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DOSSIER MALI<br />

rentable. Il faut rappeler que dans les objectifs du développement<br />

durable, on demande aux États que le secteur de l’eau<br />

représente 5 % de leur budget global à l’horizon 2030.<br />

Et aujourd’hui, il représente combien ?<br />

On a pu le faire passer de 2,5 % en 2020 à 3,5 % en 2021,<br />

et il sera à 4 % en 2022. Ce qui n’empêche pas une insuffisance<br />

d’investissements. Nous avons constaté que ceux-ci sont réalisés<br />

sur la base des financements de bailleurs. Parfois, le temps<br />

de finir de monter les dossiers peut prendre un ou deux ans,<br />

pour des « petits » apports de 400 ou 600 millions. Et entretemps,<br />

les besoins de la population croissent. Pour éviter cela,<br />

nous avons commencé à réaliser tous les petits investissements<br />

sur fonds propres. Cela a considérablement amélioré<br />

la desserte d’approvisionnement de l’eau<br />

dans les grandes agglomérations, mais aussi<br />

dans les localités rurales. On permet également<br />

aux communautés de s’abonner à un prix<br />

subventionné : c’est ce que l’on appelle les branchements<br />

sociaux. Avec l’aide de la Banque mondiale<br />

et de l’Agence française de développement,<br />

nous sommes parvenus à faire 100 000 branchements<br />

à des tarifs très avantageux, à peu près<br />

divisés par cinq. Voilà tout ce que l’on a pu faire<br />

en un an de transition dans les domaines de l’eau<br />

et de l’électricité.<br />

La situation de transition, justement, a-t-elle<br />

« Les dossiers<br />

ne dorment<br />

plus, nous les<br />

faisons sortir<br />

vite, car nous<br />

n’avons pas<br />

d’ambitions<br />

politiques. »<br />

refroidi certains investisseurs ou bailleurs ?<br />

Au départ, oui. Vous savez, les investisseurs sont très rationnels.<br />

Quand il y a des événements politiques de ce genre, dans<br />

un premier temps, ils restent sur leur réserve. Mais ils viennent<br />

quand même discuter après. Et ils ont pu voir que l’on a fait<br />

de gros progrès en matière de doing business. Les dossiers ne<br />

dorment plus, nous les faisons sortir vite, car nous n’avons pas<br />

d’ambitions politiques. Tout ce que nous voulons, ce sont des<br />

résultats. Nous travaillons avec des Chinois, mais aussi des<br />

Français et autres.<br />

En quoi la situation sécuritaire impacte vos secteurs ?<br />

La question sécuritaire a retardé un certain nombre de<br />

projets. Notamment, l’aménagement des surfaces du barrage<br />

et des terres irrigables de Taoussa, où l’entreprise adjudicatrice<br />

du marché n’a pas pu faire le travail. Mais aujourd’hui, on est<br />

en train de boucler cette affaire avec les bailleurs de fonds.<br />

Il faut noter que le contexte sécuritaire commence à s’améliorer.<br />

En tout cas, on a de l’espoir, au regard de tous les partenaires<br />

qui sont prêts à nous accompagner. On commence enfin à parler<br />

franchement avec nos associés au sujet de ce qu’il faut faire<br />

pour sécuriser le pays. Ce n’était pas le cas avant.<br />

En ce qui concerne les mines, c’est moins<br />

compliqué, car elles opèrent surtout au sud ?<br />

Oui. Et la pandémie de Covid-19 a fait augmenter le prix<br />

de l’once. On est passé de 800 à 1200 dollars. Et ça ne fait que<br />

croître. L’or est une valeur refuge. L’activité économique s’est<br />

repliée, et son prix a grimpé. Le contexte sécuritaire et le Covid<br />

ont freiné certains projets. Mais depuis octobre 2020, on est<br />

parvenus à donner un nouvel élan.<br />

On parle d’un secteur d’avenir<br />

au Mali : la chaux. Qu’en est-il ?<br />

Les gens ont tendance à réduire les secteurs miniers,<br />

au Mali, aux mines. Mais nous possédons aussi des carrières<br />

de calcaire, de chaux. Nous avons du magnésium, du fer,<br />

du lithium. Effectivement, nous avons identifié plusieurs<br />

zones capables de procurer de la chaux. Elle est utilisée dans<br />

la production de l’or et les traitements miniers. Aujourd’hui,<br />

elle est importée. Alors, en obtenir chez nous est très prometteur.<br />

Nous avons fait de grandes découvertes de<br />

gisements. Mais il reste un souci d’accès. Il faut<br />

des routes. Nous travaillons sur le sujet avec le<br />

ministère des Transports et des Infrastructures.<br />

Les mines de chaux se trouvent dans le sud du<br />

pays, vers Kayes.<br />

Du 16 au 18 novembre, vous<br />

organisez la 9 e édition des Journées<br />

minières et pétrolières. Qu’en<br />

attendez-vous cette année ?<br />

C’est un événement biennal. Une tribune<br />

qui permet de mieux vendre le secteur minier<br />

malien. Cela permet aussi de regrouper toutes les parties<br />

prenantes autour de sujets d’intérêt commun. Par exemple,<br />

le thème de cette année porte sur les contenus locaux en<br />

géoperspective et le rôle de l’État. Nous comptons mettre un<br />

accent particulier sur les énergies renouvelables en milieu<br />

minier, parce que cela participe de la responsabilité sociétale<br />

de ces entreprises.<br />

Vous prévoyez combien de participants ?<br />

Tous les ministères concernés des pays de la CEDEAO sont<br />

attendus, ainsi que tous les grands pays producteurs de l’or<br />

dans le monde. Nous avons un niveau de fréquentation entre<br />

25000 à 50000 personnes tous les deux ans. À un mois de l’événement,<br />

on était déjà à 417 000 euros de ventes de stands.<br />

En 2019, le chiffre d’affaires a été de 480000 euros.<br />

Pour finir, quels sont vos défis à vous ?<br />

Quand je suis arrivé à la tête de ce département, je me<br />

suis promis de tout mettre en œuvre pour éradiquer la fracture<br />

énergétique et la fracture hydraulique. Pour moi, il ne<br />

s’agit plus de se contenter de donner de l’électricité aux Bamakois<br />

– qui se plaignent beaucoup –, mais à tout le monde. Il en<br />

va de même pour l’eau. L’accès aux services sociaux de base<br />

à tous accélérera le développement social et la croissance<br />

économique. Et pour reparler de la question de la sécurité,<br />

je dis souvent que le problème, dans notre pays, est économique<br />

avant d’être sécuritaire. Je pense que la fourniture du<br />

service public de l’eau et de l’électricité est également un outil<br />

de rapprochement entre les Maliens pour consolider la paix<br />

et la réconciliation. ■ Propos recueillis par Emmanuelle Pontié<br />

62 AFRIQUE MAGAZINE I <strong>422</strong> – NOVEMBRE 2021

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