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Les cahiers de Rhizome : La mondialisation est un déterminant social de la santé mentale| 48lièrement chaque année en France et une dizained’affaires jugées par an. En général, les affaires neconcernent qu’un seul enfant, la répétition connuedu geste infanticide semblait rare jusqu’aux affairesretentissantes de ces dernières années. Lesstatistiques restent très difficiles à établir : desinfanticides réels à ceux supposés et ceux jugés,le nombre diffère. Dans certains pays émergents,le développement exponentiel de la pratique del’échographie s’est accompagné de la multiplicationmassive des avortements sélectifs, diminuantd’autant le taux d’infanticides. En France,l’introduction de moyens contraceptifs a probablementjoué un rôle mais celui-ci semble étrangementsecondaire. La possibilité d’accoucher« sous X » contribue aussi probablement à réduirele taux d’infanticides.L’absence d’investissement :une passion en négatif ?L’infanticide est souvent précédé par l’absenced’investissement de l’enfant, plus rarement parun investissement pathologique (délire, déni degrossesse). Le défaut d’investissement, quandil est massif, s’associe souvent à une grossessecachée et à un accouchement secret. L’enfant aéchappé aux rituels qui l’instituent dans la filiationsymbolique : reconnaissance paternelle et socialeavec la dation du nom. En pratique commune,un enfant est sans nom tant que le père ne s’étaitpas déplacé vers l’institution pour le déposer. Ledéfaut du travail d’humanisation semble prendreracine dans l’absence de déploiement de l’activitéfantasmatique maternelle durant la grossesse.L’investissement du ventre comme lieu d’un êtreen devenir, être du langage et du socius, n’a pus’établir. Cette configuration se retrouve dansde nombreux infanticides, que ceux-ci aient étéprécédés d’une grossesse cachée, cas le plusfréquent, ou bien plus rarement d’un déni de grossesse,voire plus étrangement encore d’une grossessemontrée.Les hypothèses sur le travail psychique contemporainde la grossesse que nous proposons icis’appuient essentiellement sur deux sources : laconnaissance des troubles présentés pendant - etsurtout « autour » - de la grossesse : psychosespuerpérales, perturbations des relations précocesmère-enfant, qui s’instaurent dès la vie fœtale etpsychothérapies psychodynamiques de femmesenceintes. Plusieurs auteurs, proches en cela despremières contributions de la psychiatrie à l’étudedes désordres puerpéraux, font état de phases de« déstructuration » ou s’accordent à attribuer unequalité pseudo psychotique à certaines momentsdu travail psychique ordinaire de la grossesse.Selon Racamier (1979), à certaines étapes, le sensde l’identité personnelle devient fluctuant et fragileet la relation d’objet s’établit sur le mode de laconfusion de soi et d’autrui. Winnicott (1969) a égalementdécrit chez la mère, après l’accouchement,un état psychique particulier, « proche d’une modalitépsychotique », et qu’il qualifie de « maladienormale », la préoccupation maternelle primaire :« cet état organisé (qui serait une maladie, n’étaitla grossesse) pourrait être comparé à un état derepli ou à un état de dissociation ou à une fugue,ou même encore à un état plus profond tel qu’unépisode schizoïde au cours duquel un des aspectsde la personnalité prend temporairement le dessus». L’auteur ajoute : « Je ne pense pas qu’ilsoit possible de comprendre l’attitude de la mèreau début de la vie du nourrisson si l’on n’admetpas qu’il faut qu’elle soit capable d’atteindre cestade d’hypersensibilité - presqu’une maladie -pour s’en remettre ensuite ». Surtout, la plupartdes auteurs insistent sur l’aspect régressif de lamaternité qui va permettre à la femme d’investirson fœtus en s’identifiant à lui. Le désir de dépendance(à la mère, au mari) manifesté par la femmeaurait pour Bowlby une fonction d’activationde l’attachement. Ammaniti et Ballou montrentque la grossesse suit un schéma de « réconciliation» à la mère, centré sur les problèmes dedépendance et d’individuation. La grossesse, ouplus largement l’accès à la « parentalité », ne« saurait se réduire au seul niveau du « fonctionnementmental individuel ». Elle est également lelieu de « passage », ou d’inscription, de multiplessignifications et projections inconscientes, issuesde l’histoire individuelle, conjugale, familiale, et« transgénérationnelle » des deux parents, ettoute problématique transgénérationnelle tendraà être ravivée par la grossesse et l’accès à laparentalité.Ce travail n’est pas achevé à la naissance.L’étonnement des parturientes devant leur enfant,ce « côté toujours un peu médusé de la jeunefemme qui vient d’accoucher » est le signe, selonColette Soler, de sa nature hors symbolique. AnneHenry cite le « travail de jaugeage » qui consisteà le comparer aux individus qui forment sa familleen attribuant chacun de ses traits à telle outelle personne et qui « ne peut structurellement

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