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| Expériences humanitaires dans un contexte post-génocide au Rwandaavec des méthodes isolatrices faisant souvent fidu groupe ou de la communauté d’appartenance :enfants des rues, femmes vivant avec le VIH sida…Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur les programmesqui refusent d’aider ces femmes au seindes associations auxquelles ils appartiennent, etqui leur demandent de se regrouper en fonctionde ces néo-identités. On aurait aussi beaucoup àdire sur les exclusions provoquées par l’appât dugain au sein de ses associations dont les membresse chargent eux-mêmes de faire la chasse àceux qui n’ont pas le droit de prétendre aux aides.Faudrait-il pour autant ne pas mettre en place desdispositifs spécifiques ?Je ne suis pas en train de dire qu’il y ait une façonde faire meilleure qu’une autre. J’insiste surl’importance de disposer de temps pour penser leseffets de ces dispositifs et pouvoir les réajuster aufur est à mesure ; sur l’importance du partage desvaleurs : qui est une mise en commun et non pasune position de l’humanitaire qui se penche sur laculture de l’aidé dans une posture « ethno quelquechose » lui permettant de mieux tenir comptedes usages locaux. J’insiste sur l’importancede laisser une place à l’essai, à la constructiondéconstruction-reconstructiondes programmes.Il s’agit là d’une question de présence, être présentdans la situation, dans un face à face oùchacun interroge et discute les valeurs. Il s’agitd’abord d’une coexistence, de l’acceptation de ladifférence, avant de se laisser dissoudre, transformer,pour co-créer ensemble de la nouveauté.On voit bien là qu’on est dans une position quiporte en elle son lot de violence, car elle confronteà l’altérité, à la culture de l’autre ; elle confronte lesvaleurs propres à l’étrangeté de celles de l’autre.Elle propose de laisser une part à l’incertitude, àla déconstruction des présupposés qui conduisentsouvent à confondre l’environnement et la représentationqu’on en a.C’est, à mon sens, en laissant cet espace pour« l’agressivité créatrice », qu’on peut sortir desmodèles qui canalisent des rapports historiquesde domination, dans lesquels les uns, « ceux duNord », imposent leurs valeurs, tandis que lesautres, « ceux du sud », incorporent ce qui vient dunord comme une valeur absolue, souvent pousséspar la précarité, parfois par opportunisme économique,validant ainsi ce proverbe rwandais qui dit :« celui qui ne sait pas faire autrement se contented’être docile ».Cette réflexion s’enrichit d’une expérience desix années au sein du programme Médecins DuMonde-Ibuka, où nous avons mis en place uncomité de pilotage « double- culture » composé parles membres d’Ibuka et de Médecins Du Monde. Ils’agit d’un espace transitionnel dans lequel sontconfrontées et discutées nos idées, nos positions,nos incohérences. Ce choix fait par Médecins DuMonde est très difficile, il étire le temps, nousamène à ajourner des projets, à faire face auxrapports de force. C’est au sein de ce comité depilotage que les points de blocage sont cristalliséset traités. Cet espace devient un espace créatif sion arrive à surmonter les blessures narcissiquesque cela inflige. C’est un travail long, forcémentconflictuel, mais qui permet à chaque acteur detrouver sa juste place pour faire émerger uneculture commune qui, pour autant, n’efface pasles différences. ||| 59

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