de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...
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Cet aspect <strong>de</strong> mascara<strong>de</strong> gentille, sans violence, per<strong>du</strong>rera jusqu'après la<br />
première guerre mondiale. Au centre <strong>de</strong> la fête, il y avait toutefois les danseurs<br />
binchois, soutenus par leurs tambours. Ils conféraient à ces journées une originalité<br />
vivante et un pittoresque sui generis qui n'offrait rien <strong>de</strong> commun avec<br />
la banalité et l'artificialité <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s cavalca<strong>de</strong>s ou cortèges historicoromantiques<br />
<strong>du</strong> siècle. La presse en arriva très vite à considérer ce carnaval <strong>de</strong><br />
Binche, comme une page d'un patrimoine vivant très éloigné <strong>de</strong> la banalité, la<br />
trivialité <strong>de</strong>s cortèges <strong>aux</strong> finalités mercantiles organisés par les municipalités,<br />
et les groupements <strong>de</strong> commerçants. Ici, point <strong>de</strong> bourgmestre, ni <strong>de</strong> comité,<br />
en tête d'un défilé organisé pour passer partout et complaire à tous. Mais la<br />
désorganisation et l'imprévu d'une fête dont la municipalité n'assure que les<br />
<strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> courtoisie et les indispensables mesures d'ordre ou <strong>de</strong> police.<br />
Dans le dix-neuvième siècle, donc, Binche conserve un carnaval très vivace,<br />
connu comme original et pittoresque à la fois pour sa mascara<strong>de</strong>, pour la force<br />
<strong>de</strong> sa mystique, pour cette étonnante danse dont le rythme assourdissant vous<br />
envoûte, par moments, jusqu'à la transe, pour la qualité vestimentaire <strong>de</strong> ses<br />
groupes constitués et notamment pour ses Gilles (chape<strong>aux</strong> <strong>aux</strong> plumes d'autruche,<br />
armoiries nationales, lions héraldiques, étoiles, soleils où le tricolore<br />
patriotique s'impose, rubans plissés, <strong>de</strong>ntelles, bijoux d'or <strong>de</strong> la famille).<br />
Ce qui explique le nombre <strong>de</strong> ses «pèlerins» <strong>de</strong>s localités voisines ou <strong>de</strong> ses<br />
hôtes d'un jour. Ces <strong>de</strong>rniers augmentent, dès que le permet, vers 1857, l'installation<br />
jusqu'à la frontière française d'une ligne ferroviaire. La presse se fait<br />
l'écho <strong>de</strong> ce renom d'abord régional (Le Centre avec La Louvière; Mons,<br />
Charleroi). La renommée s'étend vite à Bruxelles puis à la France voisine. Les<br />
Contes <strong>du</strong> roi Cambrinus <strong>de</strong> l'écrivain français Charles Deulin, édités à Paris,<br />
en 1874, en portent témoignage. La mascara<strong>de</strong> binchoise s'ordonnance <strong>de</strong> plus<br />
en plus. Aux gazettes <strong>de</strong> Mons, Charleroi, Tournai, s'ajoutent journ<strong>aux</strong> et périodiques<br />
à diffusion nationale (cf. L'Illustration européenne, Bruxelles, 13 février<br />
1875; La Chronique, Bruxelles, 12 février 1875). On <strong>de</strong>vine la diffusion<br />
<strong>du</strong> renom <strong>de</strong> la fête binchoise par le fait que L'Echo <strong>de</strong> la Dendre, Ath, 25 février<br />
1875, en parle dans <strong>de</strong>s termes dithyrambiques ou flatteurs, sans que la<br />
municipalité binchoise, ni le moindre embryon <strong>de</strong> service <strong>de</strong> presse, envoie le<br />
communiqué salvateur, tout comme La Gazette <strong>de</strong> Mons, Le Journal <strong>de</strong> Charleroi,<br />
l'Economie <strong>de</strong> Tournai, La Petite Feuille d'Annonces commerciales et<br />
in<strong>du</strong>strielles, <strong>de</strong> Tournai. Et, plus tard, <strong>de</strong>s journ<strong>aux</strong> ou <strong>de</strong>s périodiques parisiens.<br />
Cette renommée croissante exige une explication <strong>de</strong> ces usages qui apparaissent,<br />
par leur vie même et leur originalité pittoresque, comme se situant à<br />
part dans l'ensemble <strong>de</strong>s manifestations carnavalesques définies par la presse<br />
<strong>de</strong> toutes les régions <strong>du</strong> pays comme grossières, banales, triviales. Le carnaval<br />
<strong>de</strong> Binche, dès le milieu <strong>du</strong> dix-neuvième siècle, est ressenti comme une heu-