Journal of Film Preservation - FIAF

Opérascope
Réal La Rochelle
Robert Daudelin
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This book is said by its reviewer to be
unclassifiable: not an essay on film
music nor a history of the musical, it
is an historical and aesthetic study of
the relations of music and cinema, a
search for the “musicality of cinema,”
from Carmen Jones to Michael Snow.
Según el autor de la crítica, se trata de
un libro difícil de clasificar: no es un
ensayo sobre la música de cine ni una
historia de las películas musicales,
sino un estudio histórico y estético de
la relación existente entre la música y
el cine, una búsqueda de la
“musicalidad del cine,” de Carmen
Jones a Michael Snow.
Musicologue (il est l’auteur d’un remarquable Callas, la diva et le vinyle),
professeur, critique et essayiste de cinéma (il a publié de nombreux
textes et dirigé un ouvrage sur le son au cinéma), Réal LaRochelle nous
propose cette fois-ci un défi encore plus audacieux : retrouver la trace
du Filmoper, annoncé, tant souhaité, mais jamais vraiment rencontré
par Kurt Weill.
Le livre porte en sous-titre « Le film-opéra en Amérique », façon pour
l’auteur de nous égarer un peu plus et de nous proposer un parcours à
la façon du Petit Poucet : les repères (les cailloux) sont bien là, mais
notre destination demeure mystérieuse. Ce n’est d’ailleurs pas l’un des
moindres mérites de cet ouvrage, qu’on peut dire « savant », que de
nous entraîner dans une sorte de suspense dont l’auteur se garde bien
de nous livrer la clé.
Inclassable, le livre de LaRochelle pourrait se définir tout à la fois
comme essai historique ou essai esthétique. Sa raison d’être – son
« moteur de recherche », diraient les universitaires – est « la notion de
musicalité cinématographique », comme nous le révèle à posteriori
François Thomas dans sa très pertinente postface.
Le corpus investi par l’auteur est aussi vaste que fascinant : si les
classiques sont célébrés (le Carmen Jones de Preminger, par exemple),
l’auteur n’hésite pas à s’arrêter sur l’importance de l’œuvre de
l’animateur Pierre Hébert ou du cinéaste-peintre-musicien Michael
Snow, pas plus qu’il n’hésite à parler de l’Othello de Welles et de
presque tous les films d’Alain Resnais (dont un long et passionnant
entretien sur les rapports musique et cinéma rythme le livre), comme
d’autant d’opéras.
Pas un essai sur la musique au cinéma, encore moins une histoire du
musical (dont l’auteur décrit par contre avec beaucoup de pertinence le
récent embaumement), ce livre inclassable, fruit de quelque vingt-cinq
années de recherches (de la Library of Congress à la collection
personnelle de Peter von Bagh), vient nous rappeler encore une fois que
l’histoire du cinéma est toujours à réinventer.
Opérascope, Réal La Rochelle,
Montréal, Tryptique, 2003, 428 p.
77 Journal of Film Preservation / 67 / 2004