JIRI-LUKLA LE CHEMIN HISTORIQUE JUSQU’AUX ANNÉES 1980, LE TREK DU CAMP DE BASE DE L’EVEREST DÉBUTAIT DANS LES BASSES VALLÉES DU SOLU, AU NIVEAU DE JIRI. DEPUIS L’OUVERTURE, À MI-PARCOURS, DE L’AÉRODROME DE LUKLA, L’ITINÉRAIRE ORIGINEL EST TOMBÉ EN DÉSUÉTUDE, MAIS DEMEURE PRISÉ PAR LES VOYAGEURS DÉSIREUX D’ACCÉDER AU TOIT DU MONDE EN PARCOURANT UN NÉPAL PRÉSERVÉ DE LA FRÉNÉSIE TOURISTIQUE DU HAUT KHUMBU. BRIEUC COESSENS BRIEUC COESSENS Notre reporter a parcouru l’intégralité du sentier vers le camp de base, au départ de Jiri, quelques mois à peine après les séismes de 2015. De ce périple est né un documentaire, Splendeurs et tremblements, sur les chemins de l’Everest. youtu.be/PqiMDwYmY6s Si l’on a parcouru les sentiers de l’Everest depuis Lukla (trek classique ou haute route) vers le camp de base tant convoité sans connaissance préalable du Népal, on retiendra à jamais cette expérience unique d’une longue marche où la lenteur se met au service de l’émerveillement de tous les sens : les yeux, bien sûr, mais aussi l’ouïe, le goût et, plus subtilement, l’odorat ! Nul, sans doute, ne pourra oublier cette expérience touristique unique et si particulière – avant dosage de dépaysement, de rupture, d’accueil, d’aventure et d’imprévus – qui fait de cet « Everest Base Camp <strong>Trek</strong> » un must indiscutable. VOUS AVEZ DIT AUTHENTIQUE ? Mais en revenir pose forcément la question suivante : tout cela est-il encore « authentique », lorsque l’on sait que le sentier de l’Everest est <strong>fr</strong>équenté chaque année par près de trente-cinq mille marcheurs ? Poster un selfie sur Facebook depuis Gorak Shep (5 160 m) lors de l’ultime étape menant au camp de base reflète-t-il vraiment la réalité du Népal et, plus précisément, celle du peuple sherpa ? Si l’authentique évolue, alors il faut admettre que oui. Nourris par l’Everest depuis plus de soixante ans, les Sherpas se sont adaptés à la demande en proposant un accueil de pointe tout en préservant leurs coutumes, techniques et traditions. Un équilibre subtil qui est la clé de voûte du système touristique du Haut- Khumbu. Mais si ce modernisme, les avions de Lukla et les hélicos de Namche Bazar, les cybercafés, les smartphones, les processions de touristes, les « reggae bar » et « Irish pub » bordant le sentier dans ses premières étapes, vous laissent ce sentiment de n’avoir pas tout <strong>com</strong>pris, appliquez à la lettre le slogan du Népal « Once is not enough » (une fois ne suffit pas) et revenezy. Revenez-y par ailleurs et revenez-y autrement ! ITINÉRAIRE HISTORIQUE Ailleurs, c’est à Jiri, pour <strong>com</strong>mencer. Autrement, c’est en bus, puis en huit jours de marche supplémentaires, seul ou presque, sans connexion Wi-Fi, sans réseau mobile, sans boutique à chaque détour de <strong>com</strong>be. Autrement, c’est aussi plus durement, 54
À Shivalaya, au premier réveil, vue sur le massif du Gaurishankar et le Numbur. En bas : vers Jubing, on ramène le bois pour la cuisine. Plus haut dans le Khumbu, on verra les porteurs transporter des bouteilles de gaz. 55
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