ARIA ACQUA TERRA FUOCO

Vue du Rocher de Scylla
et d’une partie de la Côte
de la Calabre prise de Messine
Ce que nous regrettions le plus, étoit de ne
pouvoir dessiner que de loin le Rocher de
Scylla; cependant comme nous étions curieux
d’emporter au moins une idée de cet Ecueil
célèbre, un de nos Dessinateurs en prit d’abord
une Vue de l’autre côté du Détroit, et tel qu’on
le voit du Phare même de Messine.
Vue d’un Lac dans les Environs
de “Castro Giovani” connu sous
le nom du Lac de Proserpine
avec l’Etna derrière
Nous partîmes donc pleins d’ardeur et dans
l’espérance de dessiner d’après nature un sujet si
souvent peint d’imagination, mais nous ne fûmes
pas plus heureux … Nous entrâmes ensuite dans
une autre Vallée plus petite, où ne trouvâmes
pour toutes fontaines que quelques méchans
ruisseaux bourbeux, et enfin le Lac tant desiré,
nommé encore, il est vrai, le Lac de Proserpine,
mais qui n’est plus qu’un grand Marais de quatre
milles de tour, sans bocages, sans prairies, sans
ombre et sans rives fleuries, sans plage digne de
recevoir le pied d’une Nymphe, mais des bords
tristes et arides, des joncs marécageux, des
crapauds énormes, un air empesté, qui en rend
les approches dangéreuses, et le repos qu’on y
pourroit prendre, mortel … à force de tourner et
de prendre le Lac sur tous les sens, nous
trouvâmes cependant un aspect, un point de vue,
qui pouvoit fournir un tableau assez agréable.
C’est celui sous lequel il est représenté ici.
Vue prise dans la campagne
d’Agrigente où Vallée des Temples
L’autre Vue plus pittoresque encore, offre
d’abord le Temple de la Concorde, plus loin le
petit Monument qui sert d’Eglise aux Capucins,
le Mont Camico, avec une partie de la Ville de
Girgenti. Celle-ci est prise d’un Théâtre isolé et
situé à quelque distance de la Rupe Athenea …
Vue de la Ville et du Château
de Catane avec l’Etna
C’est cette lave effroyable que l’on voit ici
représentée comme un mur de fer, qui entoure le
Château de Catane, et se prolonge le long des
remparts de la Ville, à la hauteur de cinquante à
soixante pieds; trop nouvelle encore pour
pouvoir d’ici à plusieurs siècles être susceptible
de la plus légère végétation, elle ne présente à la
vue qu’un amas hideux de roches déchirantes, de
l’aspect et du noir le plus triste et que l’oeil ne
parcourt qu’avec effroi.
Vue du Phare ou Détroit de Messine
prise du côté de la Calabre
en arrivant à Reggio
… c’est surtout de ce lieu que l’on découvre le
beau Bassin que forment l’extrémité de la
Calabre d’une part et la pointe du Cap Pelore en
Sicile de l’autre, en se croisant au Phare de
Messine; ce qui donne à ce Détroit l’aspect d’un
immense et superbe Lac, couvert de Bâtimens,
bordé en Amphitéâtre par les plus belles
Montagnes, les plus cultivées et ornées de
chaque côté par les deux Villes de Reggio et de
Messine. Le vaste de ce tableau, qui seroit
sublime à peindre, est impossible à rendre dans
un simple Dessin.
Vue d’une partie des Champs Elisées
prise sur les bords du Lac Acheron
et dans l’éloignement les Isles
de Procida et d’Ischia
L’on y voit des Rues entières de ces Tombeaux
antiques, parmi lesquels il y en a plusieurs qui
ont été construits et décorés avec soin … Au
reste il est peu de Pays plus fait pour prêter à
l’imagination des Poètes et des Peintres … il
n’est pas dans la nature de lieu plus agréable à
parcourir et de climat plus tempéré.
Vue du Lac Averne, des restes
du Temple d’Apollon et de l’entrée
de la Grotte de la Sibille de Cuma
On voit au bord du Lac Averne les restes d’un
Temple antique dont l’intérieur est construit en
Rotonde, d’un diamètre de quatre-vingt pieds. On
distingue encore dans cette grande Ruine, les
restes d’une Coupole très élevée et plusieurs
Niches propres à recevoir des Statues: quelques
Auteurs ont voulu que ce Temple eût consacré à
Apollon, d’autres à Mercure ou à Neptune … je
serois assez porté à croire que ce Temple, dont on
voit encore de beaux restes, avoit été ordonné par
le même Agrippa; car cette belle et grande Ruine
paroît d’un bon siècle … C’est vis-à-vis du
Temple dont nous venons de parler et au Midi du
Lac Averne, qu’on trouve la prétendue Grotte de
la Sibylle. C’est une grande Galerie creusée dans
les matières volcanisées, qui ne s’étend guères
plus dans ce moment qu’à environs deux cents
pas dans l’intérieur de la Montagne, étant
terminée par un éboulement qui en ferme l’issue.
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