de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

gnathe et sa barbe dont la pointe va vers l'avant. Un profil typique que l'on retrouve
sur des monnaies ou l'avers de médailles, sur le tableau du Titien de
Charles Quint à la bataille de Mùhlberg (1547) ou sur celui de Giovanni Francesco
Terzio, à la Pinacothèque de Vienne, figurant l'empereur, au mantelet
noir comme la toque, le pourpoint où se remarque le collier au bélier de la Toison
d'or, les hauts et bas de chausses, ainsi que les chaussures. On le voit mal
avec les chausses rouges que lui attribue A. Van De Put. A gauche de l'empereur,
la régente Marie de Hongrie, dans des vêtements de deuil fort proches de
ceux du premier dessin, avec, moulant le crâne, une coiffe simple dont on devine
les pointes antérieures empesées, arrondies, par le fer, en demi-boucles;
cette coiffe diffère de celle du premier dessin. Le troisième personnage, à
gauche de Marie, serait Eléonore. Sa silhouette apparaît moins empâtée que
dans le premier dessin où elle ressemble si étrangement à Marguerite de Savoie
ou à nos religieuses d'antan. Son habillement implique, si c'est elle, une
étonnante recherche d'élégance vestimentaire, et un surprenant contraste avec
la première silhouette. La femme dessinée apparaît comme jeune et jolie, plus
jeune, apparemment, que Marie endeuillée. Sa coiffure est élégante comme sa
robe bleue et sa cotte dont on voit le triangle jaune. Le corsage à l'échancrure
qui se découpe en angles droits, dégage bien le cou et le haut du buste. On
soupçonne des bijoux, des perles, des pierres précieuses, notamment dans le
diadème de la coiffure. Le banquet et la collation de la salle enchantée, fin des
Triomphes de Binche, auraient-ils incité Eléonore à cette métamorphose ?
Nous n'osons rien affirmer. En train de converser avec elle, le quatrième personnage
du groupe central, vu de profil, est en noir comme la plupart des dignitaires.
Ses bas de chausses sont rouges comme dans le premier dessin car
nous pensons au prince Philippe. Ces quatre personnages, à droite du groupe
central, sont suivis de trois dames et trois gentilshommes, probablement appartenant
à leurs maisons ou «chambres» respectives. Deux robes sont rouges
avec l'avant-bras découvert. Celle de la reine Eléonore — appelons-la bleue et
jaune — a des manches qui vont jusqu'aux poignets. Est-ce le hasard, seul, qui
la distinguerait ainsi ? La coiffure, chez toutes, sauf Marie, est bien à la mode.
Un diadème maintient en place le voile qui couvre la tête et cache les cheveux,
en tombant jusqu'aux épaules.
À droite du dessin, devant un haut panneau rectangulaire peint, on devine
quatre conduits verticaux qui offrent à profusion les quatre boissons au choix.
A leur extrémité, une sorte de nuage montre le bouillonnement des vins jaillissant
des conduits. Ce qui n'est pas bu s'écoule par les quatre cuvettes rectangulaires
que cache une haute base, sur plan rectangulaire, avec corniche et
moulures. Cette base en bois cache l'arrivée des tuyaux d'alimentation de la
fontaine. La peinture qui décore le haut panneau vertical représente un personnage
nu au manteau rouge planant au-dessus d'un rocher abrupt. Calvete ne
mentionne pas ce personnage énigmatique, sans doute, de la mythologie. Il dé-
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