de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

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Le spectacle guerrier offert au prince s'apparente à celui de Mariemont, le
jeudi 29 août. Nous l'avons vu déjà au cours du voyage, l'époque se montre
friande de pareilles démonstrations militaires : canons tonnant, soldats tiraillant,
cavaliers chargeant au risque de se blesser, travaux de terrassement avec
des retranchements défendus par des bastions, des «boulevards» et des tranchées
dans les deux camps. Les manœuvres programmées se terminent par une
bataille rangée. Elle est rude. Plusieurs chevaux sont tués dans les charges menées
au rythme des tambours et au son clair des trompettes 65 .
L'engagement terminé, le prince fait son entrée solennelle par la porte de
Louvain où le reçoivent les notables du duché et de la ville. Harangues, arcs de
triomphe, torches allumées, tableaux vivants sur des hourds, inscriptions latines
où parfois la bible fournit les thèmes des compliments d'usage. D'une
fontaine en face du Marché aux Poissons, jaillissent trois sortes de vins qui,
nous ne résistons pas au plaisir de vous l'apprendre, font allusion «à la divine
théologie, à la sublime philosophie et à la douce poésie auxquelles la reine
Marie est singulièrement adonnée». Au sommet de la fontaine, trois statues en
pierre blanche, celles de la reine Marie dans son costume de veuve royale, un
faucon sur le poing et un beau lévrier à côté d'elle, de la chaste Diane avec son
arc et son carquois, de la sage Pallas cuirassée et casquée avec son égide et sa
lance. Ces figurations sont de clairs symboles. Elles célèbrent le goût de la
reine pour la chasse, «sa chasteté, sa sagesse et sa maturité dans le gouverment».
Cette figuration symbolique illustre bien les traits principaux du caractère
de la gouvernante, fervente chasseresse, et qui, sa vie durant, portera le
deuil de son jeune mari en revêtant des vêtements noirs sans bijoux et en vivant
dans un appartement au luxe discret dont les chambres étaient tendues de
noir comme, d'ailleurs, la litière dans laquelle elle se déplaçait.
Le prince, dans la nuit, arrive au palais de Bruxelles où le reçoivent ses
tantes qui l'accompagnent dans les appartements de l'empereur. Des feux de
joie et des feux d'artifice éclairent la ville. L'allégresse est générale. Le
2 avril, les membres du magistrat offrent une coupe avec son couvercle, en argent
doré. Deux placards, aux portes du palais, en espagnol et en français, annoncent
une joute courtoise, sur la Grand-Place. On y publie aussi les prix
prévus et le règlement. A cause du carême, on renoncera à la première date annoncée,
le début d'avril, et on reportera la joute au premier dimanche après
Pâques, le 5 mai 1549.
Pendant les trois mois et dix jours où le prince séjourne à Bruxelles, on organise
des festivités diverses, des banquets, des bals, des «mascarades», des
parties de chasse à courre et des tournois. Ces divertissements offrent à l'infant
des possibilités de mieux connaître la noblesse des Pays-Bas et les problèmes
de politique intérieure qui se posent. A-t-il réellement profité des
occasions offertes ?