de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

seule d'après le tableau de M.-A. Arnould qui donne une idée de la situation
démographique, à la fin du XVI e siècle, à l'époque où l'on dessina les
gouaches des albums de Croy, sa population représente environ 2 412 habitants
sur les 9 200 de la prévôté. En réalité, avant la récession économique et
la misère qui ont frappé la ville et la région (incendie et sac de 1554; prise de
la ville par le duc d'Alençon en 1578) la population urbaine semble plus importante.
En 1547, Binche dénombre 673 chefs de ménage (bourgeois, veuves
de bourgeois, non bourgeois, privilégiés). En 1553, le nombre atteint 718,
mais, après le désastre de 1554, il descend à 422 ménages, soit moins de 2 000
habitants 42 . À la veille de sa prise par le duc d'Alençon, la ville n'a pas recouvré
sa population d'antan 43 . Les désastres de 1554 et de 1578, l'insécurité des
temps avec leurs guerres incessantes, les perfectionnements apportés à l'artillerie
de campagne qui enlèvent toute valeur à la ville, place forte à la situation
topographique médiocre environnée de coteaux, tout cela explique la chute de
la population et la récession économique de la cité qui a cessé d'être un lieu de
résidence comtale ou royale ainsi qu'une place forte digne de ce nom.
Cette importance politique et économique très relative de Binche, au milieu
du seizième siècle, ne transforme pas toutefois la ville, «en ce village perdu»
qu'évoque D. Devoto, un chercheur récent 44 . Mais il est évident qu'elle n'explique
pas, en soi, les fastes de ces «triomphes» dont l'éclat nous étonne
comme il a surpris les contemporains durant plusieurs décennies. Huit relations
dues à des témoins directs et rédigées dans les grandes langues internationales
de l'époque (français, italien, espagnol, allemand) attestent de cette
aura. Celle-ci continue à rayonner, à vrai dire après une longue éclipse de près
de trois siècles, dans notre imaginaire binchois. Le Mas brava que las fiestas
de Bains, rapporté par Brantôme, fait florès. Tout comme le «Plus oultre» impérial,
devenu la devise de la cité, en 1949, après les fêtes commémoratives et
leur succès populaire.
Évidemment, l'importance médiocre de notre ville, même s'il convient de la
pondérer en considérant l'époque et la faible densité d'habitat de la région ou
du pays, ne justifierait en rien son choix pour une réception et des festivités
exceptionnelles. Mais, répétons-le, Binche est le centre d'un domaine octroyé
en douaire à la gouvernante des Pays-Bas, et la reine Marie, séduite par la région
et ses belles forêts giboyeuses, a commencé à y faire construire un palais
somptueux.
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