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Official journal of the International Society Revue officielle de la ...

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M.-A. Paulze, épouse et col<strong>la</strong>boratrice <strong>de</strong> Lavoisier, Vesalius, VI, 2,105-113, 2000Le salon <strong>de</strong> Madame Lavoisier - Le comte<strong>de</strong> RumfordMarie-Anne Lavoisier habitait alors un hôtel <strong>de</strong><strong>la</strong> rue d'Anjou-Saint-Honoré; elle avait ouvert sonsalon, où se retrouvaient périodiquement les hommes<strong>de</strong> sciences les plus illustres, De<strong>la</strong>mbre, Cuvier,Prony, Lagrange, Lap<strong>la</strong>ce, Berthollet, Arago,Biot, Humboldt... Sur le point <strong>de</strong> partir pour lesAmériques, Dupont <strong>de</strong> Nemours écrivit plusieurslettres d'adieu à Marie-Anne. Avant <strong>de</strong> s'embarquer,le 16 septembre 1799, il déc<strong>la</strong>rait encore :«Il faut bien vous aimer d'amour, avec unenuance ou avec l'autre. J'ai l'expérience quevous n'êtes pas propre à l'amitié. Vousn'avez ni ses épanchements, ni son intérêt, nises conso<strong>la</strong>tions, ni ses conseils, ni sescaresses, ni ses discours, ni son doux silence.Où cesse votre tendresse, tout cesse.Vous <strong>de</strong>venez froi<strong>de</strong>, dure, querelleuse, etc'est l'expression désobligeante qui arrived'elle-même sur vos lèvres» (18).Marie-Anne ne répondit pas à cette lettre;elle ne partageait plus cette passion amoureuse.L'avait-elle seulement partagée ?Parmi les habitués <strong>de</strong> son salon, figurait lecomte <strong>de</strong> Rumford. Né en Amérique en 1753,Benjamin Thompson n'avait pas épousé <strong>la</strong> cause<strong>de</strong> ses concitoyens; il combattit dans les rangs <strong>de</strong>l'armée ang<strong>la</strong>ise, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> l'Indépendanceaméricaine; il parvint au gra<strong>de</strong> <strong>de</strong> lieutenant-colonelet reçut en Angleterre le titre <strong>de</strong>chevalier. En 1790, il passa au service <strong>de</strong> <strong>la</strong>Bavière, en tant qu'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp <strong>de</strong> l'ElecteurKarl-Theodor, qui le désigna comme surintendant<strong>de</strong> <strong>la</strong> police. Il fut nommé «comte <strong>de</strong>Rumford» par l'Electeur. Rumford se fit remarquerpar ses qualités d'administrateur et <strong>de</strong> physicien;il faisait <strong>de</strong>s expériences remarquablessur <strong>la</strong> chaleur et <strong>la</strong> lumière, inventait le chauffagepar <strong>la</strong> vapeur et, en observant le dégagement <strong>de</strong>chaleur provoqué par le forage <strong>de</strong>s canons,découvrait <strong>la</strong> transformation du mouvement encalories. Il détruisit <strong>la</strong>théorie du calorique, commeLavoisier avait détruit celle du phlogistique.Si Rumford apporta <strong>de</strong> nombreuses réformessociales, il eut aussi une activité scientifiqueoriginale qu'il employait à perfectionner les foyerset les cheminées; on lui attribue l'invention d'unecasserole à double fond, d'une cuisinière, d'unecafetière verseuse à filtre. Il introduisit <strong>la</strong> culture<strong>de</strong> <strong>la</strong> pomme <strong>de</strong> terre qui <strong>de</strong>vint un aliment <strong>de</strong>base; c'est leur politique agricole commune quirapporcha Rumford du ménage Lavoisier et lesdisposa à <strong>de</strong>s rapports amicaux. A <strong>la</strong> mort <strong>de</strong>l'Electeur, Rumford quitta <strong>la</strong> Bavière et vint sefixer en France. Il <strong>de</strong>manda Marie-Anne enmariage, et celle-ci, voyant en lui un hommecomme Lavoisier attaché aux progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong>science et un bienfaiteur <strong>de</strong> l'humanité, accepta<strong>de</strong> l'épouser. Le mariage eut lieu le 22 novembre1805. Elle avait quarante-sept ans, et lui cinquante-<strong>de</strong>ux.Mais il y eut une incompatibilitéd'humeur, <strong>de</strong>s heurts fréquents entre les <strong>de</strong>uxépoux; le ménage se dégrada progressivement,et leur union se solda par une séparation àl'amiable en 1809. Rumford mourut en 1814.L'apogée du salon <strong>de</strong> Madame LavoisierGuizot, qui fréquenta le salon <strong>de</strong> «Mme <strong>de</strong>Rumford», dit: «Depuis cette époque, et pendantvingt-sept ans, aucun événement, on pourraitdire aucun inci<strong>de</strong>nt, ne dérangea plus Mme <strong>de</strong>Rumford dans sa noble et agréable façon <strong>de</strong>vivre. Elle n'appartint plus qu'à ses amis et à <strong>la</strong>société qu'elle recevait avec un mé<strong>la</strong>nge assezsingulier <strong>de</strong> ru<strong>de</strong>sse et <strong>de</strong> politesse, toujours <strong>de</strong>très bonne compagnie et d'une gran<strong>de</strong> intelligencedu mon<strong>de</strong>, même dans ses brusqueries<strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage et ses fantasmes d'autorité» (19). Ilest certain que l'âge et les souffrances qu'elleavait endurées avaient influé sur sa personnalité.Ses jolis traits <strong>de</strong> visage s'étaient durcis, sasilhouette s'était épaissie, <strong>de</strong> telle sorte que les<strong>de</strong>scriptions qu'on a d'elle à cette pério<strong>de</strong> - etnotamment celles <strong>de</strong> A.F. <strong>de</strong> Frénilly, GeorgesSand, P. Mérimée, A. De<strong>la</strong>hante - sont beaucoupmoins f<strong>la</strong>tteuses que celles du début. Les sobriquetsdép<strong>la</strong>isants tirés <strong>de</strong> sa conformation physiquene manquaient pas.112

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