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| La maternité adolescente : au carrefour de la subjectivité et du socialinsulte ma mère, je la défends, je la porte dansmon cœur, tu vois les photos, et nous sommesidentiques. Je veux être coiffeuse, parce quetoutes les femmes de ma famille ont fait de lacoiffure. Eva ressemble bien à moi quand j’étaisun bébé : Elle, je l’aime beaucoup car je n’ai pasma maman. Elle ne s’occupait pas d’elle-même,et je vais m’occuper de moi pour ma fille, pourqu’il ne lui arrive pas la même chose qu’à moi”.Lorsque je l’écoute, je me sens émue par laqualité de la relation avec le bébé, le naturelde ses gestes maternels qui contrastent avecson récit intarissable, l’entrecroisement deplusieurs discours, de mythes et d’histoiresfaites par tous les “autres” de sa vie courte maisintense : de parents, de voisins, d’institutions.Mais ce « discours-autre » a joué et joue un rôleidentifiant fondamental, une sorte d’enveloppede son une identité précaire, en construction.Nous nous interrogeons sur ce mode desubjectivation particulière, à partir du sentimentd’appartenance à un entourage marginalisé,aux liens précaires, marqués par l’abandon et laviolence. Nous nous proposons de l’écouter, etde l’accompagner dans le montage d’une histoireà partir de pièces fragmentaires, avec des airspar moments invraisemblables en attendant queMabela puisse contacter son angoisse et trouversa propre voie.Casa LunasRécemment s’est présentée une situation deconflit, parmi les nombreuses qui dépassentle cadre conjugal et envahissent le milieuinstitutionnel. Mabela arrive à sa séance avecune mauvaise mine mais ne raconte pas cetépisode tout de suite, elle parle de sujetsinsignifiants. Puis elle introduit dans son récitdes faits. Pendant un week-end, ils invitent àpasser avec eux dans la seule chambre dont ilsdisposent, une autre jeune fille de Casa Lunasavec ses deux filles. Cette fille dort dans un lit àcôté du lit du couple. La nuit, Mabela se réveilleet ne trouve pas Marcelo et la fille ; elle sort dechez elle, laissant seuls les trois enfants et elleles voit qui marchent main dans la main. Mabelaraconte des attitudes de séduction sexuelle dela part de Marcelo envers cette fille, autant dansles regards qu´en la touchant. Marcelo le nie.Elle marque aussitôt sa déception avec CasaLunas qui n´a pas cru dans sa propre version.Elle dit que désormais elle viendra seulementle jour où elle aura sa séance avec moi. Noustravaillons sur sa difficulté à mettre des limitesà Marcelo et sur son propre manque de limitesquand elle-même participe à l’invitation de cettecamarade pour cohabiter avec eux un weekend.Elle préfère s’éloigner de Casa Lunas surlaquelle elle projette son hostilité plutôt que des’éloigner de Marcelo et reconnaître la violencede leur couple.Mais au-delà de l’intervention interprétativeadressée à la part conflictuelle de Mabela,comment rendre effective la déconstructionde notre propre idéologie et des préconçusqui peuvent gêner notre écoute, pour pensercette situation dans le cadre des déterminantssocioculturels qui lui sont propres ?Dans cette invitation à cohabiter un week-end semêlent plusieurs niveaux. D’un côté, le besoin denourrir les liens sociaux, en dehors du couple, etd’offrir leur maison à une troisième personne.D’une certaine manière, on peut comprendrecette invitation comme une attitude adolescentepour se socialiser, qui n´exclut pas le manquede discrimination de ce que le fait de dormir tousensemble peut supposer : comme s´il s´agissaitd’une « soirée-pyjama » d’enfant. De l’autre, lebesoin d’introduire une troisième personneévoque la situation œdipienne d’exclusioninclusion,la rivalité et la jalousie. Mais nousvoyons aussi une dimension où il semblepréférable de mettre en gros plan la sexualité,comme une façon d’érotiser la violence, et dequelque manière produire une liaison entrel’érotique et le mortifère. Cela nous rappelle uneforte présence de la violence mortifère inhérenteà l’exclusion sociale, à la violence jouée sifréquemment dans les milieux sociaux exclus.Nous ne pouvons donc pas méconnaître les effetsélaboratifs de ces répétitions qui impliquentnon seulement l’histoire individuelle mais aussi| 39

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