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extrêmes droites contre éducation /DoSSier/<br />
d’études primaires qui n’est accessible qu’à<br />
moins de 15 % des élèves en fin de scolarité<br />
avant 1914.<br />
QdC – Charles Péguy, écrivain issu des<br />
classes populaires, est une « exception consolante<br />
» disais-tu. Peux-tu expliquer cette<br />
expres sion et comment ce mythe de l’école<br />
de Jules ferry s’est écrit ?<br />
J. K. – C’est ainsi que ferdinand Buisson,<br />
chargé par Jules ferry de la direction de<br />
l’enseignement primaire et qui est député<br />
radical-socialiste de la Seine au début du<br />
xx e siècle, désigne en 1910 les élèves qui<br />
bénéficient d’une bourse pour tenter une<br />
scolarité longue dans l’enseignement secon -<br />
daire. il dépose un projet de loi remet tant en<br />
cause la ségrégation entre l’enseignement<br />
primaire et l’enseignement secondaire, mais<br />
il faut attendre l’entre-deux-guerres pour<br />
qu’elle commence à être vraiment contestée.<br />
Charles Péguy est l’archétype de ce fils<br />
du peuple, issu d’un milieu extrêmement<br />
modeste, remarqué pour ces aptitudes intellectuelles<br />
et bénéficiant d’une bourse lui<br />
permettant d’accéder à l’enseignement secondaire,<br />
puis à l’École normale supérieure.<br />
Plus modestement, la promotion d’enfants<br />
du peuple devenant instituteurs grâce à<br />
l’aide de leur maître d’école et échappant<br />
ainsi, grâce à la République, au travail<br />
manuel pour participer à l’œuvre collective<br />
qu’impliquait l’essor de l’enseignement populaire,<br />
a frappé les imaginations.<br />
QdC – deux pratiques pédagogiques coexistent<br />
alors : l’enseignement mutuel* et l’enseignement<br />
simultané. Quelles sont les<br />
différences et pourquoi l’enseignement simultané<br />
s’impose comme seul modèle pédagogique<br />
?<br />
J. K. – Sous la monarchie de Juillet, les<br />
écoles publiques parisiennes laïques mettent<br />
en œuvre l’enseignement mutuel. il s’agit<br />
Le retour en arrière que suggèrent<br />
Les discours décLinistes serait<br />
une régression, dont Les victimes<br />
seraient Les éLèves Les pLus faibLes,<br />
issus Le pLus souvent des cLasses<br />
popuLaires, qui seraient dirigés<br />
vers de nouveLLes voies de reLégation.<br />
d’une méthode née outre-manche dans laquelle<br />
un instituteur scolarise parfois plusieurs<br />
centaines d’élèves en faisant cours à des<br />
moniteurs choisis parmi ses meilleurs élèves.<br />
Ceux-ci repro duisent son enseignement<br />
auprès des autres enfants moins avancés<br />
dans leur scolarité répartis par groupe de niveau<br />
dans les différentes disciplines scolaires.<br />
l’enseignement simultané, dans lequel le<br />
maître enseigne frontalement à une classe<br />
d’un niveau relativement homogène, utilisé<br />
par les frères des écoles chrétiennes depuis<br />
le xVii e siècle, s’impose progressivement.<br />
l’enseignement mutuel est abandonné à<br />
Paris au début de la iii e République. les familles<br />
des bons élèves demandaient un enseignement<br />
simultané plus profitable à court<br />
terme pour leur enfant et les écoles mutuelles<br />
manquaient de moniteurs. de plus, la discipline<br />
était très stricte dans les écoles mutuelles<br />
et ce serait une erreur d’y voir une méthode<br />
d’enseignement liber taire favorisant l’autonomie<br />
de l’enfant. Ce type de perspective<br />
se développe plus tard à partir du début du<br />
xx e siècle et donnera naissance au mouvement<br />
de l’éducation nouvelle dans l’entredeux-guerres.<br />
QdC – les instituteurs de l’époque recouraient<br />
couramment aux punitions corporelles.<br />
Quelles sont les causes de cette violence et<br />
retrou ve-t-on d’autres formes de violences à<br />
différents niveaux de l’institution scolaire ?<br />
N’Autre école - Q2c N° 5 // 37