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SuPPLÉment numÉriQue extrêmes droites contre éducation
dans les mêmes classes tous les petits
français du même âge. Secondaire, primaire
supérieur et technique fusionneraient dans
l’enseignement du second degré. Jusqu’ici
la formule ambitieuse : « tous les enfants
égaux devant l’instruction » avait prévalu.
mais, comme on finit par s’apercevoir qu’ils
ne sont pas tous égaux devant les mathématiques
ou les humanités, on s’achemine vers
celle-ci, plus réalisable : « l’instruction
égale devant tous les enfants. » il suffit, en
effet, de l’abaisser au niveau des plus faibles
pour obtenir l’égalité idéale. (...)
ainsi, depuis quarante ans, d’abord pour
maintenir dans les lycées les enfants de la
bourgeoisie inaptes aux études secondaires,
puis, sous prétexte d’y amener ceux des
écoles primaires les plus intelligents, qui
eussent été capables de s’élever à la vraie
culture, on a rabaissé les études au niveau
des plus médiocres. (...)
Que les fonctions publiques et les professions
libérales soient envahies par les médiocres
de toutes les conditions qui, avant
1902, n’y étaient pas admis, c’est déjà pour
l’État un dommage sensible. mais le pis est
que la suppression, dans les lycées et dans
les facultés, de toutes les barrières opposées
jadis à l’ambition des inaptes, a égaré des
milliers de jeunes gens dans une voie des
sans issue. Voici des chiffres inquiétants.
en 1900-1901 on a délivré 5647 diplômes
de bachelier, et 14376 en 1928-1929. (...)
le salut est dans la déflation des diplômes
par la régénération des études11.
Sélection par l’argent
les conservateurs voulaient préserver la
sélection des élites par l’argent (et donc par
la naissance) ; le quotidien la Croix de la
Somme explique ainsi :
Par le système des bourses, l’accès est
ouvert à tout élève qui en est digne. mais
les partisans de l’école unique ne veulent
plus entendre parler des bourses. Plus d’aumône,
dit m. Herriot, mais une assistance.
les mots changent, mais le fait demeure.
au lieu d’aider quelques-uns, il faut se
charger de tous. et sur la voie de la gratuité,
où s’arrêter ? la gratuité de l’externat
entraîne celle de l’internat. puis subvention
aux familles dont les enfants continueront
leurs études après le temps de l’instruction
obligatoire. Qui paiera tout cela ? on ne
donne aux uns qu’en prenant aux autres, et
cette prétendue réforme démocratique aura
ce résultat inattendif de faire payer, par les
contributions, même des petits, l’instruction
des fils de famille.
Cette question scolaire se double d’une
question sociale. on peut craindre à bon
droit que les défenseurs de l’école unique, à
la recherche de ressources pour leurs diplômés,
ne soient amenés à appliquer le socialisme
intégral. au vrai, les deux notions
s’appellent logiquement. le collectivisme
est la socialisation des fortunes, l’école
unique est celle des personnes12.
la loi du 15 août 1941, le ministre Jérome
Carcopino supprime la gratuité à partir de
la troisième du lycée sous prétexte qu’elle
favorise les populations urbaines au détriment
des populations rurales. derrière ce souci
de justice sociale, se cache en fait le désir
de conserver au secondaire son caractère
d’enseignement d’élite, de passerelle étroite
vers le supérieur. (mais, par d’autres articles
de la même loi, il intègre les ePS au second
degré en les transformant en collèges modernes,
ce qui a pour résultat paradoxal
d’amener le secondaire à organiser l’accueil
dans son second cycle des élèves formés
auparavant par les ePS ; il limite l’exclusion
des élites pauvres en créant un concours national
des bourses.)
84 // N’Autre école - Q2c N° 5