan international, en discriminant les effets positifs et négatifs de laglobalisation.Ce cahier de Rhizome (qui sera suivi d’un second cahier orienté sur l’action),se veut l’écho de quelques-unes des interventions du congrès de Lyon.Hartmut Rosa, sociologue allemand, nous entraîne dans la descriptionhallucinante de l’accélération du temps, sans autre but que celui de garderle statu quo ; faute de quoi le temps s’effondre dans la décélération etl’immobilisation, comme en témoigne l’extension mondiale de la dépressionque l’on pourrait aussi bien nommer auto exclusion, exclusion de soi-mêmeet d’autrui, dans une dérive sans but et sans amarre. Alain Ehrenberg avaitparlé de « la fatigue d’être soi ». La seule alternative à l’excitation maniaquedu monde, en l’absence d’un frein régulateur, serait-il de s’enfoncer dansla dépression ou de foncer dans le mur ? Sachant que les idéologies de ladécroissance auraient peu de pertinence, selon Hartmut Rosa.| 1