M.-A. Paulze, épouse et col<strong>la</strong>boratrice <strong>de</strong> Lavoisier, Vesalius, VI, 2,105-113, 2000Marie-Anne Pierrette Paulze,épouse et col<strong>la</strong>boratrice <strong>de</strong> LavoisierJ.J. PeumeryRésuméAntoine-Laurent <strong>de</strong> Lavoisier (1743-1794) est sans conteste le fondateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie mo<strong>de</strong>rne et<strong>de</strong> <strong>la</strong> physiologie respiratoire. Marie-Anne Lavoisier, son épouse, fille du fermier général JacquesPaulze, fut pour lui une compagne admirable. Du vivant <strong>de</strong> Lavoisier, elle col<strong>la</strong>bora à son oeuvrescientifique en lui traduisant en français diverses publications et en <strong>de</strong>ssinant toutes les p<strong>la</strong>nchesillustrant son traité <strong>de</strong> chimie; puis, lorsqu'il mourut sur l'échafaud, victime du Tribunal révolutionnaire,en même temps que Jacques Paulze, elle voulut rendre à ce grand savant, <strong>de</strong> renomméemondiale, l'hommage le plus digne <strong>de</strong> lui en publiant ses mémoires inachevés.SummaryAntoine-Laurent<strong>de</strong> Lavoisier (1743-1794), French chemist, was indisputably <strong>the</strong> foun<strong>de</strong>r <strong>of</strong> mo<strong>de</strong>rnchemistry and <strong>of</strong> respiratory physiology. His wife, Marie-Anne Lavoisier, <strong>the</strong> «fermier general»Jacques Paulze's daughter, was for him an admirable companion. During his life, she assisted himin carrying out his work, trans<strong>la</strong>ting for him into French several publications and drawing all <strong>the</strong>exp<strong>la</strong>natory pictures illustrating his Treatise on chemistry. Then, when he was <strong>de</strong>ad on <strong>the</strong> scaffold,victim <strong>of</strong> <strong>the</strong> Revolutionary Tribunal, at <strong>the</strong> same time as Jacques Paulze, she courageouslyen<strong>de</strong>avoured to ren<strong>de</strong>r to this great scientist <strong>the</strong> worthiest homage to him, making known memories<strong>of</strong> what he had begun to do before his execution.Le 8 mai 1794, tombait sous <strong>la</strong> <strong>la</strong>me <strong>de</strong> <strong>la</strong>guillotine <strong>la</strong> tête d'un <strong>de</strong>s plus grands savants que<strong>la</strong> Terre ait porté, Antoine-Laurent <strong>de</strong> Lavoisier. I<strong>la</strong>vait eu le tort <strong>de</strong> mêler <strong>la</strong> politique à sa carrière <strong>de</strong>scientifique. Ses qualités <strong>de</strong> financier, jointes àcelles <strong>de</strong> chimiste et <strong>de</strong> physiologiste, avaient faitque, fils d'un fermier général et époux <strong>de</strong> <strong>la</strong> fille dufermier général Jacques Paulze, il avait acceptécette même charge qui lui revenait légitimement.Il fut arrêté par ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Convention et traduit<strong>de</strong>vant le Tribunal révolutionnaire, le 5 mai 1794;il était accusé, ainsi que vingt-sept autres fermiersgénéraux, d'avoir détourné <strong>de</strong>s fonds pour lesverser aux ennemis <strong>de</strong> <strong>la</strong> République. Tous furentcondamnés à mort et guillotinés, le 19 floréal an II.Ses seuls défenseurs, Loysel et Halle, qui mettaienten relief <strong>la</strong> valeur scientifique du condamné,Dr Jean-Jacques Peumery, 392 avenue du Maréchal<strong>de</strong> Lattre <strong>de</strong> Tassigny, 62100 Ca<strong>la</strong>is, Francene furent pas entendus. Le len<strong>de</strong>main, le mathématicienLagrange, qui avait assisté à l'exécution,disait à l'astronome De<strong>la</strong>mbre : «Il ne leur a falluqu'un moment pour faire tomber cette tête, et centannées peut-être ne suffiront pas pour en reproduireune semb<strong>la</strong>ble» (1).Antoine-Laurent <strong>de</strong> Lavoisier naquit à Paris,le 26 août 1743. Né dans un milieu aisé, il eut <strong>la</strong>possibilité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s poussées, pourlesquelles il était très doué. En 1768, l'Académie<strong>de</strong>s sciences d'accueil<strong>la</strong>it parmi ses membres.Il avait vingt-cinq ans !L'un <strong>de</strong>s plus grands mérites <strong>de</strong> Lavoisier estd'avoir établi le processus qui constitue l'essentiel<strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction respiratoire. Il détruisit <strong>la</strong> vieillethéorie du phlogistique, développée par Stahl,selon <strong>la</strong>quelle le phlogistique, facteur conjectural,était présent dans tous les éléments (2) et (3).105
