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de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

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<strong>de</strong> l'Académie, s'avise <strong>de</strong> la représenter. Il refuse <strong>de</strong> la repro<strong>du</strong>ire dans sa réalité<br />

sévère, avec le noir <strong>du</strong> <strong>de</strong>uil et sans bijoux, comme la montrent <strong>de</strong>ssins,<br />

peintures, gravures. L'affiche et la lithogravure qu'il crée nous fournit une<br />

Marie, fidèle au mythe local, une très jeune femme parée <strong>de</strong> bijoux, à la belle<br />

coiffure, à la robe somptueuse. Plus <strong>de</strong> face émaciée, d'yeux globuleux, <strong>de</strong><br />

prognathisme héréditaire <strong>de</strong>s Habsbourg. L'artiste imagina une tout autre héroïne<br />

à la fraîche jeunesse. Comment faire autrement pour complaire <strong>aux</strong> Binchois<br />

? Pour eux la dame <strong>de</strong> Binche <strong>de</strong>vait être une jeune beauté radieuse. Il<br />

s'inspira, pour les traits, le costume, les bijoux, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> François<br />

Clouet 262 . Le résultat fut heureux. L'œuvre <strong>de</strong> R. Mallet, après avoir annoncé,<br />

<strong>aux</strong> fenêtres, la commémoration et illustré le symbolisme binchois <strong>de</strong> ces festivités,<br />

fut dûment encadrée et orna l'intérieur <strong>de</strong>s boutiques ou <strong>de</strong>s maisons<br />

où elle continue à chanter l'amour <strong>de</strong> Binche pour cette figure historique <strong>de</strong>venue<br />

mythique. Au faubourg Saint-Paul, au départ <strong>de</strong> la ruelle «à Mourdreux»,<br />

une petite maison basse, chaulée, la montre encore trônant dans une fausse fenêtre<br />

<strong>du</strong> premier étage, comme un saint ou une image pieuse dans une niche.<br />

Illustration populaire et émouvante <strong>de</strong> ce mythe qui, dans son contenu, englobe<br />

l'appartenance ethno-culturelle à l'Espagne, les seigneurs castillans empanachés<br />

ou les caciques péruviens. Ces souverains fabuleux <strong>de</strong> l'empire<br />

Quechua <strong>du</strong> Pérou sont d'ailleurs <strong>de</strong>venus ces Quechuas eux-mêmes. Et le<br />

poète n'oublie pas <strong>de</strong> les chanter, assimilant la danse <strong>de</strong>s Gilles, le soir <strong>du</strong><br />

mardi gras, éclairés par les feux <strong>de</strong> Bengale, à une sorte <strong>de</strong> danse <strong>du</strong> feu : «[...]<br />

Les Incas dansent et piétinent / Autour <strong>de</strong>s feux <strong>de</strong> la tribu, / C'est une ron<strong>de</strong><br />

fantastique / Au son <strong>de</strong>s sauvages tambours, / Sur les plate<strong>aux</strong> <strong>de</strong> l'Amérique,<br />

/ Les Indiens dansent toujours. [...] / Autour <strong>de</strong> la flamme élargie, / Est-ce une<br />

ron<strong>de</strong> <strong>de</strong> guerriers / Ou bien l'appel à la magie, / Sortant <strong>de</strong>s masques <strong>de</strong> sorciers<br />

? / La nuit est pleine d'arabesques / Et <strong>de</strong> superbes floraisons, / Les danseurs,<br />

ombres gigantesques, / Bougent sur les murs <strong>de</strong>s maison. / Et la fête, où<br />

le peuple crie, / Finit comme un splendi<strong>de</strong> adieu, / Dans cette fantasmagorie /<br />

Qui vient terminer l'hymne au Feu.» 263<br />

Ainsi, dans l'esprit <strong>de</strong> monsieur Tout le mon<strong>de</strong>, Binchois ou non, Belges ou<br />

étrangers, s'effectue une double dénaturation. L'événement historique, la réception<br />

festive d'août 1549, se mue en une sorte <strong>de</strong> commémoration, à l'image<br />

<strong>de</strong> ces cortèges qui se sont multipliés au dix-neuvième siècle. Que l'on se souvienne<br />

<strong>de</strong> la célèbre Marche <strong>de</strong>s Incas, <strong>de</strong> Valenciennes, organisée par la société<br />

<strong>de</strong>s Incas <strong>aux</strong> buts philanthropique et touristique, société qui fut fondée<br />

en 1826 et dont le passé a été bien étudié ! Et, d'autre part, dans une secon<strong>de</strong><br />

dénaturation, le carnaval <strong>de</strong> Binche perd son caractère spontané, populaire. Il<br />

est ramené au rang d'une reconstitution artificielle <strong>de</strong> la préten<strong>du</strong>e cavalca<strong>de</strong><br />

originelle <strong>de</strong> 1549 dont les Incas ou caciques péruviens emplumés auraient illustré<br />

la conquête <strong>du</strong> Pérou par Pizarre. Les raisons <strong>de</strong> cette double dénaturation,<br />

il convient <strong>de</strong> les chercher dans l'absence, encore au milieu <strong>du</strong> siècle,

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