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Le numérique donne<br />
un nouvel élan au cinéma<br />
La pandémie a lourdement pénalisé la distribution de films en salles. Mais le Covid-19<br />
a aussi accéléré la révolution digitale d’une industrie qui retrouve un nouveau souffle.<br />
DR<br />
Clap de fin ? La période<br />
du Covid-19 a été marquée,<br />
en Afrique par la fermeture<br />
des cinémas. Avec un<br />
total de 1653 écrans, soit un pour<br />
787 402 habitants, le continent<br />
était déjà le moins bien loti en<br />
matière de distribution dans les<br />
salles de cinéma. Cette activité doit<br />
« s’adapter ou mourir », tranche le<br />
rapport « L’industrie du film en Afrique :<br />
tendances, défis et opportunités<br />
de croissance », publié début octobre<br />
dernier PAR l’Organisation des Nations<br />
unies pour l’éducation, la science et la<br />
culture (UNESCO).<br />
Par chance, la pandémie a<br />
également révélé « des opportunités<br />
inédites, avec un public qui s’est tourné<br />
massivement vers les plateformes<br />
en ligne », relève l’agence onusienne,<br />
qui voit même émerger un nouveau<br />
modèle économique. « C’est la<br />
révolution numérique en cours,<br />
accélérée par la pandémie, qui change<br />
vraiment la donne pour l’industrie<br />
cinématographique et audiovisuelle<br />
africaine. Aujourd’hui, la technologie,<br />
le coût raisonnable des équipements<br />
numériques et la possibilité nouvelle<br />
de distribuer, mais aussi de monétiser,<br />
des contenus en direct par le biais<br />
des plateformes en ligne permettent<br />
l’émergence d’une nouvelle économie<br />
pour les créateurs de contenus africains,<br />
qui se passent désormais des acteurs<br />
et des financements traditionnels basés<br />
Netflix a favorisé la visibilité<br />
de créations africaines,<br />
dont la série Queen Sono.<br />
sur des subventions. » Concrètement,<br />
la réalisatrice sud-africaine Jenna Bass<br />
a démontré, avec le film High Fantasy,<br />
qu’il est désormais possible de tourner<br />
une vidéo de qualité cinématographique<br />
avec un smartphone. De leur côté,<br />
les réseaux sociaux (YouTube, Facebook,<br />
Instagram, TikTok) favorisent la<br />
diffusion et la monétisation de vidéos,<br />
renforcées par l’essor rapide de la vidéo<br />
à la demande, avec des abonnements qui<br />
devraient passer de 3,9 millions en 2020<br />
à 13 millions en 2025 selon Digital TV<br />
Research, mais aussi avec l’implication<br />
d’acteurs mondiaux comme MultiChoice,<br />
ou Canal+, entre autres. « L’arrivée<br />
en Afrique de Netflix en 2019 a marqué<br />
un tournant pour les réalisateurs du<br />
continent en rendant pour la première<br />
fois leurs contenus accessibles à un<br />
public mondial », observe le rapport.<br />
Mais le succès planétaire de l’industrie<br />
cinématographique nigériane, qui<br />
emploie plus d’un million de personnes<br />
et a produit 2 599 films en 2020,<br />
est un écran de fumée. L’Afrique<br />
et le Moyen-Orient ne représentent<br />
que 3 %, soit 58 milliards de dollars<br />
des 2 250 milliards de dollars générés<br />
tous les ans au niveau mondial par<br />
les industries créatives et culturelles.<br />
« Il s’agit d’un potentiel inexploité pour<br />
les pays africains cherchant à diversifier<br />
leurs économies », positive l’UNESCO.<br />
Aujourd’hui, cette industrie représente<br />
5 milliards de dollars et emploie<br />
5 millions de personnes. Selon la<br />
Fédération panafricaine des cinéastes,<br />
accroître les investissements permettrait<br />
de créer plus de 20 millions d’emplois<br />
et de générer 20 milliards de dollars<br />
de revenus par an. Un scénario idéal. ■<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>422</strong> – NOVEMBRE 2021 113