Adolescence et santé - Inpes
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A D O L E S C E N C E E T S A N T Épositive du risque que la société progresse », affirme DominiqueCharv<strong>et</strong> 22 . Mais lorsque le risque est pris de façon inconsidérée <strong>et</strong>sans mesure, lorsqu’il devient une habitude ou lorsqu’il est tournévers un objectif de destruction de soi ou/<strong>et</strong> des autres, alors il y adanger. Et c’est ce risque-là qu’il faut tenter de prévenir, même sila limite entre le « risque nécessaire » <strong>et</strong> le « risque à éviter » estparfois difficile à établir.« Le jeusymboliqueavec la mort estune manièreradicale maispuissante dequestionner lesens de la vie ».DavidLe Br<strong>et</strong>onLe risque pour se détruireLorsque le comportement à risque a des fins destructrices,lorsque « c’est le danger qui donne toute sa valeur à l’exploit 23 »,alors il faut chercher à le prévenir. « Le risque pour le risque » n’estplus ici un acte émancipateur visant à une intégration dans lasociété ; il cherche au contraire la rupture avec elle, tout en attirantl’attention sur son auteur. Être en rupture avec le monde, lesautres, la société, cela va parfois jusqu’à quitter le monde, s’enexclure à jamais. L’adolescent peut alors risquer la mort ; il peuttenter de se suicider. Comme si seule la violence de la conduitepouvait perm<strong>et</strong>tre de « changer la vie ». Il peut arriver que l’oncherche à se tuer pour ne pas mourir… <strong>et</strong> l’on sait que certainestentatives de suicide peuvent être interprétées comme un appeldésespéré, un ultime recours pour renouer le dialogue. « L’entr<strong>et</strong>ienavec l’adolescent suicidant révèle rarement une intention claire demourir », mais plutôt « une manière brutale de libérer une tensionintérieure réprimée », une manière de m<strong>et</strong>tre en acte une souffrancepour la faire entendre <strong>et</strong> trouver ainsi un soutien 24 . Larecherche de sensations fortes, le goût du vertige, d’une intensitéd’être peuvent également mener à des prises de risque physiques,à des sports extrêmes donnant un moment l’illusion d’une toutepuissance,d’une souverain<strong>et</strong>é sur soi <strong>et</strong> sur l’environnement. Endéfinitive, on peut dire avec David Le Br<strong>et</strong>on que « le jeu symboliqueavec la mort est une manière radicale mais puissante dequestionner le sens de la vie 25 ».La prise de risque <strong>et</strong> le groupeMême si le groupe peut parfois avoir un eff<strong>et</strong> protecteur 26 ,c’est souvent en groupe que le risque se prend, avec ou face à lui.– D’abord, la proximité des autres adolescents au sein dugroupe génère, dans certaines circonstances, un trop-plein d’excitationque les jeunes peuvent chercher à évacuer dans des actions22. Charv<strong>et</strong> D. Jeunesse, le devoir d’avenir. Rapport de la commission présidée parDominique Charv<strong>et</strong>, Commissariat général du Plan, mars 2001 : 441 p.23. Difficile adolescence. Op. cit. : p. 77.24. Le Br<strong>et</strong>on D. Passions du risque. Paris : Métailié, 1991 : 186 p.25. Le Br<strong>et</strong>on D. (dir.) L’adolescence à risque. Op. cit. : p. 5.26. Le risque pris seul peut être fatal, la tentative de suicide en est un exemple.24