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Mémoires pédagogiques et sociales /L’ÉCoLe DeS BarriCaDeS/
pements syndicaux et politiques à ce sujet
ne sont pas ceux auxquels on aurait pu
penser. les deux minorités opposées – syndicaliste-révolutionnaire
pure et stalinienne –
se retrouvent en effet sur un soutien à la pédagogie
alternative la plus radi cale autour
de freinet.
il y a une sorte de retournement des allian -
ces quand il s’agit de l’engagement dans ce
qui est en train de devenir la péda gogie
freinet. mais le soutien pour les pédagogies
radicalement subversives est conjoncturel
pour les staliniens, seul le bon syndicat dirigé
par le bon parti constituant pour eux les éléments
d’une contre-société communiste, alors
que pour les syndicalistes-révolutionnaires il
est nécessaire dès maintenant de créer des
institutions autogestionnaires et ouvrières. il
s’agit dans le cadre de l’éducation de pratiquer
l’alternative sociale : coopération plutôt que
compétition, égalité plutôt que hiérarchie. il
est évident que c’est du côté de ces derniers
que l’on trouve la tradition du socialisme antiautoritaire.
QdC – Célestin freinet ne pensait pas visiblement
que la pédagogie pouvait se suffire
à elle-même et il prend soin d’inscrire sa pédagogie
émancipatrice dans un projet social
plus large. Quelles sont les divergences entre
freinet et la pédagogie montessori sur ce
point ? Peux-tu aussi nous rappeler les liens
entre freinet et la fue ?
G. l. P.– freinet a pu se moquer de montessori
qu’il appelait la dottoressa. Cependant il a
trouvé certaines de ses recherches pédagogiques
dignes d’être utilisées et analysées.
montessori, comme d’autres pédagogues de
l’Éducation nouvelle, était lue et travaillée
par freinet (alors que les staliniens les vilipendaient
comme bourgeois), mais il n’a
cessé d’être critique envers l’idée que l’éducation
seule pouvait changer la société et par
exemple empêcher les guerres. Rien de mieux
qu’une bonne révolution pour avoir une
école vraiment populaire et émancipatrice !
encore faut-il qu’elle soit préparée correctement.
Pour le freinet de cette époque c’est
au syndicat qu’une telle tâche incombe. la
pédagogie émancipatrice permet de penser
‘’
mes engagements syndicaux
dans des fédérations syndicales
révolutionnaires/autogestionnaires
qui étaient en train de redécouvrir
les liens entre révolution sociale
et pédagogique m’ont aussi conduit
à vouloir voir ce qui s’est fait avant
dans ce domaine.
‘’
son émergence. C’est une condition de possibilité
d’un socialisme en ce qu’il tente de
se pratiquer déjà. il lui est évident que le
syndicat est l’organisme par excellence de
coopération des éducateurs révolutionnaires.
C’est en son sein qu’il crée des coopératives,
qu’il pratique la correspondance scolaire,
qu’il théorise, qu’il échange.
le départ vers la CGt de militants de la
fue écœurés par les staliniens et le conflit
avec la direction fédérale qui trouve en gros
qu’il va trop loin dans la mise en autonomie
des élèves l’amène finalement à donner plus
d’indépendance aux structures qu’il a mises
en place avec d’autres pour pratiquer la pédagogie
émancipatrice, alors qu’avant elles
étaient sous le contrôle des congrès et assemblées
générales et autres instances de la
fue.
QdC – tu montres aussi que freinet pouvait
être critique avec de l’universalisme républicain
abstrait. il pensait au contraire qu’il fallait
s’appuyer sur les cultures régionales et les
N’Autre école - Q2c N° 5 // 107