Journal of Film Preservation - FIAF
Journal of Film Preservation - FIAF
Journal of Film Preservation - FIAF
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Cinémathèque as the beginning <strong>of</strong> a<br />
persecution campaign. A report by an<br />
inspector from Finance, François<br />
Heilbronner, spoke <strong>of</strong> the urgent need<br />
for conservation <strong>of</strong> films in storage at<br />
Bois-d’Arcy, for an inventory <strong>of</strong><br />
collections, and an organigram <strong>of</strong> the<br />
institution. Finally, he asked for public<br />
access to the collections, notably, the<br />
library, and for legal deposit for films.<br />
During 1967, the elements <strong>of</strong> crisis<br />
accumulated. André Malraux changed<br />
position several times toward Henri<br />
Langlois. The finance minister told the<br />
cultural minister that if the needed<br />
reforms were not made he would<br />
oppose all payment <strong>of</strong> subventions for<br />
1968. In a meeting in December,<br />
Langlois refused all reforms and made<br />
a statement that was considered as a<br />
resignation when it was only a<br />
tactical reply. « The crisis <strong>of</strong> 1968 », in<br />
preparation during long months, even<br />
years, was not a surprise.<br />
The author summarizes the facts <strong>of</strong> a<br />
judicial proceeding, kept secret, that<br />
played an important role in this<br />
attempt at reform. In 1946, René<br />
Tréfousse solicited an indemnity for<br />
the loss during the Occupation <strong>of</strong><br />
negatives <strong>of</strong> the silent films produced<br />
by Éclair between 1909 and 1920.<br />
Henri Langlois testified to the total<br />
disappearance <strong>of</strong> the Éclair films. This<br />
led to the indictment <strong>of</strong> Tréfousse and<br />
Langlois for infraction <strong>of</strong> the law. A<br />
warrant was issued that led to the<br />
discovery <strong>of</strong> a part <strong>of</strong> the missing<br />
films at the <strong>of</strong>fice <strong>of</strong> the<br />
Cinémathèque at rue de Courcelles.<br />
This embarrassment, says the author,<br />
was probably the principal cause <strong>of</strong><br />
the decision to search for a new<br />
president and a new director. The<br />
administrative council meeting in<br />
February 1968 appointed Pierre<br />
Moinot as president and Pierre Barbin,<br />
the author <strong>of</strong> this article, as director.<br />
But the Minister <strong>of</strong> Culture could not<br />
make these changes accepted. The<br />
street manifestations and the press<br />
campaign contributed to a failure <strong>of</strong><br />
will, and the government capitulated<br />
before Henri Langlois. The trial at the<br />
origin <strong>of</strong> this crisis <strong>of</strong> May 1968 only<br />
came into judgment in June 1973.<br />
The author says that the trauma <strong>of</strong><br />
André Malraux’s failure explains the<br />
policy that followed. After the death<br />
<strong>of</strong> Henri Langlois in 1977, a series <strong>of</strong><br />
séquestre et par l’inspecteur des Finances Edgard Mourre, directeur de<br />
l’administration au ministère de l’Information, fixait le montant du<br />
loyer annuel à 300 000 francs que Jean-Albert Kuëny devait recevoir<br />
pour le compte des autorités d’occupation (14) . Ainsi le gouvernement<br />
de Vichy s’engageait-il à payer aux armées d’occupation le loyer d’un<br />
bien réquisitionné en France. Le 23 janvier 1943, le directeur de la<br />
Cinématographie nationale avait occupé l’immeuble sans que les<br />
conditions de location aient même été notifiées à l’administrateur<br />
provisoire nommé par le commissariat aux Questions juives. Celui-ci<br />
tenta à plusieurs reprises sans succès de vendre cet hôtel particulier qui<br />
demeura sous responsabilité allemande jusqu’à la fin de l’Occupation<br />
(15) . La Cinémathèque rejoignit les nouveaux occupants. Elle aménagea<br />
la salle de projection au rez-de-chaussée (16) et construisit des casiers<br />
en bois pour entreposer les films. Il s’agissait bien d’une réquisition<br />
allemande sur des biens juifs qui permit la cohabitation d’un <strong>of</strong>ficier<br />
allemand avec la direction de la Cinématographie nationale, instituée<br />
par Pierre Laval le 30 mai 1942 (avec délégation de signature), et la<br />
Cinémathèque française.<br />
La politique de Louis-Émile Galey<br />
Le directeur général de la Cinématographie apprécia Langlois dès son<br />
arrivée avenue de Messine et en conserva un souvenir amusé :<br />
« Avec Langlois, c’était un jeu continuel. Il faisait allusion à quelque<br />
chose que j’ignorais […] des complots qu’il ne pouvait dévoiler […] vous<br />
voyez ce que je veux dire […] faites-moi confiance (17) . » Désireux de<br />
promouvoir une politique culturelle nouvelle, Louis-Émile Galey crée<br />
l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC) et « donne<br />
mission à la Cinémathèque de constituer la future Cinémathèque<br />
nationale. De ce fait, elle est subventionnée par l’État et placée sous le<br />
contrôle du ministère de l’Information. En outre, ses collections sont<br />
entreposées dans des locaux d’État (18) . » Henri Langlois participe<br />
désormais aux manifestations <strong>of</strong>ficielles. En avril 1943, il est invité au<br />
Congrès du film documentaire. En novembre 1943, ce sera un gala<br />
consacré aux dessins animés produits depuis 1941 avec le soutien de<br />
l’État français, le prix Émile-Cohl revenant au film de Paul Grimault,<br />
L’Épouvantail. Le Dr Derichsweiler, président de la Commission du<br />
cinéma de la Propaganda Abteilung de Paris, qui a assisté à l’assemblée<br />
générale de la Cinémathèque française du 25 avril 1944 au siège de la<br />
Société des auteurs dramatiques en fait un compte rendu détaillé (19) :<br />
« Cette assemblée a conservé les anciennes formes politiciennes, toutefois<br />
toutes les décisions sont soumises au droit de veto du directeur général<br />
de la Cinématographie française, M. Galey, qui assure ainsi le contrôle<br />
gouvernemental. D’ailleurs le siège de la Cinémathèque est situé dans<br />
l’immeuble du ministère de l’Information, 7 avenue de Messine. Sur 135<br />
membres de l’association qui comprend les sociétés cinématographiques<br />
autorisées, 70 membres présents représentaient en outre 46 absents, ce<br />
qui constitue une fréquentation importante. La Propaganda Abteilung<br />
connaissait tous les membres de l’assemblée, la plupart personnellement<br />
ou par les cartes l’identité et les autorisations de travail allemandes. Aussi<br />
l’élément juif pouvait être considéré comme totalement exclu. […] Par<br />
ailleurs, la Cinémathèque et la Reichsfilmarchiv sont membres de la <strong>FIAF</strong><br />
dont la présidence est assurée par un Allemand (20) .» Longtemps après<br />
la Libération, les activités de la Cinémathèque en 1942 et 1943 restèrent<br />
19 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 67 / 2004