M.-A. Paulze, épouse et col<strong>la</strong>boratrice <strong>de</strong> Lavoisier, Vesalius, VI, 2,105-113, 2000<strong>de</strong> Lavoisier accueil<strong>la</strong>ient également les jeunesgens qui avaient <strong>de</strong>s dispositions pour les sciences;il leur ouvrait son <strong>la</strong>boratoire, et les mettait enre<strong>la</strong>tions avec les érudits qui le fréquentaient.Jamais Lavoisier ne communiqua une découverteà l'Académie, sans avoir préa<strong>la</strong>blementrépété l'expérience en présence <strong>de</strong>s savants quivenaient lui rendre visite; il exigeait leurs critiqueset soumettait ses idées à leur accord.Les premiers déboiresLavoisier faisait, chaque année, <strong>de</strong>ux séjours<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois semaines dans son domaine<strong>de</strong> Fréchines. Et Marie-Anne dit :«C'est dans cette habitation qu'il fal<strong>la</strong>it le voir,au milieu <strong>de</strong> tous les habitants, faisant lemagistrat <strong>de</strong> paix... donnant l'exemple <strong>de</strong> toutesles vertus patriarcales, soignant les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s...,fondant une école pour <strong>la</strong> générationqui, avant lui, s'élevait sans aucune culture,faisant livrer ses <strong>de</strong>nrées au marché toujoursau-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s cours pour ménager <strong>la</strong> délicatesse<strong>de</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s habitants...».En réalité, Marie-Anne n'aimait pas cette viechampêtre; elle préférait rester à Paris et y recevoirleurs amis. Parmi eux, Pierre-Samuel Dupont<strong>de</strong> Nemours tomba en admiration <strong>de</strong>vant lecharme<strong>de</strong> Marie-Anne. Leur idylle commença en 1781,pendant l'une <strong>de</strong>s nombreuses absences <strong>de</strong> sonmari. La date <strong>de</strong> 1781 serait confirmée par <strong>de</strong>uxlettres <strong>de</strong> Dupont à Marie-Anne Lavoisier : l'une,datée du 23 octobre 1798, évoque «dix-sept annéesd'intimité»; l'autre, d'avril 1815, rappelle «l'invio<strong>la</strong>bleet tendre attachement qu'il lui a voué<strong>de</strong>puis trente-quatre ans» (11).Dupont <strong>de</strong> Nemours avait presque vingt ans<strong>de</strong> plus qu'elle, mais il exerçait sur elle un certainascendant par sa gaieté communicative, saverve, ses idées peu orthodoxes. Le coupleLavoisier ne semble pas avoir été perturbé par<strong>la</strong> présence <strong>de</strong> Dupont, «qui resta l'ami fidèle etsincère <strong>de</strong> Lavoisier». La vie intime <strong>de</strong> ce<strong>de</strong>rnier est mal connue; on trouve cependantécrit sur lui : «Il ne tient aucune p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong>chronique scandaleuse du XVIIIe siècle» (12).Peu après <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bastille, en dépit <strong>de</strong>sexécutions sommaires, <strong>la</strong> vie mondaine continuaità Paris. Le 25 septembre 1789, GouverneurMorris, alors ministre plénipotentiaire <strong>de</strong>sEtats-Unis en France, se rendit à l'Opéra, où ilrencontra Marie-Anne. L'ayant raccompagnée àl'Arsenal, elle lui <strong>of</strong>frit le thé, en attendant le retour<strong>de</strong> Lavoisier, appelé à l'hôtel <strong>de</strong> ville. CommeMarie-Anne confiait à son invité qu'elle n'avaitpas d'enfants, et que celui-ci l'appe<strong>la</strong>it gentimentparesseuse, elle lui répondit, les <strong>la</strong>rmes auxyeux, qu'elle n'avait pas eu <strong>de</strong> chance. LorsqueLavoisier arriva, ce fut pour leur parler <strong>de</strong> l'obstination<strong>de</strong>s bou<strong>la</strong>ngers, qui menaçaient <strong>la</strong> municipalité<strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> cesser leur commerce, si l'un<strong>de</strong>s leurs, emprisonné, n'était pas relâché (13).Lorsqu'il apprit qu'il était sur <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s fermiersgénéraux accusés <strong>de</strong> crime contre <strong>la</strong> République,Lavoisier courut se réfugier chez unancien huissier <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong>s sciences, Lucas,qui habitait encore au Louvre. Celui-ci lecacha dans les locaux où l'Académie tenait sesséances. Lavoisier pensait que l'urgence <strong>de</strong> sesservices à <strong>la</strong> Commission <strong>de</strong>s poids et mesurespourrait le préserver du sort tragique <strong>de</strong>s fermiersgénéraux; mais il renonça à <strong>la</strong> lutte; il quitta l'asilehospitalier du Louvre, et vint se constituer prisonnier.Le même jour - le 8 frimaire - il était enfermé,ainsi que son beau-père Jacques Paulze, à <strong>la</strong>prison <strong>de</strong> Port-Libre, bâtie sur l'ancien couvent <strong>de</strong>Port-Royal. Il écrivit à sa femme qu'il seraitsouvent dérangé dans son travail : «on pose <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>nches, on cloue, on scie, on charpente». Ils'en amusait presque.Cependant, Marie-Anne ne restait pas inactive;elle multipliait les démarches, malgré lesrecommandations <strong>de</strong> son mari <strong>de</strong> ménager sasanté. En dépit <strong>de</strong> tous ses efforts, elle ne putobtenir que le droit <strong>de</strong> visite à son époux à <strong>la</strong>prison <strong>de</strong> Port-Libre. Par l'intermédiare du phar-109
M.-A. Paulze, épouse et col<strong>la</strong>boratrice <strong>de</strong> Lavoisier, Vesalius, VI, 2,105-113, 2000macien Pluvinet, fournisseur et ami <strong>de</strong> Lavoisier,elle eut le droit <strong>de</strong> se rendre chez Dupin, députéqui aurait pu sauver son mari; mais l'attitu<strong>de</strong>hautaine <strong>de</strong> Marie-Anne déplut à Dupin qui ne fitrien en faveur <strong>de</strong> Lavoisier (14). Risquait-elle saliberté ou peut-être sa vie en multipliant les démarchesau pr<strong>of</strong>it <strong>de</strong> son père et <strong>de</strong> son mari ?La veuve LavoisierEt le 8 mai 1794 arriva... Dans le même jour,Marie-Anne vit périr son père (il précédait Lavoisierdans <strong>la</strong> fournée), son mari, ses amis les pluschers. Dépouillée <strong>de</strong> sa fortune, seule, sansparents (elle avait perdu son frère Christian quelquesmois auparavant), n'ayant pas eu d'enfants<strong>de</strong> son mariage, isolée dans son hôtel particulierdu boulevard <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>de</strong>leine, elle ne pr<strong>of</strong>itaitmême pas du silence et du repos pour mesurerl'étendue <strong>de</strong> sa douleur et pleurer ses morts; il luifal<strong>la</strong>it encore subir <strong>de</strong>s visites domiciliaires. Tousles biens <strong>de</strong> Lavoisier étaient confisqués et appartenaientà <strong>la</strong> Nation, qui <strong>de</strong>vait en prendrepossession. Dès le 30 mai 1794, le pharmacienQuinquet entreprit l'inventaire <strong>de</strong>s objets qui pouvaientêtre requis pour le service <strong>de</strong>s hôpitaux(verrerie, matériel <strong>de</strong> chimie, mercure, oxy<strong>de</strong>rouge, appareils <strong>de</strong> physique les plus récents ettrès précis, d'une gran<strong>de</strong> valeur).Quant à Marie-Anne, elle fut arrêtée, le 14 juin,par ordre du Comité <strong>de</strong> Sûreté générale et incarcéréeà <strong>la</strong> maison d'arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>s-Capucines; les scellés furent apposés sur sesmeubles