M.-A. Paulze, épouse et col<strong>la</strong>boratrice <strong>de</strong> Lavoisier, Vesalius, VI, 2, 105-113, 2000Les fonctions financières <strong>de</strong> LavoisierParallèlement à <strong>la</strong> révolution chimique dontLavoisier sortait victorieux, une autre révolution sedérou<strong>la</strong>it dans <strong>la</strong>quelle il était <strong>de</strong>stiné à jouer unrôle tragique (4) et (5). En 1761, il avait reçu unecharge à <strong>la</strong> «Ferme générale», organisme gouvernementalqui prenait à bail <strong>la</strong> perception <strong>de</strong>simpôts indirects à <strong>de</strong>s tarifs exorbitants et suscitait<strong>la</strong> haine <strong>de</strong>s Jacobins. Pourtant, dans cette fonction,Lavoisier avait fait beaucoup <strong>de</strong> choses pourdévelopper l'agriculture en France et améliorer lesconditions économiques et sociales. De <strong>la</strong> grossefortune qu'il avait héritée, il avait consacré une<strong>la</strong>rge part à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> famine,et il avait occupé plusieurs postes <strong>of</strong>ficiels, parmilesquels celui <strong>de</strong> régisseur <strong>de</strong>s poudres et salpêtresen 1775, membre <strong>de</strong> l'Assemblée provinciale<strong>de</strong> l'Orléanais en 1787, commissionnaire <strong>de</strong>s poidset mesures en 1790, secrétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Trésorerienationale en 1791. Il avait été élu membre duComité d'agriculture en 1785; et il avait mis surpied une ferme modèle dans son domaine <strong>de</strong>Fréchines, près <strong>de</strong> Blois, pour démontrer l'avantage<strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie agricole. Mais ses activités<strong>of</strong>ficielles, et notamment sa charge <strong>de</strong> fermiergénéral, l'avaient rendu suspect.Au mois d'août 1792, Lavoisier était explusé <strong>de</strong>son <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> l'Arsenal, et, le 24 novembre1793 (4 frimaire an II), <strong>la</strong> Convention arrêtait lesmembres <strong>de</strong> <strong>la</strong> «Ferme générale», qui furent jugés,le 5 mai 1794. Trois jours plus tard, Lavoisier, ainsique les vingt-sept autres membres, étaient condamnésà mort et exécutés sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong>Révolution (aujourd'hui, p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Concor<strong>de</strong>).Le mariageLes fonctions <strong>de</strong> Lavoisier l'avaient mis enre<strong>la</strong>tion avec le fermier général Jacques Paulzequi sut justement apprécier le mérite <strong>de</strong> son jeunecollègue, et, bientôt, fut heureux <strong>de</strong> lui donner safille en mariage (6). D'abord avocat au Parlement,puis fermier général, Jacques Paulze,homme intelligent et habile, <strong>de</strong>vint directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong>Compagnie <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s. Il avait épousé, en 1752,C<strong>la</strong>udine Thoynet; quelques années plus tard,ilrestait veuf avec trois fils, Balthazar, Christian etJoseph-Marie, et une fille Marie-Anne Pierrette.Née en 1758, Marie-Anne Paulze fut baptiséele 20 janvier <strong>de</strong> <strong>la</strong> même année. Elle n'avait quetreize ans lorsque le contrôleur général Terray,dont elle était <strong>la</strong> petite-nièce, se mit en tête <strong>de</strong> <strong>la</strong>marier au comte d'Amerval, frère <strong>de</strong> <strong>la</strong> baronne <strong>de</strong>La Gar<strong>de</strong>, une amie <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, beaucoup