29.06.2013 Views

de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

159<br />

Cet aspect <strong>de</strong> mascara<strong>de</strong> gentille, sans violence, per<strong>du</strong>rera jusqu'après la<br />

première guerre mondiale. Au centre <strong>de</strong> la fête, il y avait toutefois les danseurs<br />

binchois, soutenus par leurs tambours. Ils conféraient à ces journées une originalité<br />

vivante et un pittoresque sui generis qui n'offrait rien <strong>de</strong> commun avec<br />

la banalité et l'artificialité <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s cavalca<strong>de</strong>s ou cortèges historicoromantiques<br />

<strong>du</strong> siècle. La presse en arriva très vite à considérer ce carnaval <strong>de</strong><br />

Binche, comme une page d'un patrimoine vivant très éloigné <strong>de</strong> la banalité, la<br />

trivialité <strong>de</strong>s cortèges <strong>aux</strong> finalités mercantiles organisés par les municipalités,<br />

et les groupements <strong>de</strong> commerçants. Ici, point <strong>de</strong> bourgmestre, ni <strong>de</strong> comité,<br />

en tête d'un défilé organisé pour passer partout et complaire à tous. Mais la<br />

désorganisation et l'imprévu d'une fête dont la municipalité n'assure que les<br />

<strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> courtoisie et les indispensables mesures d'ordre ou <strong>de</strong> police.<br />

Dans le dix-neuvième siècle, donc, Binche conserve un carnaval très vivace,<br />

connu comme original et pittoresque à la fois pour sa mascara<strong>de</strong>, pour la force<br />

<strong>de</strong> sa mystique, pour cette étonnante danse dont le rythme assourdissant vous<br />

envoûte, par moments, jusqu'à la transe, pour la qualité vestimentaire <strong>de</strong> ses<br />

groupes constitués et notamment pour ses Gilles (chape<strong>aux</strong> <strong>aux</strong> plumes d'autruche,<br />

armoiries nationales, lions héraldiques, étoiles, soleils où le tricolore<br />

patriotique s'impose, rubans plissés, <strong>de</strong>ntelles, bijoux d'or <strong>de</strong> la famille).<br />

Ce qui explique le nombre <strong>de</strong> ses «pèlerins» <strong>de</strong>s localités voisines ou <strong>de</strong> ses<br />

hôtes d'un jour. Ces <strong>de</strong>rniers augmentent, dès que le permet, vers 1857, l'installation<br />

jusqu'à la frontière française d'une ligne ferroviaire. La presse se fait<br />

l'écho <strong>de</strong> ce renom d'abord régional (Le Centre avec La Louvière; Mons,<br />

Charleroi). La renommée s'étend vite à Bruxelles puis à la France voisine. Les<br />

Contes <strong>du</strong> roi Cambrinus <strong>de</strong> l'écrivain français Charles Deulin, édités à Paris,<br />

en 1874, en portent témoignage. La mascara<strong>de</strong> binchoise s'ordonnance <strong>de</strong> plus<br />

en plus. Aux gazettes <strong>de</strong> Mons, Charleroi, Tournai, s'ajoutent journ<strong>aux</strong> et périodiques<br />

à diffusion nationale (cf. L'Illustration européenne, Bruxelles, 13 février<br />

1875; La Chronique, Bruxelles, 12 février 1875). On <strong>de</strong>vine la diffusion<br />

<strong>du</strong> renom <strong>de</strong> la fête binchoise par le fait que L'Echo <strong>de</strong> la Dendre, Ath, 25 février<br />

1875, en parle dans <strong>de</strong>s termes dithyrambiques ou flatteurs, sans que la<br />

municipalité binchoise, ni le moindre embryon <strong>de</strong> service <strong>de</strong> presse, envoie le<br />

communiqué salvateur, tout comme La Gazette <strong>de</strong> Mons, Le Journal <strong>de</strong> Charleroi,<br />

l'Economie <strong>de</strong> Tournai, La Petite Feuille d'Annonces commerciales et<br />

in<strong>du</strong>strielles, <strong>de</strong> Tournai. Et, plus tard, <strong>de</strong>s journ<strong>aux</strong> ou <strong>de</strong>s périodiques parisiens.<br />

Cette renommée croissante exige une explication <strong>de</strong> ces usages qui apparaissent,<br />

par leur vie même et leur originalité pittoresque, comme se situant à<br />

part dans l'ensemble <strong>de</strong>s manifestations carnavalesques définies par la presse<br />

<strong>de</strong> toutes les régions <strong>du</strong> pays comme grossières, banales, triviales. Le carnaval<br />

<strong>de</strong> Binche, dès le milieu <strong>du</strong> dix-neuvième siècle, est ressenti comme une heu-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!