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LE JURISTE D'ENTREPRISE FACE AUX CONTENTIEUX - AFJE

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22<br />

<strong>CONTENTIEUX</strong> | Quelques contentieux particuliers<br />

écritures avec la sentence permet de<br />

s’assurer que le tribunal a statué sur<br />

toutes les demandes et ne s’est pas<br />

prononcé sur chose non demandée,<br />

par exemple en accordant la capitalisation<br />

des intérêts alors qu’elle n’était<br />

pas sollicitée. A cet égard, il faut avoir<br />

à l’esprit que dans certaines régions<br />

l’infra petita ou l’ultra petita entraîne<br />

l’annulation de la sentence dans son<br />

ensemble (Amérique latine). La Cour<br />

s’assure aussi que chaque chef de la<br />

sentence qui rejette ou fait droit à une<br />

demande est motivé.<br />

La motivation est le terrain privilégié où<br />

s’applique la distinction, parfois délicate,<br />

entre la forme et le fond, faite par<br />

l’article 27 du règlement CCI (article 33<br />

dans le futur règlement). La Cour peut<br />

prescrire des modifications de forme :<br />

c’est le cas lorsqu’elle demande que<br />

soit introduite une motivation, absente<br />

dans le projet de sentence (par exemple,<br />

la motivation du taux de l’intérêt<br />

légal). La Cour peut appeler l’attention<br />

du tribunal arbitral sur des points intéressant<br />

le fond : c’est le cas lorsqu’elle<br />

suggère que les arbitres examinent<br />

s’il est ou non approprié de faire référence<br />

aux usages du commerce ou<br />

aux principes d’UNIDROIT, en plus<br />

d’une motivation qui serait fondée<br />

sur la seule application des règles de<br />

conflit de lois.<br />

Quel est le profi l des<br />

arbitres CCI ?<br />

Il n’y a pas à proprement parler d’arbitres<br />

ayant un label CCI. Ce sont, en<br />

effet, les parties qui désignent chacune<br />

un arbitre : les deux arbitres désignés<br />

choisissent ensuite le président du<br />

tribunal arbitral. Ce n’est qu’en l’absence<br />

d’accord sur le nom d’un président<br />

ou lorsqu’il s’agit de nommer un<br />

arbitre unique que la cour d’arbitrage<br />

choisit la personne sur proposition<br />

d’un comité national.<br />

Quant au profil, traditionnellement les<br />

parties font plutôt confiance à des<br />

juristes d’expérience, avocats du haut<br />

du tableau, anciens magistrats ou<br />

juristes d’entreprise. Une nouvelle<br />

Juriste d’Entreprise Magazine N°11 – Novembre 2011<br />

génération, pourvue de masters spécialisés<br />

en droit du commerce international<br />

ou en droit de l’arbitrage, tente<br />

de se faire une place…<br />

Quels sont les apports du décret<br />

2011-48 du 13 janvier 2011<br />

modifi ant le droit de l’arbitrage ?<br />

La Chancellerie s’est donnée pour but<br />

de rendre le droit de l’arbitrage plus<br />

efficace : elle y a réussi. Je citerais<br />

trois exemples : au stade de l’instruction<br />

de l’affaire, l’article 1469 du CPC<br />

permet à une partie, sur l’invitation du<br />

tribunal arbitral, de saisir le juge étatique<br />

afin qu’il ordonne à un tiers à la<br />

procédure de produire un écrit sous<br />

seing privé ou un acte authentique<br />

qu’il détient.<br />

Concernant les recours possibles,<br />

l’article 1522 autorise les parties à<br />

renoncer à tout moment au recours<br />

en annulation ; elles font alors valoir<br />

des griefs contre la sentence dans<br />

le cadre de la procédure d’appel à<br />

l’encontre de la décision d’exequatur<br />

de celle-ci. La possibilité de renoncer<br />

est justifiée par l’identité des causes<br />

d’annulation et de refus d’exequatur.<br />

Mais l’annulation présente l’avantage<br />

qu’elle empêche l’exequatur dans la<br />

plupart des Etats du monde.<br />

Au niveau final de l’exécution forcée de<br />

la sentence, elle peut avoir lieu même<br />

en cas de recours en annulation de la<br />

sentence ou d’appel contre l’ordonnance<br />

d’exequatur (article 1526).<br />

Pouvez-vous nous parler de<br />

l’actualité des modifi cations du<br />

règlement d’arbitrage de la CCI ?<br />

Le nouveau règlement a été adopté<br />

par le Conseil mondial de la CCI lors<br />

de sa réunion tenue à Mexico le 11<br />

juin 2011. Il doit entrer en vigueur le<br />

1er janvier 2012.<br />

Sa nouveauté réside essentiellement<br />

en ce qu’il permet d’unifier la procédure<br />

arbitrale en présence de contrats<br />

multiples contenant une clause identique<br />

comme cela se rencontre dans<br />

les chaînes de contrats ou dans la<br />

sous-traitance.<br />

Quelles sont les évolutions<br />

possibles de la CCI ?<br />

Sous l’impulsion de son nouveau<br />

Président, M. Gérard Worms, également<br />

président du Comité National<br />

français, donc une personnalité qui<br />

connaît bien l’institution, la CCI se<br />

montre active sur les fronts les plus<br />

importants au niveau mondial. Elle<br />

expose le point de vue des entreprises<br />

à l’occasion des réunions du G8 et du<br />

G20. A cette fin, un groupe homologue<br />

du G20 regroupant les entreprises<br />

de la CCI a été créé. Au plan juridique,<br />

elle a le statut d’observateur lors des<br />

travaux des Nations Unies dans le<br />

cadre de la CNUDCED, de la CNUDCI<br />

ou de la Commission Economique<br />

pour l’Europe (CEE-ONU).<br />

Concernant les procédures au sein<br />

de la Cour internationale d’arbitrage,<br />

« La CCI se montre active sur les fronts<br />

les plus importants au niveau mondial. »<br />

je crois qu’il faudra introduire plus de<br />

transparence dans la composition<br />

des panels, s’ouvrir à un minimum<br />

de contradictoire et motiver les décisions<br />

qui font grief. De cette façon,<br />

la procédure se mettrait en conformité<br />

avec les exigences sur le procès<br />

équitable défendues par la Cour<br />

européenne des droits de l’homme et<br />

le Comité des droits de l’homme des<br />

Nations Unies.<br />

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