Consulter sa thèse - URPS médecins Ile-de-France
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Mé<strong>de</strong>cins et patients se rejoignent donc sur ce paradoxe du regard médical car leur relation est<br />
elle aussi double : une relation mé<strong>de</strong>cin / patient et être humain / être humain.<br />
"C'est essentiel (<strong>de</strong>) respecter le patient. Ca fait partie <strong>de</strong> la relation humaine, pas seulement<br />
soignant-soigné.", Dr 7.<br />
Le mé<strong>de</strong>cin n'est pas que mé<strong>de</strong>cin, il est aussi être humain. Cette problématique du double<br />
rôle se retrouve dans toutes les professions : il faut choisir entre la personne ou la<br />
représentation du corps <strong>de</strong> métier. Cependant, dans certains domaines, la fonction peut<br />
prendre le <strong>de</strong>ssus sur la personne : force <strong>de</strong> l'ordre, milieux judiciaire, éducatif et médical.<br />
De son côté, le patient n'est lui-même que patient et ne voit en face <strong>de</strong> lui que le mé<strong>de</strong>cin.<br />
Le mé<strong>de</strong>cin, lui, doit osciller entre <strong>de</strong>ux rôles et trouver <strong>sa</strong> place en tant qu'être humain dans<br />
la relation, es<strong>sa</strong>yer <strong>de</strong> comprendre ce que peut ressentir le patient <strong>sa</strong>ns pour autant se mettre à<br />
<strong>sa</strong> place et se laisser envahir par l'émotion. Etre en empathie <strong>sa</strong>ns tomber dans la sympathie<br />
pour gar<strong>de</strong>r une objectivité indispen<strong>sa</strong>ble à son travail.<br />
Dans Nos <strong>mé<strong>de</strong>cins</strong>, Hervé Hamon rapporte les dires d'un urgentiste : "le corps (...) ça existe,<br />
mais les <strong>mé<strong>de</strong>cins</strong> d’aujourd’hui n’aiment pas à penser qu’il est habité. Sinon ça s’érotise et<br />
les angoisses surgissent. Au fond le désir secret du mé<strong>de</strong>cin, c’est <strong>de</strong> voir le corps, comme un<br />
cadavre encore vivant."(28)<br />
Mais, en pratique, les <strong>mé<strong>de</strong>cins</strong> ne peuvent se comporter ainsi. Le respect <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong><br />
déontologie les en empêchent, conscients <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> blessures <strong>de</strong>s patients, étant eux-<br />
mêmes <strong>de</strong>s êtres humains renvoyés à leur propre pu<strong>de</strong>ur.<br />
Nous retrouvons encore une fois la valeur réflexive <strong>de</strong> la pu<strong>de</strong>ur.<br />
Cependant, si le patient n'est "que" patient face à un mé<strong>de</strong>cin tiraillé entre <strong>de</strong>ux rôles, <strong>sa</strong><br />
position n'est pas simple non plus dans la relation.<br />
6.4.2. Le déséquilibre <strong>de</strong> la relation mé<strong>de</strong>cin-patient<br />
La relation mé<strong>de</strong>cin-patient est déséquilibrée du fait <strong>de</strong> la situation particulière du patient.<br />
Comme nous l'explique Talcott Parsons (57), les aspects les plus importants <strong>de</strong> cette situation<br />
sont : impuis<strong>sa</strong>nce, besoin <strong>de</strong> secours, incompétence sur le plan technique et implication<br />
émotionnelle. Le patient est incapable <strong>de</strong> se soigner parce qu'il n'a pas les connais<strong>sa</strong>nces