plusâgé qu'elle et sans état. Paulze, au risque <strong>de</strong>compromettre sa fortune, écrivit à son oncle maternel,le puissant contrôleur <strong>de</strong>s finances : «M.d'Amerval ne peut convenir à ma fille, ni à vous, nià moi... ma fille a pour lui une aversion décidée; jene lui ferai certainement pas violence». Ce quiétait exact; mais Paulze, redoutant <strong>de</strong> nouvellessollicitations, se résolut à marier Marie-Anne leplus tôt possible, pour <strong>la</strong> soustraire aux avances<strong>de</strong> d'Amerval; il songea à l'unir à Lavoisier. Lemariage fut décidé au mois <strong>de</strong> novembre 1771.Tous les amis et les parents <strong>de</strong>s Paulze approuvèrentcette union. On craignait cependant <strong>la</strong>désapporbation <strong>de</strong> l'abbé Terray; mais l'abbé accepta<strong>la</strong> situation sans récriminer et rendit sesbonnes grâces à Paulze. Le contrat fut passé, le4 décembre 1771, par Me Duclos-Dufresnoy,notaire <strong>de</strong> l'abbé Terray. Lavoisier était alors âgé<strong>de</strong> vingt-huit ans, Marie-Anne en avait quatorze.Voici leur portrait, d'après <strong>de</strong>s témoignages<strong>de</strong> l'époque :«Lavoisier était grand; il avait les cheveuxchâtains et les yeux gris, <strong>la</strong> bouche petite, unaimable sourire, un regard d'une gran<strong>de</strong> douceur.«Melle Paulze était <strong>de</strong> taille moyenne; elleavait les yeux bleus très vifs, les cheveuxbruns, qui, dans ses portraits, sont recouverts,selon <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> du temps, d'une perruqueblon<strong>de</strong> fort disgracieuse, <strong>la</strong> bouchepetite, le teint d'une gran<strong>de</strong> fraîcheur» (7)D'autres <strong>la</strong> dépeindront plus tard comme unejeune femme ravissante, pleine d'agréments ettrès aimable.106
- Page 1 and 2: Official journal of the Internation
- Page 3 and 4: Editorial, Vesalius, VI, 2, 82, 200
- Page 5 and 6: M. Aleman and J. Locke, two frustra
- Page 7 and 8: M. Aleman and J. Locke, two frustra
- Page 9 and 10: M. Aleman and J. Locke, two frustra
- Page 11 and 12: J.J. Virey et la naissance de la ch
- Page 13 and 14: J.J. Virey et la naissance de la ch
- Page 15 and 16: J.J. Virey et la naissance de la ch
- Page 17 and 18: J.J. Virey et la naissance de la ch
- Page 19 and 20: J.J. Virey et la naissance de la ch
- Page 21 and 22: Oriental medical manuscripts in Uzb
- Page 23 and 24: Oriental medical manuscripts in Uzb
- Page 25: Oriental medical manuscripts in Uzb
- Page 29 and 30: M.-A. Paulze, épouse et collaborat
- Page 31 and 32: M.-A. Paulze, épouse et collaborat
- Page 33 and 34: M.-A. Paulze, épouse et collaborat
- Page 35 and 36: Physiology at the University of Tur
- Page 37 and 38: Physiology at the University of Tur
- Page 39 and 40: Physiology at the University of Tur
- Page 41 and 42: La collection Léo-Errol Pariseau,
- Page 43 and 44: La collection Léo-Errol Pariseau,
- Page 45 and 46: La collection Léo-Errol Pariseau,
- Page 47 and 48: La collection Hiram Winnet Orr, Ves
- Page 49 and 50: La collection Hiram Winnet Orr, Ves
- Page 51 and 52: Vesalius, VI, 2, 130-132, 2000Place
- Page 53 and 54: Vesalius, VI, 2, 130-132, 2000The b
- Page 55 and 56: Vesalius, VI, 2, 133-135, 2000Finan
- Page 57 and 58: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000Compt
- Page 59 and 60: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000chang
- Page 61 and 62: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000Il y
- Page 63 and 64: Vesalius, VI, 2, 136-150, 20006. Ra
- Page 65 and 66: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000les c
- Page 67 and 68: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000Grèc
- Page 69 and 70: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000et l'
- Page 71 and 72: Vesalius, VI, 2, 136-150, 2000Disco
- Page 73 and 74: Vesalius, VI, 2, 151-154, 2000unive
- Page 75 and 76: Vesalius, VI, 2,151-154, 2000Sleim
- Page 77 and 78:
Vesalius, VI, 2, 156, 2000Informati
- Page 79 and 80:
Vesalius, VI, 2,157-159, 20008-14 J
- Page 81 and 82:
Vesalius, VI, 2,160, 2000Applicatio