A D O L E S C E N C E E T S A N T ÉLa consommationrégulièred’un produitou la polyconsommationest surtoutrévélatriced’un mal-êtrepouvantconduire à ladépendanceou à l’exclusionsociale.correspond au souhait de se conformer au comportement despairs : on boit ou on fume pour faire comme les copains, pourfaire partie du groupe, pour faire la fête ensemble (c’est particulièrementle cas pour la consommation d’alcool).Mais lorsque les motifs évoqués sont « l’appréciation dugoût », « la recherche de l’eff<strong>et</strong> 5 », alors la consommation est plusproblématique, car elle concerne des jeunes qui fument ou/<strong>et</strong>boivent non plus de façon occasionnelle mais régulièrement, voirequotidiennement. Le passage d’une consommation occasionnelleà ce type de consommation peut s’expliquer par une multitude defacteurs, en premier lieu la rupture scolaire <strong>et</strong> la difficulté d’autonomisation6 . Ainsi, la consommation régulière d’un produit ou lapolyconsommation est surtout révélatrice d’un mal-être 7 pouvantconduire à la dépendance ou à l’exclusion sociale.Des enquêtes réalisées auprès de jeunes d’Île-de-France 8montrent que la polyconsommation régulière associant cannabis,alcool, tabac <strong>et</strong> la monoconsommation élevée concernent plusfréquemment des jeunes en difficulté scolaire, ayant une vie familialeconflictuelle <strong>et</strong> exprimant, notamment pour les « gros » usagers decannabis, des inquiétudes quant à l’avenir. Les « polyconsommateursréguliers » comm<strong>et</strong>tent davantage d’actes de transgression, notammentdans les établissements scolaires ; ils exercent une violencedirigée vers les autres <strong>et</strong> eux-mêmes (tentatives de suicide, parexemple) <strong>et</strong> sont davantage victimes de violence. Enfin, ils ont plusfréquemment des comportements à risque qui se manifestent dansleur vie sexuelle (moindre utilisation de préservatifs lors du premierrapport sexuel, fréquence plus élevée de rapports sexuels sans utilisationde contraceptifs) 9 <strong>et</strong> dans la fréquence des accidents de deuxroues 10 .Aujourd’hui, les jeunes sont-ils nombreux à avoir uneconsommation problématique ? Dans quelle proportion fumentils,boivent-ils de l’alcool de façon occasionnelle ? Qui sont cesjeunes ? Ce chapitre dresse un état des lieux précis de la consom-5. Men<strong>et</strong>rey A.-C. « L’alcool, le tabac… ». In : Michaud P.-A., Alvin P., DeschampsJ.-P. <strong>et</strong> al. (dir.) La santé des adolescents. Op. cit. : p. 389.6. Choqu<strong>et</strong> M., Ledoux S. Adolescents. Enquête nationale. Analyses <strong>et</strong> prospective.Paris : Inserm, 1994.7. Observatoire régional de la santé (ORS) Île-de-France, Centre régional d’information<strong>et</strong> de prévention du sida (Crips) Île-de-France. « Usages de produits psychoactifs<strong>et</strong> conduites associées chez les jeunes d’Île-de-France ». Bull<strong>et</strong>in de santé2000, n° 2 : p. 3.8. ORS Île-de-France, Crips Île-de-France. Art. cit. : 4 p.9. ORS, Île-de-France, Crips Île-de-France. Art. cit. : p. 4.10. Embersin C., Grémy I. Conduites à risques chez les jeunes de 12 à 19 ans enÎle-de-France. Analyse régionale du Baromètre santé jeunes 97/98 du CFES. RapportORS Île-de-France-CFES, mars 2000.66
L E S S U B S T A N C E S P S Y C H O A C T I V E Smation de produits psychoactifs chez les jeunes scolarisés ; ilsouligne également les caractéristiques de ceux qui fument régulièrementdu cannabis <strong>et</strong> fait un point sur la polyconsommation.LE TABACFumeur : personne qui fume, ne serait-ce que de temps en temps.Fumeur régulier : personne qui fume au moins une cigar<strong>et</strong>te par jour.Fumeur occasionnel : personne qui fume moins d’une cigar<strong>et</strong>te par jour.La consommation de tabacLes jeunes dans leur ensembleSur l’ensemble des jeunes de 12 à 25 ans (scolarisés <strong>et</strong> nonscolarisés), un peu plus d’un sur trois (37 %) fume, ne serait-ceque de temps en temps (contre 32 % des adultes de 26 à 75 ans).Le pourcentage de jeunes fumeurs varie selon l’âge. Simoins d’un jeune sur dix (8 %) fume entre 12 <strong>et</strong> 14 ans, près d’unsur deux (48 %) fume entre 20 <strong>et</strong> 25 ans. Des différences decomportement s’observent aussi selon le sexe. De 12 à 19 ans, lesfilles sont un peu plus nombreuses à déclarer fumer que lesgarçons, mais ensuite, la tendance s’inverse.Par ailleurs, les jeunes qui commencent à fumer deviennenttrès rapidement des fumeurs réguliers (c’est-à-dire consommantau moins une cigar<strong>et</strong>te par jour). Ainsi, de 12 à 14 ans, lamoitié des fumeurs sont des fumeurs occasionnels, mais, dèsl’âge de 15 ans, la majorité des fumeurs sont des fumeurs réguliers(fig. 9).L’évolution du tabagisme des jeunesau cours des années 1990• Les jeunes de 12 à 19 ansSi l’on compare les deux enquêtes du Baromètre santé réaliséesen 1997 <strong>et</strong> en 1999 11 , on constate que la part des jeunesfumeurs de 12 à 19 ans est restée constante d’une enquête àl’autre. Dans les deux cas, 30 % environ des jeunes déclarentfumer, ne serait-ce que de temps en temps. Une différence apparaîtcependant entre les filles <strong>et</strong> les garçons : la comparaison desdeux enquêtes montre une stabilité du tabagisme des garçons,mais une augmentation de celui des filles (30 % en 1997 contre33 % en 1999).De 12 à 14 ans,la moitié desfumeurs sontdes fumeursoccasionnels,mais, dès l’âgede 15 ans, lamajorité desfumeurs sontdes fumeursréguliers.11. Cf. Baromètre santé jeunes 97/98, Vanves : CFES, 1999, <strong>et</strong> Baromètre santé2000, vol. 2 : Résultats, Vanves : CFES, 2001.67