et sur ses appartements privés. Après le27 juillet, <strong>la</strong> «veuve Lavoisier» s'adressa au Comitérévolutionnnaire <strong>de</strong> sa section, qui lui délivraun certificat favorable pour le Comité <strong>de</strong> Sûretégénérale; elle obtint enfin sa mise en liberté, le 17août 1794. Dépossédée <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> son père et<strong>de</strong> son mari, ainsi que <strong>de</strong> ses faibles revenus,Marie-Anne fut réduite, pour subsister, à accepterles secours d'un serviteur fidèle, Masselot, qui sefit un <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> <strong>la</strong> nourrir du produit <strong>de</strong> son travail.Heureusement, fut promulgué le décret du 13ventôse (appliqué le 3 mai 1795), par lequel <strong>la</strong>Convention décidait que «les objets mobiliersconfisqués seraient restitués aux héritiers <strong>de</strong>scondamnés, les séquestres levés sans dé<strong>la</strong>i et <strong>la</strong>valeur <strong>de</strong>s biens vendus remboursée sur le pied etaux condition <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente». Le 21 messidor (10juillet 1795), paraissait <strong>la</strong> «Dénonciation <strong>de</strong>s veuveset <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>s ci-<strong>de</strong>vant fermiers générauxcontre le représentant du peuple Dupin»,celui-là même qui avait dénoncé à <strong>la</strong> tribune lesexactions et les concussions <strong>de</strong>s «sangsues dupeuple». Il n'est pas impossible que l'ar<strong>de</strong>nteMarie-Anne ait été l'inspiratrice <strong>de</strong> cette riposte, oumême qu'elle l'ait rédigée, car on a retrouvé dansses papiers <strong>de</strong>s épreuves corrigées <strong>de</strong> sa main.Active et courageuse, Marie-Anne Lavoisiers'empressa <strong>de</strong> pr<strong>of</strong> iter <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 13 ventôse; elleobtint, au mois d'avril 1796, <strong>la</strong> restitution <strong>de</strong>smeubles, <strong>de</strong>s papiers, <strong>de</strong>s livres, <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong><strong>la</strong>boratoire. Les ordres <strong>de</strong> restitution portaient <strong>la</strong>mention : «Veuve <strong>de</strong> Lavoisier, injustement condamné».Il lui fut permis <strong>de</strong> toucher ses revenus,et <strong>la</strong> première chose que fit cette «âme généreuse»fut <strong>de</strong> récompenser par <strong>de</strong>s dons <strong>de</strong>terres les serviteurs qui lui étaient restés fidèles- Louis-Antoine Masselot, en particulier, reçut enpartage les terres sises aux Batignolles. Elleexprima toute sa gratitu<strong>de</strong> à l'abbé Morellet,l'auteur du «Cri <strong>de</strong>s familles», en lui <strong>of</strong>frant 100louis; et, à partir <strong>de</strong> 1816, elle lui fit verser unepension. Elle témoigna aussi sa reconnaissanceenvers le Lycée <strong>de</strong>s Arts qui avait eu <strong>la</strong> témérité<strong>de</strong> couronner Lavoisier, l'avant-veille <strong>de</strong> sa mort,dans les cachots <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conciergerie.La poursuite <strong>de</strong> l'oeuvre <strong>de</strong> LavoisierPendant les années qui suivirent l'exécution<strong>de</strong>s fermiers généraux, Marie-Anne s'employasurtout à poursuivre l'oeuvre entreprise par sonmari et interrompue par <strong>la</strong> mort.En 1792, Lavoisier avait envisagé <strong>de</strong> publierses principaux mémoires et d'y ajouter les travauxd'autres savants qui avaient contribué àjeter les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie mo<strong>de</strong>rne.110
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