de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

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carnaval de Binche qui est, avant tout, une immense mascarade populaire.
Quant au personnage du Gille, le Bruxellois qu'est Van den Corput ignore
bien sûr que son costume, que ses usages, ont évolué et que son faste d'aujourd'hui
est récent.
La réplique d'Ernest Matthieu est cinglante : «L'hypothèse de monsieur le
sénateur Van den Corput sur l'origine des Gilles de Binche est très ingénieuse,
mais on pourrait lui appliquer ce mot de Delmée [...] la fantaisie a le pas sur
l'histoire [...]». L'historien cite le seul document qu'il ait trouvé dans les
archives communales, la lettre du 23 pluviôse an III, 11 février 1795. Il ne
croit pas que l'origine du Gille puisse remonter au-delà du XVIII e siècle. Il se
fonde sur l'absence de documents antérieurs à 1795 dans les archives communales.
La musique elle-même ainsi que certaines paroles chantées «Lion Belgique,
Quand on te pique, tu sais montrer les dents [...]» ne remontent pas
au-delà de la seconde moitié du XVIII e siècle. «D'après ces particularités,
j'estime que l'origine des Gilles est relativement moderne et pourrait dater du
temps de la révolution brabançonne».
Ernest Matthieu, s'il est un bon historien, habitué à la consultation des
archives, doué de sens critique, vit dans une époque et dans un milieu où le
folklore, en tant que science des traditions populaires, en est à se premiers balbutiements.
On lui reprochera de ne pas avoir mené une enquête préalable sérieuse,
et de ne pas se fonder sur la comparaison avec des usages populaires
analogues. L'historien ne s'est intéressé qu'exceptionnellement et indirectement
au folklore. Il a tout de même eu l'indéniable mérite de rappeler son interlocuteur
à la nécessité d'exercer son sens critique : «Un dernier détail qui
m'est fourni par M. Derbaix, l'estimable bourgmestre de Binche, c'est que la
forme du chapeau, celle du masque sont tout à fait modernes et datent d'une
quarantaine d'années». Ce qui signifie en clair que l'aspect fastueux auquel
Van den Corput attache tant d'importance est récent. E. Matthieu reste aussi
l'inventeur du document le plus ancien que nous possédions encore maintenant,
sur les Gilles 218 .
La discussion rebondit à la fin de 1899 et au début de 1900. L'hebdomadaire
carolorégien, UEducation populaire, dirigé par Clément Lyon, ouvre ses
chroniques aux adversaires ainsi qu'à J.-Th. De Raadt 219 . Ces articles sont
réunis dans une brochure, en 1900 22 °.
Van den Corput ouvre le feu 221 . Il répond à la brochure de Matthieu, de
1899 222 et à un article de l'héraldiste réputé J.-Th. De Raadt 223 . Ses adversaires
ont beau lui répéter que le caractère fastueux du Gille, notamment de
son chapeau, n'est pas ancien et qu'il ne peut donc fonder une théorie. Il répond
: «Aux prétendues preuves avancées [...] et particulièrement au singulier
argument [...] au sujet du couvre-chef des Gilles, qui ne daterait que d'une
quarantaine d'années, il me suffira d'opposer le fameux plumet, les énormes