ARIA ACQUA TERRA FUOCO

Le voyage pittoresque de l’abbé de Saint-Non
DAI RACCONTI E IMPRESSIONI DI VIAGGIO ALLE IMMAGINI IN GOUACHE
Nous allâmes passer la nuit à la tour de Melissa,
demeure du Prince de Strongoli. Le hasard nous
y conduisit au moment où celui-ci y arrivait ce
qui nous décida à nous y arrêter. Le Prince nous
y reçut comme le seigneur d’un château
accueille des chevaliers. Rien ne ressemblait
plus à un vieux château gothique que cette tour
de Melissa, adossée à une éminence isolée de
toutes les autres habitations et entourée de
vieilles fortifications en assez mauvais état.
Le Prince rentrait de la chasse avec sa suite
lorsque nous arrivâmes au pont levis avec la
nôtre. Son équipage était nombreux, mais put
être logé, comme nous, dans la tour. Après un
bon souper et une conversation brillante et
animée nous allâmes nous coucher.
Le lendemain, notre hôte, aussi courtois et noble
que simple dans ses manières, nous donna des
gens pour accompagner à Strongoli, où il avait
envoyé demander qu’on nous prépare un bon
repas. Strongoli est l’ancienne Petilia, république
grecque qui résista à Hannibal et resta, seule de
toute la Grande Grèce, fidèle aux Romains. La
ville occupait une situation avantageuse sur une
haute montagne fortifiée par la nature, avec des
murailles de quinze pieds d’épaisseur. En
arrivant à Strongoli on découvrait les vestiges de
la richesse et de la magnificence de l’antique
Petilia. Tous ses environs sont encore semés de
fragments de colonnes cannelées dont les
chapiteaux étaient d’ordre dorique, du style de
ceux de Paestum. On y trouve encore un grand
nombre de colonnes entières, de granit d’Egypte,
indestructibles, intransportables du fait de leur
poids, et qui, étant indissolubles, deviennent les
arcs de l’univers. Si on avait voulu en faire usage
pour quelque construction moderne, il y aurait eu
de quoi décorer un grand temple ou en faire un
palais comme il n’en existe aucun dans le pays.
in Touristes français en Calabre au XVII e
siècle.
Vue de l’entrée de la Grotte
de Pausillippe, prise en y arrivant
du côté de Naples
Cette entrée de la Grotte de Pausilippe est
dessinée ici telle qu’elle se présente quand on y
arrive du côté de Naples …
Vue d’une partie de la Ville
et du Golphe de Naples, prise
du Château St-Elme
La ville de Naples, bâtie sur la pente d’une
montagne, est terminée entre le couchant et le
nord par le Château Saint-Elme, qui la domine
et la commande entièrement …
C’est aujourd’hui un hexagone assez régulier de
cent toises environ de diamètre …
C’est de l’angle de cet hexagone et du pied
même du Château Saint-Elme, qu’est prise cette
autre Vue de Naples, présentée dans cette
gravure.
L’on y découvre une grande partie de la ville,
mais à une trop grande distance pour pouvoir en
distinguer les détails: ce que l’on peut voir
parfaitement, c’est la forme du Golphe de
Naples qui décrit un demi-cercle, et qui est
terminé dans l’éloignement par le Vésuve, au
pied duquel on aperçoit la ville et le Château de
Portici.
Vue d’un Château Gothique,
bâti par les Sarrazins sur
le sommet du Mont Erix
Arrivé sur le sommet, l’on y trouve une plateforme
assez étendue et prodigieusement
escarpée dans quelques endroits: c’est-là où
sont situés les restes du Temple, ou plutôt les
ruines d’un Château Sarrasin de la forme la plus
gothique, à la place même où étoit, dit-on, le
Temple de Venus.
Vue de l’Isle de Caprée prise dans
la partie septentrionale de l’Isle où
est située le port de Capri en face
du golphe de la Ville de Naples
… nous débarquâmes à la Marine de Caprée,
qui est une grande Anse en demi-cercle,
défendue des vents du Levant et du Couchant
par deux grands Rochers qui s’avancent dans la
Mer, et du Midi, par le Terrein même de l’Isle
qui s’élève en Amphithéâtre. C’est dans le fond
de cet Amphithéâtre qu’est placée la Ville de
Caprée ou Capri, dans la situation la plus
heureuse, la plus agréable pour elle et la plus
pittoresque en même-temps pour ceux qui
arrivent dans l’Isle.
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