Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
30<br />
Mais même eux se voient <strong>de</strong> plus en plus refuser l’accès au corps ; l’excès <strong>de</strong> pu<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>vient<br />
problématique pour la pratique médicale. On retrouve <strong>de</strong> multiples illustrations dans la<br />
littérature :<br />
« I<strong>sa</strong>belle <strong>de</strong> Castille (…) refu<strong>sa</strong> (…) <strong>de</strong> dévoiler l’ulcère qui la rongeait. Elle en mourut. » ;<br />
« Pie V refuse la honteuse son<strong>de</strong> qui aurait pu le soulager <strong>de</strong>s pierres <strong>de</strong> <strong>sa</strong> vessie. (Il meurt)<br />
d’une douloureuse rétention d’urine » ; et bien d’autres exemples.<br />
La pu<strong>de</strong>ur atteint même le discours médical. Les traités écrits en langue vulgaire (c’est à dire<br />
en français plutôt qu’en latin) tentent <strong>de</strong> promouvoir la <strong>sa</strong>nté publique mais on les accuse <strong>de</strong><br />
« menacer la <strong>sa</strong>nté morale, <strong>de</strong> défier la civilité, d’enfreindre aussi bien les normes <strong>de</strong> la<br />
décence que le secret professionnel » en expo<strong>sa</strong>nt certaines parties du corps.<br />
Le 17 ème siècle voit apparaître un nouveau concept : celui <strong>de</strong> maladies « honteuses ». Les<br />
infections sexuellement transmissibles, les malformations <strong>de</strong>s organes sexuels, les maladies<br />
mentales comme l’hystérie, les comportements déviants, la gale… qui n’étaient jusqu’à lors<br />
pas taboues, le <strong>de</strong>viennent.<br />
A cette époque, le Congrès est le tribunal <strong>de</strong>vant juger <strong>de</strong>s capacités d’un mari. Celui-ci <strong>de</strong>vra<br />
donc se soumettre à un examen <strong>de</strong>s organes génitaux et pratiquer le coït <strong>de</strong>vant témoin.<br />
Finalement, ces procès seront interdits, d’abord par respect <strong>de</strong> la pu<strong>de</strong>ur féminine puis <strong>de</strong><br />
celle <strong>de</strong>s hommes. C’est la première fois que l’on reconnaît la pu<strong>de</strong>ur masculine.<br />
Puis, la pu<strong>de</strong>ur perd un peu <strong>de</strong> place pour en laisser à plus <strong>de</strong> sécurité notamment lors <strong>de</strong>s<br />
accouchements auxquelles seules les matrones pouvaient assister (les hommes étaient<br />
exécutés s’ils o<strong>sa</strong>ient y participer). Les acci<strong>de</strong>nts sont fréquents avec ces femmes peu<br />
qualifiées et le premier accoucheur est Jacques Clément en 1663. Après plusieurs décennies<br />
<strong>de</strong> lutte, les hommes chirurgiens s’imposent comme accoucheurs au début du 18 ème siècle.<br />
Mais la pu<strong>de</strong>ur n’est pas une valeur obsolète, bien au contraire. Au début du XVIIIème siècle,<br />
l'examen physique rencontre toujours <strong>de</strong>s difficultés notamment au niveau <strong>de</strong> l'auscultation<br />
cardio-pulmonaire. L’auscultation immédiate est « aussi incommo<strong>de</strong> pour le mé<strong>de</strong>cin que<br />
pour le mala<strong>de</strong>, le dégoût seul la rend à peu près impraticable dans les hôpitaux ; elle est à<br />
peine propo<strong>sa</strong>ble chez la plupart <strong>de</strong>s femmes, et chez quelques-unes même, le volume <strong>de</strong>s<br />
mamelles est un obstacle physique à ce qu’on puisse l’employer ».(5)