de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

184
En 1931, la publication d'un livre de 64 pages, consacré au carnaval de
Binche 238 , contribue à renforcer l'implantation populaire de la légende.
L'opuscule d'A. Labrique se présente bien : beau papier, photographies en
hors texte, couverture en quadrichromie avec un des premier dessins de notre
Hergé national présentant un Gille, en buste, aux belles plumes en panache et
à la face poupine de Tintin. Le livre, au surplus, est savoureux. L'auteur avait
la plume facile et le style pétillant. Le nombre réduit de pages ne rebutait pas
le lecteur qui tombait vite sous le charme d'un carnaval primesautier, original,
vécu par un Binchois de souche, aimant sa ville, ses traditions, et Gille de surcroît.
A cet auteur, dont le fond et la forme avaient tout pour plaire, il ne faut
certes pas demander une rigoureuse information historique ou ethnologique.
A. Labrique dédaigne le dépouillement des archives poussiéreuses ou la lecture
des relations originales connues. Il ne prend guère la peine de consulter
les journaux anciens, de s'informer de l'évolution de nos usages. Il n'est ni
historien, ni ethnologue, par goût, par formation. Mais il aime Binche et son
carnaval; son livre est le fruit de cet amour, un fruit que préparaient bien des
articles antérieurs écrits dans le même esprit de vulgarisation affective.
Le succès de ce petit livre à Binche, dans la région et les villes importantes,
est un des facteurs qui expliquent la relance de la légende, magnifiquement
commentée par la plume, la simplicité d'écriture de notre auteur, plus conteur
ou fabulateur qu'historien enchaîné à sa table de travail, ou qu'ethnologue
friand de comparaisons ethnographiques.
Voici comment A. Labrique imagine la naissance du carnaval et la genèse
des Gilles : «Les origines du Gille. — Le 22 août 1549...
«Oui, parfaitement, nous disons : «Le 22 août 1549», car, si peu d'envie que
nous ayons de faire ici quelque chose qui ressemble à un cours d'histoire, il
nous paraît indispensable, au seuil de ce petit ouvrage dédié à la gloire du Carnaval
de Binche et de ses Gilles, d'essayer d'en établir la noble et lointaine
origine. — Nous tâcherons d'être aussi peu doctoral que possible.
«Donc, le 22 août 1549, Marie de Hongrie, Dame de Binche et Régente des
Pays-Bas, offrait en l'honneur de son frère, le Très Grand et Très Auguste Empereur
Charles-Quint, et du fils de celui-ci, qui devait devenir plus tard Philippe
II, des fêtes d'une splendeur et d'un faste tels, que non seulement leur
souvenir devait rester gravé dans la mémoire des participants et des témoins,
mais encore que leur description allait être propagée dans l'immense empire.
Le cadre en était, paraît-il, purement merveilleux. — C'était celui du «Castel»
de Binche, bâti sur l'emplacement du parc communal actuel, et dont les fondations
furent récemment mises au jour...
«Les fêtes carnavalesques, vestiges du paganisme, existent dans nos régions
depuis les temps les plus reculés. Elles se perpétuent et se développent notam-