de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

du château comtal évoque les merveilles du ciel, les astres, les panètes, les
étoiles. Le ciel, tour à tour, s'obscurcit ou se rassérène. «Ainsi finirent les fêtes
de Bins dignes d'éternelle mémoire».
Pour leur épisode central, ces festivités de Binche comportent une surprenante
dramatisation romanesque. Ces journées, au milieu du XVI e siècle et en
pleine Renaissance, restent médiévales par bien des traits. L'essentiel sont les
tournois et les jeux guerriers avec leur aspect d'exercices sportifs préparant
aux affrontements réels. Les «tenants» lancent un défi à tout homme «bien
né»; ils défendent des «pas» et l'habileté, la force, les prouesses des champions
sont honorées. Tout ce comportement est de tradition médiévale comme
le sont les intermèdes qui rompent la monotonie, les sauvages, le dragon crachant
du feu, les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle avec leurs femmes
portant des ustensiles, et certains déguisements aux hennins à l'ancienne. Le
thème inspiré des romans de chevalerie, allant du cycle arthurien aux Amadis,
autorise bien des allusions littéraires, dans les surnoms des chevaliers en-ants,
les personnages comme le magicien Norabroc, le matériel et le décor utilisés.
Par une évolution qui durera des décennies, au cours de la seconde partie du
XVI e et du début du XVII e siècle, avec les transformations de la guerre et de la
société, ces joutes et tournois, qui étaient destinés à l'apprentissage de l'affrontement
guerrier, vont peu à peu se muer en spectacles mis en scène et ordonnancés.
Leur présentation flatteuse, le décor, les costumes étudiés viseront
non plus à souligner les qualités physiques des participants mais la grâce de
ces derniers. On se plaira à juger la mise en scène et la rigueur du spectacle
devenu parade. Ce qui, jadis, était un rude exercice sportif, réel apprentissage
à la guerre, que dominait la force brutale, deviendra un jeu bien réglé, un «carrousel».
Dans maintes solennités, ce spectacle conçu et réglé par un metteur en
scène sur un thème à la gloire du souverain ou du prince constitue surtout un
hommage. On exalte ainsi la puissance et la renommée politiques ou militaires
du princeps et de sa famille. Déjà, à Binche, comme dans l'ensemble du
voyage et de la tournée de présentation du prince à ses futurs sujets, point cet
aspect de parade, avec sa finalité d'hommage et d'exaltation.
Le 31 août 1549, les hôtes illustres quittent la ville. «L'empereur et le
prince accompagnés de tous les princes, ducs, marquis, comtes, barons, chevaliers
et gentilshommes de leur cour, partirent de Binche après dîner, emportant
une grande satisfaction des fêtes qu'on leur avait données et de la réception
magnifique que leur avait ménagée la reine de Hongrie. Le prince prit les devants,
comme il avait fait précédemment, pour entrer à Mons, qui est la ville
principale et la capitale du comté de Hainaut.» 74
La ville est importante si l'on considère, à part Valenciennes, la médiocrité
relative des autres bonnes villes du comté, Bouchain, Le Quesnoy, Landrecies,
Avesnes, Chimay, Beaumont, Binche, Le Rœulx, Maubeuge, Bavay, Ath, Les-
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