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de marie de hongrie aux gilles de binche - Mémoires du Hainaut ...

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té fort patriotique <strong>de</strong> l'époque propose ou impose le choix <strong>du</strong> rouge, <strong>du</strong> jaune, <strong>du</strong> noir.<br />

Cette coloration nationale est fortement marquée et ce n'est pas un choix fortuit. L'aura<br />

croissante <strong>du</strong> Gille, personnage hors <strong>du</strong> commun carnavalesque, exige une ornementation<br />

raffinée, elle aussi peu carnavalesque, et le bon goût incite à<br />

l'uniformisation. Par ailleurs, vers cette époque, se développe un commerce nouveau,<br />

celui <strong>de</strong> la location <strong>de</strong>s costumes <strong>de</strong> Gille. Au milieu <strong>du</strong> siècle, les tailleurs d'habits<br />

binchois confectionnaient sur mesures le costume qu'achetait le Gille. Par après, au fil<br />

<strong>de</strong>s années, les artisans en sont venus à profiter <strong>de</strong> la morte-saison pour préparer leur<br />

travail. On en est arrivé, vers 1880-1890, à louer le costume d'abord <strong>aux</strong> Binchois,<br />

puis à nos amis <strong>du</strong> Centre. La facilité et la rentabilité incitaient, elles aussi, à unifier la<br />

décoration ; la concurrence entre ces «louageurs» à <strong>de</strong>mi professionnels poussait à embellir<br />

et à rivaliser. Les diverses commémorations festives <strong>de</strong> notre indépendance nationale<br />

(1855; 1880) ont-elles poussé nos arrière-grands-parents dans cette voie<br />

héraldique et patriotique ? Vers 1880, en tout cas, l'uniformisation est réalisée en<br />

gran<strong>de</strong> partie. Des costumes portent le lion, dès 1875. Les <strong>de</strong>ssinateurs choisissent <strong>de</strong><br />

représenter la tenue la plus noble, la plus originale, la plus nouvelle, et ne figurent jamais<br />

l'ornementation ancienne. Les photos commencent à se propager; on n'y voit jamais<br />

que la décoration vestimentaire nouvelle. La couronne sommant le lion<br />

n'apparaîtra qu'à l'extrême fin <strong>du</strong> siècle. Je prépare une monographie sur ce problème<br />

vestimentaire, lié au développement <strong>du</strong> sentiment national ou patriotique.<br />

Rappelons, par ailleurs, que le chapeau à plumes et le masque <strong>du</strong> Gille se sont intro<strong>du</strong>its,<br />

suivant un témoignage <strong>de</strong> 1900, vers 1850 à 1860. Ils ont remplacé alors d'autres<br />

accessoires abandonnés pour tenter d'uniformiser l'aspect <strong>du</strong> Gille. Il est sé<strong>du</strong>isant<br />

d'imaginer que c'est déjà vers cette époque, 1850 à 1860, que les jeunes bourgeois libér<strong>aux</strong><br />

ou catholiques, <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> la classe aisée, ont eu l'idée <strong>de</strong> créer un costume<br />

uniforme proclamant leurs convictions patriotiques. Dans ce cas, le témoignage<br />

<strong>de</strong> P.-C. Meurisse datant cette évolution «d'une quarantaine d'années», en 1922, <strong>de</strong>vrait<br />

être corrigé et amendé d'une vingtaine d'années en arrière. En réalité, la documentation<br />

iconographique ancienne dont nous disposons et que j'ai rassemblée <strong>de</strong>puis<br />

1936 en vue <strong>de</strong> l'ouverture d'un musée <strong>du</strong> carnaval, ne nous montre que les lions, accompagnés,<br />

disent les journ<strong>aux</strong>, <strong>de</strong> soleils, d'étoiles. Les soleils se constituaient <strong>de</strong><br />

trois parcelles ron<strong>de</strong>s <strong>de</strong> drap, <strong>aux</strong> couleurs nationales, que l'on cousait en les juxtaposant.<br />

Depuis quelques années, les «louageurs», pour la plupart, les ont abandonnés ou<br />

en ont ré<strong>du</strong>its le nombre. Les étoiles ont résisté à la nécessité <strong>de</strong> faciliter le travail et<br />

<strong>de</strong> le rentabiliser. Ils existent encore. Les <strong>de</strong>ssins et photos, les plus anciens et les plus<br />

sûrs, car il y a <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins fantaisistes, nous montrent toujours cette même ornementation<br />

héraldique nationale (couleur tricolore, lions, armoiries sur le dos <strong>de</strong> la blouse).<br />

Vers 1900, les lions héraldiques apparaissent sommés d'une couronne. L'évolution ornementale<br />

tend à se fixer alors. Mais elle se singularise un tantinet d'après les «louageurs»,<br />

«lès louwadjeûs», leurs goûts esthétiques personnels ou leur souci <strong>de</strong> faciliter<br />

et <strong>de</strong> rentabiliser leur travail. Que le ruban <strong>de</strong> satin qui forme «èl cou r'tombant», soit<br />

plissé à la main ou à l'ai<strong>de</strong> d'une machine m'apparaît sans importance car le ren<strong>du</strong> <strong>du</strong><br />

travail mécanique est parfait ! Mais si la découpe <strong>de</strong> la silhouette <strong>du</strong> lion héraldique ou<br />

celle <strong>de</strong>s armoiries dorsales est médiocre, ce qui est parfois le cas, on peut regretter le<br />

manque <strong>de</strong> goût et les <strong>de</strong>ssins pitoyables. La beauté d'un costume <strong>de</strong> Gille rési<strong>de</strong> aussi<br />

dans le soin apporté au détail. Notre patrimoine mérite un effort <strong>de</strong> compréhension ar-<br />

tisanale.

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