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DOSSIER MALI<br />

plus en plus solide. Beaucoup d’entre elles se portent très bien<br />

et déclarent des résultats bénéficiaires. Courant 2020, elles ont<br />

enregistré une bonne progression de l’ordre de 8 % pour la collecte<br />

des ressources et poursuivent de manière satisfaisante le<br />

financement des économies avec plus de 7 % d’augmentation,<br />

malgré la chute du taux de croissance. Les différentes réformes<br />

engagées par les autorités depuis 2017 ont fortement contribué<br />

à améliorer leur gouvernance et à développer non seulement le<br />

taux de bancarisation, mais aussi à sécuriser les emplois. Nous<br />

avons bénéficié d’un bon accompagnement de la Banque centrale,<br />

à la suite des conséquences du Covid. Et nous, nous nous<br />

sommes lancés dans la digitalisation des processus et des produits,<br />

comme à la BNDA. Ce qui entraîne aussi une amélioration<br />

continue du taux de bancarisation.<br />

À combien s’élève-t-il à ce jour ?<br />

Il tournait autour de 12 ou 13 %, sans tenir compte des institutions<br />

de microfinance et de l’impact du mobile. Difficile de<br />

le chiffrer aujourd’hui, mais nous avons énormément de clients<br />

qui ont accès à ces opérations via leur portable ou leur ordinateur.<br />

Si on intègre le digital, le Mobile Money, etc., on arrive à<br />

un taux de bancarisation beaucoup plus élevé.<br />

Au niveau de la BNDA, en particulier, nous<br />

sommes aux alentours de 380 000 clients, ce qui<br />

représente une augmentation de 12 % par an<br />

de nos dépôts. Et nous envisageons de faire de<br />

la digitalisation notre cheval de bataille. Certains<br />

services, déjà, sont mis à disposition des<br />

clients par l’intermédiaire de leur mobile. Ça va<br />

se généraliser pour toutes les opérations. Ce qui<br />

permettra de recruter de nouveaux clients sur<br />

l’ensemble du territoire national, en connexion<br />

avec les autres partenaires. Nous envisageons de<br />

leur permettre de faire des opérations que l’on<br />

« Avec un bilan<br />

total de plus de<br />

43 258 milliards<br />

de francs CFA,<br />

la structure<br />

des banques<br />

du Mali<br />

est de plus<br />

en plus solide. »<br />

appelle Wallet to Wallet, afin de passer de leur compte de dépôt<br />

à leur compte de téléphonie, Orange Money, S<strong>AM</strong>A Money ou<br />

autre. Nous voulons baser notre développement sur ce genre<br />

de partenariats pour toucher davantage de personnes, souvent<br />

non bancarisées. Ce sera justement une opportunité pour nous<br />

de leur offrir des produits bancaires.<br />

Quel est votre avis, en tant que banquier, sur<br />

cette incroyable résilience économique de Bamako ?<br />

Terrorisme, coups d’État, pandémie mondiale…<br />

Quoi qu’il arrive, la capitale continue à « fonctionner ».<br />

Nous, banquiers, évoluons dans l’économie réelle, dans le<br />

financement d’activités concrètes. Et nous prenons des engagements<br />

sur lesquels nous avons une bonne maîtrise des risques<br />

et des contreparties. Résultat : des crises peuvent arriver, mais<br />

comme la contrepartie est là, nous résistons. Nos financements<br />

sont toujours adossés à quelque chose de très sûr. Mais nous<br />

avons, en effet, traversé plusieurs crises depuis 2012 : politiques,<br />

terroristes, sanitaire, sociales… Les conséquences ont été d’une<br />

extrême gravité, avec des pertes en vies humaines, des écoles<br />

fermées, des zones inaccessibles, des villages et des animaux<br />

incendiés… Malgré cette détérioration de la sécurité et de la<br />

qualité de vie, les Maliens résistent. Ils sont ingénieux et courageux.<br />

Et savent s’adapter. Ils croient au Mali et travaillent à sa<br />

remise en selle. Quoi qu’il arrive. La résilience réside aussi dans<br />

la solidarité. Du fait de la grande proportion des activités et des<br />

structures dans l’informel, l’agilité et l’adaptation permettent de<br />

limiter les conséquences et d’envisager une reprise. En ce qui<br />

nous concerne, avec la crise sécuritaire, nos agences du Nord<br />

à Gao ont été dynamitées, nos agences de Tombouctou ont été<br />

pillées et nos coffres emportés. Nous avons perdu de l’argent.<br />

Certains crédits contractés par des producteurs n’étaient plus<br />

récupérables. Nous avons été obligés de quitter la zone. Mais<br />

une fois que l’accalmie est revenue, nous sommes repartis sur<br />

place. Effectivement, on a perdu de l’argent avec de mauvais<br />

débiteurs ou des gens qui ont été déplacés et ont abandonné leur<br />

activité. Mais nous avons redémarré comme on pouvait. On se<br />

recentre vers des zones plus sécurisées, vers d’autres produits<br />

dont nous avons la maîtrise, et nous comblons rapidement les<br />

pertes subies. La clé, c’est l’anticipation, la diversification vers<br />

d’autres clients et la conquête permanente de la<br />

maîtrise des risques. Je pense que la même règle<br />

prévaut dans tous les secteurs économiques.<br />

Revenons à la BNDA. Où en êtesvous<br />

aujourd’hui et quels sont<br />

vos projets à court terme ?<br />

Nous venons de démarrer notre 7 e plan<br />

de développement à moyen terme 2021-2025,<br />

après une évaluation satisfaisante du 6 e plan<br />

par notre conseil d’administration et nos actionnaires.<br />

Notre ambition est de faire de la BNDA<br />

une banque digitale permettant la bancarisation<br />

d’un million de Maliens. Et d’assurer des<br />

services sur l’ensemble du territoire. Tout en restant champion<br />

dans le financement de l’agriculture et dans l’accompagnement<br />

des ruraux. Pour ce faire, la BNDA a pu mobiliser des mesures<br />

d’accompagnement de l’Agence française de développement,<br />

de la KfW [banque publique allemande, ndlr] et de la Banque<br />

ouest-africaine de développement. Ces financements complètent<br />

la collecte interne qui a atteint 426 milliards de FCFA<br />

au 30 juin 2021, soit une progression de 14 % par rapport au<br />

31 décembre 2020. Avec 77 milliards de fonds propres effectifs,<br />

nous occupons le premier rang. Ce qui nous permet aisément de<br />

poursuivre notre développement. Notre réseau d’agences est en<br />

extension et la rénovation d’anciennes se poursuit. Notre parc de<br />

guichets automatiques bancaires est en cours d’étoffement. Nos<br />

objectifs sont clairs : s’affirmer comme acteur majeur du financement<br />

agricole et rural par l’innovation, et réussir notre vaste<br />

programme de transformation digitale grâce à une politique de<br />

ressources humaines innovante, afin de permettre à nos clients<br />

de rester connectés à leur banque 24 heures sur 24, où qu’ils se<br />

trouvent. ■ Propos recueillis par Emmanuelle Pontié<br />

68 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>422</strong> – NOVEMBRE 2021

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