Journal of Film Preservation - FIAF
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The San Sebastion film festival <strong>of</strong><br />
September 2003 was dominated by<br />
the newly-restored masterpiece by<br />
Víctor Érice, El espiritu de la colmena<br />
(The Spirit <strong>of</strong> the Beehive), winner <strong>of</strong><br />
the festival's Concha de Oro in 1973. It<br />
was projected in the presence <strong>of</strong> the<br />
director, producer, and two actors,<br />
who also participated in a round-table<br />
led by the critic Diego Galán. This<br />
article speaks briefly <strong>of</strong> Erice's career<br />
and describes the remarkable film<br />
from the Franco era.<br />
En la edición 2003 del Festival de cine<br />
de San Sebastián se destacó la<br />
proyección de la obra maestra de<br />
Víctor Érice, El espíritu de la colmena,<br />
que recibiera la Concha de Oro en<br />
1973. La película fue proyectada en<br />
presencia del autor, del productor y de<br />
dos actors, quienes también<br />
participaron en una mesa redonda<br />
animada por el crítico de cine Diego<br />
Galán. El artículo evoca la trayectoria<br />
de Érice y describe la evolución de su<br />
obra.<br />
et El sol del membrillo, 1992 ), Víctor Érice, cinéphile et essayiste (il a<br />
écrit un livre qu’on dit remarquable sur Nicholas Ray), est un cinéaste<br />
inclassable, et la gravité, aussi bien que la maîtrise extraordinaire de<br />
chacun de ses films leur confèrent une place unique dans l’histoire du<br />
cinéma.<br />
<strong>Film</strong> sur l’enfance, la fable que constitue L’Esprit de la rûche, est aussi<br />
une évocation unique des années et du climat de l’époque franquiste.<br />
Le silence qui enveloppe le film, beaucoup plus qu’un élément<br />
dramaturgique, en devient le discours principal et seul les fantasmes de<br />
la petite enfance peuvent échapper à ce silence. (En ces temps où les<br />
bandes sonores surchargées et survoltées, et où le travail des<br />
redoutables « sound designers » semblent vouloir nier les images et<br />
nous imposer la lecture la plus simpliste possible de leur sens, il est<br />
tout à fait stimulant de se laisser envoûter par un film où les silences<br />
tiennent lieu de musique…).<br />
Mais le film est aussi, et d’abord sans doute, un poème de lumière :<br />
lumière sur les visages, les objets et les paysages. Tout est dit à celui qui<br />
veut bien accepter de regarder le film, d’admettre son rythme et son<br />
mystère. Et s’il était besoin d’explications supplémentaires, Erice les<br />
emprunte au Frankenstein de James Whale qui vient bouleverser<br />
l’imaginaire de la petite Ana et lui permettre de se distancier du monde<br />
clos des adultes – sans parler de la magnifique description de la<br />
cinéphilie villageoise que nous vaut la projection improvisée du film.<br />
De par sa rigueur même la mise en scène d’Érice se tient à distance des<br />
personnages, jamais ne les bouscule, jamais ne prétend nous les livrer.<br />
Art de la litote s’il en fût, le cinéma d’Érice fonctionne comme un<br />
cérémonial laïque dont le regard du spectateur est l’ultime<br />
organisateur : du grand art, où émotion et intelligence sont également<br />
conviées. Bouleversant!<br />
63 <strong>Journal</strong> <strong>of</strong> <strong>Film</strong> <strong>Preservation</strong> / 67 / 2004