de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

Le cortège princier reprend la route, le 31 mars, pour Wavre «qui est à six
lieues de Namur et à quatre lieues de Bruxelles» 57. «De nombreux chevaliers
espagnols, sujets de Sa Majesté, vinrent lui baiser la main» 58.
Le lundi 1 er avril, son Altesse quitte Notre Dame de Wavre, Nuestra sehora
Vabre 59. Il est content, et on le comprend, «d'être enfin arrivé à la dernière
étape de ce long et fatigant voyage, accompli au cœur d'un hiver âpre et rigoureux;
il alla dîner à Tervueren, village qui possède un château ou palais fort
agréable, entouré de nombreux fossés et d'étangs où l'on entretient une foule
de cygnes. Il touche à la célèbre forêt de Soignes, à deux lieues de Bruxelles.
La sérénissime reine Marie de Hongrie et de Bohême, avec ses dames et sa
cour, y attendait le prince, son neveu, qu'elle alla recevoir à la première porte
du château. [...] Le prince mit pied à terre avant d'arriver à la porte 60, et
s'avança à pied vers la reine : on ne pourrait se figurer les marques d'affection,
de respect et de courtoisie qu'ils échangèrent entre eux. On avait préparé
pour le prince un banquet somptueux, non moins animé par la joie de la reine
que par l'allégresse et la gaieté de tous les convives» 61 .
Pendant le repas, la population de Bruxelles était en effervescence. «Une incroyable
affluence de monde remplissait la ville et les campagnes d'alentour,
couvrant au loin les routes et les champs où le prince devait passer. Il était venu
une foule de princes, de seigneurs et de nobles [...] ; la cour regorgeait non
seulement de princes, de grands et de chevaliers de toutes les provinces et de
toutes les nations de l'Empire, mais elle était aussi encombrée de princesses et
de dames de haut parage. Il s'y trouvait entre autres, accompagnée de ses
dames d'honneur et de sa suite, Sa Majesté très chrétienne, la reine de France
[Eléonore d'Autriche, veuve de François I er ].» 62
Le repas terminé, on se rend à l'emplacement 63 de la manœuvre militaire et
de l'engagement qui y devaient avoir lieu, en l'honneur du prince. Marie de
Hongrie a fait construire une vaste tribune, flanquée de deux autres plus petites.
La grande tribune, celle du milieu était accessible par l'arrière. Un escalier
de vingt-huit marches donnait sur des gradins larges et commodes. La
construction avait une longueur de deux cent soixante pieds, soit environ
86 mètres. La grande tribune, seule, s'étalait sur soixante pieds de longueur et
vingt-six de largeur, soit 20 m sur 9 m environ. Calvete se plaît à décrire par le
menu l'ornementation de cette construction temporaire : l'intérieur, tendu de
tapisseries en fils d'or et en soie; le balcon de la grande tribune réservé au
prince et aux reines, garni de tentures et de lambrequins de brocart, et des
coussins assortis sur les appuis du balcon ou sur les cinq rangées de sièges réservés,
en premier lieu, au prince, aux reines et à leur cour, et, en second lieu,
aux dames et seigneurs venus de Bruxelles. «Il y avait là, écrit Vicente Alvarez,
beaucoup de dames très belles, en tout cas de meilleure mine que les Allemandes,
qui ont un air commun, et même que les Italiennes, à l'exception de
Gênes où j'ai vu de jolies femmes [...].» 64
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