LE JURISTE D'ENTREPRISE FACE AUX CONTENTIEUX - AFJE
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ART & DROIT<br />
Le commissaire-priseur : un partenaire<br />
privilégié de l’entreprise<br />
Entretien avec Patrick Deburaux, commissaire-priseur chez Aponem<br />
Patrick Deburaux<br />
Expliquez-nous votre métier ?<br />
Les ventes aux enchères de meubles<br />
sont animées par les commissairespriseurs.<br />
Ces professionnels évoluent<br />
dans deux cadres distincts. Ils sont<br />
commissaires-priseurs judiciaires ou,<br />
s’ils interviennent à titre volontaire, ils<br />
sont opérateurs de ventes. Dans les<br />
deux cas, l’entreprise doit ou peut<br />
rencontrer le commissaire-priseur. Le<br />
commissaire-priseur judiciaire est l’officier<br />
ministériel chargé de procéder<br />
à l’inventaire, la prisée et la vente aux<br />
enchères publiques de meubles. La loi<br />
lui donne pour seule compétence la<br />
réalisation des inventaires et les ventes<br />
judiciaires de meubles aux enchères.<br />
Il exerce une profession libérale et<br />
appartient à une compagnie régionale<br />
contrôlée par une chambre de<br />
discipline chargée de veiller au respect<br />
de la loi et des règlements. Lors<br />
de successions, il assiste le notaire<br />
afin de rédiger l’inventaire estimatif<br />
des biens mobiliers. Il intervient également<br />
lors de tutelle, partage judiciaire<br />
ou saisie-vente. Dans le cadre des<br />
*Sénat 4/7/ 11 M.Hyest, rapporteur.<br />
procédures collectives, il dresse un<br />
inventaire descriptif et estimatif des<br />
actifs mobiliers de l’entreprise et peut<br />
également procéder à leur vente aux<br />
enchères. Au contact de la réalité de<br />
l’entreprise, les avis du commissairepriseur<br />
judiciaire sont indispensables<br />
au Tribunal de Commerce, aux administrateurs<br />
et mandataires judiciaires.<br />
Les 423 commissaires-priseurs judiciaires<br />
de France offrent un maillage<br />
efficace du territoire.<br />
Comment est contrôlé<br />
l’opérateur de ventes ?<br />
La loi du 10 juillet 2000 a institué des<br />
Sociétés de Ventes Volontaires (SVV),<br />
seules habilitées à effectuer des ventes<br />
volontaires de meubles aux enchères<br />
publiques. Au sein de ces sociétés,<br />
seule une personne habilitée à diriger<br />
les ventes peut procéder aux ventes<br />
aux enchères. En 2010, on compte en<br />
France 393 SVV dont 590 commissaires-priseurs<br />
habilités. Une autorité de<br />
régulation et de contrôle a été créée :<br />
le Conseil des Ventes Volontaires. La<br />
mise en conformité avec la directive<br />
« services » ainsi que l’évolution du<br />
marché, rendaient nécessaire une<br />
refonte de la loi. Une nouvelle loi de<br />
libéralisation des ventes volontaires a<br />
été adoptée le 20 juillet dernier, afin<br />
de relancer ce secteur en donnant<br />
« davantage d’outils aux opérateurs,<br />
tout en renforçant la protection du<br />
consommateur »*. Elle est entrée en<br />
vigueur le 1er septembre 2011. Ces<br />
changements ne sont pas sans conséquences<br />
sur les relations entre l’opérateur<br />
de ventes et l’entreprise. En effet,<br />
les chiffres démontrent que la moitié<br />
du montant total des ventes volontaires<br />
aux enchères en France est constituée<br />
par la vente de véhicules et maté-<br />
riel industriel. Les entreprises sont les<br />
principaux acheteurs et vendeurs des<br />
ventes aux enchères : elles vendent<br />
leurs véhicules, un surplus de stock<br />
ou un parc de machines. L’entreprise<br />
trouvera dans l’opérateur de ventes,<br />
un professionnel capable d’estimer un<br />
stock ou un équipement industriel afin<br />
d’aider à une opération de rachat ou<br />
de restructuration financière.<br />
Comment accède-ton<br />
à la profession de<br />
commissaire-priseur ?<br />
Le candidat doit avoir deux diplômes,<br />
droit et histoire de l’art, et franchir<br />
quatre étapes : examen d’accès<br />
au stage, stage, certificat de<br />
bon accomplissement du stage puis<br />
examen d’aptitude à la profession<br />
de commissaire-priseur judiciaire. Le<br />
Conseil des Ventes et la Chambre<br />
Nationale des Commissaires-Priseurs<br />
Judiciaires sont chargés de cette formation.<br />
Cette dernière participe aux<br />
travaux du Conseil National du Droit<br />
qui réunit les professions du droit afin<br />
de réfléchir et d’élaborer des propositions<br />
sur l’enseignement du droit, sur<br />
les relations entre les établissements<br />
qui dispensent cet enseignement et<br />
les institutions et professions concernées.<br />
La formation du commissairepriseur<br />
le mène à la fois vers l’art, les<br />
techniques de gestion, la connaissance<br />
des matériels et la pratique du<br />
droit. Il doit être un partenaire privilégié<br />
de l’entreprise.<br />
Pour plus d’informations :<br />
www.deburaux.com<br />
■ Propos recueillis<br />
par Éloïse Rigenbach<br />
Juriste d’Entreprise Magazine N°11 – Novembre 2011<br />
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