Journal of Film Preservation - FIAF
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L’Homme au cigare<br />
Andy Bausch<br />
Robert Daudelin<br />
Publications<br />
Publications<br />
Publicaciones<br />
A review <strong>of</strong> the feature documentary<br />
Man With Cigar (2003) by Andy<br />
Bausch, released on dvd accompanied<br />
by two interviews (Bertrand Tavernier<br />
and Carl Davis) and two films made<br />
by the subject <strong>of</strong> the documentary,<br />
Fred Junck (1942-1996) himself.<br />
Nota sobre el documental The Man<br />
With a Cigar (2003) de Andy Bausch,<br />
publicada en DVD, que incluye dos<br />
entrevistas (de Bertrand Tavernier y<br />
Carl Davis) y dos películas realizadas<br />
por el personaje principal de la<br />
película, el propio Fred Junck (1942-<br />
1996).<br />
Fred Junck (1942-1996) n’était pas du genre à passer inaperçu. Précédé<br />
par son feutre, son cigare et sa réputation de mauvais caractère, c’était<br />
un personnage. Aussi est-il assez normal qu’un cinéaste ait songé à<br />
faire un film sur le directeur-fondateur de la Cinémathèque municipale<br />
de Luxembourg.<br />
Publié en dvd en 2003, le documentaire d’Andy Bausch, comme tout dvd<br />
qui se respecte, est complété par quelques éléments supplémentaires :<br />
deux entrevues (Bertrand Tavernier et Carl Davis) et deux films réalisés<br />
par Fred Junck lui-même (un Topless Dancer inédit et incomplet de 1970<br />
et son documentaire bien connu L’Europe en marche de 1972).<br />
Portrait du « dernier homme-cinémathèque » (João Bénard Da Costa),<br />
le documentaire de Bausch s’articule principalement autour de<br />
témoignages de collaborateurs, d’amis, de connaissances et même<br />
d’ennemis de l’homme au cigare. Or, comme le signale au passage le<br />
critique Jean-Pierre Thilges, Fred s’était « construit son personnage », un<br />
mélange d’Orson Welles, Sam Fuller, Harry Cohn et Sam Spiegel, « un<br />
peu bull-dog », « un peu baroudeur », comme le décrivent d’autres<br />
témoins. C’est sans doute cette volonté de Junck de se construire un<br />
personnage qui autorise l’auteur du documentaire à faire<br />
périodiquement appel à la fiction, à travers un sosie silencieux.<br />
Collectionneur, plus que conservateur de cinémathèque, cinéphile<br />
boulimique, pur produit de la cinéphilie des années 60, admirateur<br />
inconditionnel de Fritz Lang, Raoul Walsh, Joseph Mankiewicz et Alfred<br />
Hitchcock, Fred Junck s’était construit une vie entièrement à l’intérieur<br />
du cinéma : il jouait, se mettait en scène, jusqu’au moment d’affronter<br />
la mort, semblent nous dire les témoignages de sa femme et de ses<br />
intimes. Junck était un personnage de mythologie, comme la<br />
fréquentation intense du cinéma en crée. Le film d’Andy Bausch<br />
alimente en quelque sorte cette mythologie, l’égratignant à peine au<br />
passage. Mais qui était donc Fred Junck? Bien malin celui qui pourra<br />
répondre à cette question sur la foi de ce film.<br />
p.s. En aucun cas L’Homme au cigare est-il un film sur la Cinémathèque<br />
municipale de Luxembourg. Si certains éléments de l’histoire de<br />
l’institution sont évoqués au passage, c’est toujours dans l’ombre de<br />
son redoutable fondateur.<br />
L’Homme au cigare<br />
Long métrage documentaire d’Andy Bausch. Luxembourg, 2003.<br />
Édition Cinémathèque / Ville de Luxembourg (dvd).<br />
79 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 67 / 2004